Père Clement Tuureh, Directeur de l’Institut de Formation Islamo-Chrétien : "Ce conclave offre beaucoup de possibilités"

10 Mai 2025 - 01:50
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Père Clement Tuureh, Directeur de l’Institut de Formation Islamo-Chrétien :  "Ce conclave offre beaucoup de possibilités"
Père Clément Tuureh, Directeur de l’Institut de Formation Islamo-Chrétien

Les 133 cardinaux électeurs de moins de 80 ans sont dans la Chapelle Sixtine pour choisir le successeur du Pape François. Dans cette interview exclusive, Père Clément Tuureh, directeur de l’Institut de formation islamo-chrétienne et du Centre foi et rencontre missionnaire d’Afrique, nous éclaire sur les enjeux de ce conclave. Entretien.

 

Mali Tribune : Quelles sont les origines et l’histoire du conclave dans l’Eglise catholique ?

Père Clément Tuureh : Le mot "conclave" vient du latin cum ("avec") et clavis ("clé"), signifiant littéralement "pièce fermée à clé". A l'origine, ce terme désignait un lieu où l'on enfermait les cardinaux pour les empêcher de sortir tant qu'ils n'avaient pas élu un nouveau Pape. Cette pratique a été instaurée en 1274 par le Pape Grégoire X afin d'éviter les ingérences politiques et d'accélérer le processus électoral. Aujourd’hui, le conclave désigne non seulement le lieu, mais aussi l’assemblée des cardinaux et leur travail d’élection du souverain pontife.

 

Mali Tribune : Pourquoi les cardinaux se réunissent à huis clos pour élire le Pape ?

Père C. T. : Les cardinaux sont les proches collaborateurs du Pape, et c’est ce dernier qui les nomme. En d’autres termes, ils sont les ministres du Vatican. Pour ce conclave, ils sont au nombre de 200 cardinaux, mais seuls 133 d’entre eux entreront en conclave pour élire le nouveau Pape.

                        

Mali Tribune : Quelles sont les règles et le protocole encadrant le déroulement du conclave ?

Père C. T. : Après les funérailles du Pape, les cardinaux se réunissent pour faire le point sur la vision de l’Eglise et les défis auxquels elle est confrontée. Ils débattent de ces enjeux et se projettent vers l’avenir de l’Eglise. Cette série de réunions permet d’établir les grandes orientations que devra suivre le prochain Pape, quel qu’il soit.

 

Mali Tribune : Comment les cardinaux préparent leurs votes avant d’entrer en conclave ?

Père C. T. : Avant d’entrer en conclave, il n’y a pas de vote. Une fois réunis dans la Chapelle Sixtine, la porte est fermée, les téléphones portables des cardinaux votants sont confisqués et ils prêtent serment sur la confidentialité du scrutin.

 

Mali Tribune : Quelle est la signification des fumées noire et blanche durant le processus électoral ?

Père C. T. : Lors du premier jour du conclave, les 133 cardinaux votent une seule fois. Si aucun Pape n’est élu, les bulletins sont brûlés avec des produits chimiques, produisant une fumée noire, indiquant qu’aucune élection n’a eu lieu. Le deuxième jour, ils votent quatre fois : deux fois le matin et deux fois l’après-midi. Si aucun Pape n’est élu, les bulletins sont brûlés, et une nouvelle fumée noire apparaît. Ce processus se poursuit sur plusieurs jours jusqu'à ce qu'un candidat obtienne les deux tiers des voix.

Lorsqu’un Pape est élu, une fumée blanche s’échappe du toit de la Chapelle Sixtine, annonçant la nouvelle aux fidèles. Le conclave le plus long de l’histoire s’est tenu au XVe siècle, durant 2 ans et 9 mois. A une époque, des fidèles ont même arraché le toit du conclave pour accélérer le vote.

Mali Tribune : Pourquoi ce conclave est considéré comme l’un des plus ouverts de ces dernières décennies ?

Père C. T. : Le Pape François a nommé de nombreux cardinaux africains, latino-américains et asiatiques. Son pontificat a accordé une place importante aux minorités, ce qui signifie que le prochain Pape pourrait venir de n’importe quel continent. Contrairement aux siècles précédents, où les Européens étaient systématiquement choisis, ce conclave offre la possibilité d’élire un Pape africain, asiatique ou latino-américain. Historiquement, parmi les 300 Papes, 217 étaient Italiens.

Mali Tribune : Quelles sont les premières responsabilités du Pape fraîchement élu avant son apparition au balcon du Saint-Siège ?

Père C. T. : Après son élection, le nouveau Pape est interrogé pour savoir s’il accepte cette responsabilité. S’il répond oui, il doit choisir son nom de règne. Ensuite, il est conduit dans une chambre appelée "la chambre des larmes" où il revêt ses habits pontificaux. Enfin, accompagné du doyen des cardinaux, il apparaît au balcon du Saint-Siège pour être présenté au monde.

Mali Tribune : Quelle est l’importance d’un Pape dans l’Eglise ?

Père C. T. : Le Pape incarne la continuité de la tradition de l’Eglise. Il est considéré comme le successeur de l'apôtre Pierre, à qui le Christ aurait confié la mission de guider l’Eglise. A ce titre, il est chef spirituel et veille à l'unité des catholiques et à la préservation de la doctrine chrétienne. Il interprète l'Evangile, enseigne la foi et publie des documents officiels (encycliques, exhortations apostoliques) pour guider les fidèles.

Il est également le chef d’Etat et dirige la Cité du Vatican, le plus petit Etat du monde, et représente l’Eglise sur la scène internationale.

Autre attribue, le Pape est l’arbitre moral et prend position sur des sujets sociaux et éthiques, influençant les débats mondiaux. Enfin, le Pape nomme des évêques et désigne les évêques qui dirigent les diocèses à travers le monde.

Propos recueillis par

Ousmane Mahamane

Regina Dena

(stagiaire)

 

 

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