Transition en Guinée : Le Mali à la rescousse

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Rentré de Guinée, où il a passé trois semaines de séjour d’affilée, le Représentant Résident du National Democrate Institute (NDI) au Mali, le Dr Raphael T. Ouattara, a tenu une conférence de presse, le 8 juillet 2010, au siège de l’institution. Depuis 2007, le NDI, selon son Représentant, suit de près l’évolution politique en Guinée. Il s’agissait de préparer les acteurs à enclencher un processus politique, comme ce fut le cas au Mali, après les événements de 1991. Le régime de Lansana Conté finissant, il ne fallait pas attendre que le pouvoir soit dans la rue pour se lever. Le NDI s’était donc donné une mission de formation et de sensibilisation en direction des partis politiques et de la société civile pour parer à toute éventualité. Une tâche d’autant incontournable que l’armée qui était la seule organisation n’allait pas s’en priver.                            

Parmi les tâches, il fallait instaurer le dialogue avec les partis politiques qui ont poussé comme des champignons. L’explication de cette explosion de la pluralité des partis s’expliquant par le fait qu’aucune candidature indépendante n’est recevable aux élections en Guinée. Après le décès du Président Lansana Conté, une décision du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) a été d’interdire les activités des partis politiques. L’une des tâches du NDI a donc constitué à faire changer les militaires d’avis, cette décision étant contraire aux objectifs même du CNDD à savoir la démocratie et le développement. D’où l’élaboration du code de bonne conduite signé par les parties : respecter l’esprit républicain, renoncer à toute forme de violence, s’abstenir de crier victoire avant la proclamation officielle des résultats et éviter toute manifestation à caractère ethnique, religieux ou régionaliste pendant toute la campagne électorale. « Ce code a servi pendant tout le processus comme un document normatif », a indiqué Dr Raphael Ouattara.

 

Le Mali en estime en Guinée                  

Depuis Dadis, les Guinéens ont grande estime pour le Mali, un pays qui a servi de référence par la réussite de sa transition démocratique. En revanche, pour le Dr Raphael Ouattara, les Maliens ne doivent pas rester en observateurs, pendant que la Guinée traverse une crise. Selon lui, l’évocation de cet intérêt à l’Assemblée nationale a suscité des échanges informels et le Mali est en train de jouer un rôle dans le processus de transition en Guinée. L’organisation d’ateliers politiques en Guinée où l’essentiel des panels ont été assurés par des Maliens en est un exemple. Les anciens ministres Soumeylou Boubèye Maïga, Me Amidou Diabaté ; le 2ème Vice président de l’Assemblée nationale, Assarid Ag Imbarcaouane et Ichata Alwata sont des Maliens parmi tant d’autres qui ont contribué dans ce processus. Plusieurs rencontres ont été organisées entre les acteurs, selon le Dr Ouattara. « Le Mali a impacté sur ce qui se passe en Guinée », commente-t-il. Des observateurs maliens ont suivi les opérations électorales dans les bureaux de vote. Les lendemains du scrutin ont été marqués par des sensibilisations à l’acceptation des résultats par les partis politiques : diffusion de message d’apaisement à travers la ville de Conakry, distribution de dépliant de code de bonne conduite. « La Guinée est en train d’écrire un e page de son histoire, mais elle a besoin de chacun de vous », souligne le conférencier.         

A propos de la menace de démission du Général Sékouba Konaté, Dr Ouattara estime qu’elle a permis de remettre balle à terre. S’il démissionnait, il laisserait libre cours à ceux qui essaient d’empêcher le processus démocratique, selon lui.

Des craintes             

« Au premier tour, le vote a été ethnique et régionaliste. Au deuxième tour, la question ethnique va se cristalliser de façon explosive. Comment contenir tout ça ? », s’interroge le Représentant résident du NDI. L’Institut prévoit une série de débats, de formations des états majors des partis politiques à élaborer un message de campagne pour éviter les tensions ethniques, religieuses ou régionales. Le point d’orgue, c’est d’amener les deux candidats au deuxième tour à se serrer la main la veille du vote, en présence des leaders religieux – musulmans et chrétiens – à les amener à déclarer que quelle que soit l’issue du scrutin, il serait disposé à travailler avec l’autre. « Tout le monde fait de la question ethnique un tabou, mais à un moment donné il faudrait en parler», selon Raphael. Le NDI en fait sa préoccupation.

B. Daou


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