Mali : Choguel Kokalla Maïga, un Premier ministre décrié par son camp M5-RFP

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Le Chef du gouvernement de la transition, Dr Choguel Kokala Maïga, est aujourd’hui contesté par plusieurs membres du comité stratégique du M5-RFP, qui l’a pourtant porté à la primature il y a presqu’un an. 

Les querelles, pour la gestion du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), ont aujourd’hui atteint leur paroxysme au point que plusieurs ténors du mouvement, à l’origine  de la chute du régime de feu Ibrahim Boubacar Keïta, demandent la démission du Chef du gouvernement de la transition, Dr Choguel Kokalla Maïga. Si les observateurs extérieurs de la scène politique malienne semblent unanimes sur le bon fonctionnement du duo Assim-Choguel, à  l’intérieur  du pays les reproches  ne manquent pas.

Et aujourd’hui,  ils sont le plus souvent portés par les compagnons du  Premier ministre, ceux avec lesquels il a passé des journées entières voire des heures tardives pour trouver des stratégies qui ont fini par mettre un terme au régime d’IBK. Plusieurs tendances du M5-RFP, dirigées par Mme Sy Kadiatou Sow, l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé, les anciens ministres Konimba Sidibé et Cheick Oumar Sissoko, déplorent la main mise du Premier ministre sur le mouvement hétéroclite M5-RFP, dont Choguel demeure toujours coordinateur du Comité stratégique, ainsi que la trajectoire prise par la transition, depuis que les militaires ont accepté de partager le pouvoir avec le M5-RFP.

L’ancien ministre de la Culture, Cheick Oumar Sissoko, exige la démission du Premier ministre et  l’amorce d’une troisième étape de la rupture avec les pratiques anciennes. « La rectification de la transition exigée a échoué », déclare le coordinateur du mouvement Espoir Mali Kura. Ce mouvement reproche au gouvernement actuel d’être incapable d’endiguer la corruption, le népotisme et l’impunité. Hormis le secteur de la défense et de la sécurité qui, selon Cheick Oumar Sissoko, a  enregistré des progrès tangibles, le pays continue à protéger les voleurs et les corrompus. En alternative, il propose la formation d’un gouvernement de mission composé d’au moins 20 membres.

Divergence profonde

Dans le sillage du coordinateur de l’EMK, Konimba Sidibé, membre du Front pour la Sauvegarde de la Démocratie, tendance M5-RFP, n’approuve guère la gouvernance actuelle du pays. Dans  une récente sortie contre la gestion pays, il estimait qu’une « transition réussie pour nous, c’est une transition de rupture avec les mauvaises pratiques de gouvernance du régime déchu, pour poser les bases de la refondation du Mali ».  Ce membre du comité stratégique du M5-RFP suspendu  fait le constat d’une  « divergence profonde au sein du Comité Stratégique ».  Pour lui, les idéaux du M5-RFP tournaient autour de l’avènement d’un Mali nouveau, débarrassé des mauvaises pratiques de gouvernance. « Cette ambition nourrie ne voit toujours pas le jour, malgré l’accession de son président au poste de PM. Pis, les choses vont de mal en pis »,  constate cet expert-comptable, qui regrette l’accession du président du M5-RFP au poste de Premier ministre. « Il a rompu avec l’esprit de collégialité, de respect, de volonté de rassembler toutes ses entités autour d’un objectif commun. Il en a résulté des dysfonctionnements qui ont énormément affaibli le M5-RFP », insiste –t-il.

Les proches du Premier ministre restent jusque-là silencieux sur ces attaques au sein même du M5-RFP. Le noyau de neuf, dont se réclament les vrais fondateurs d’EMK, se démarquent de leur coordinateur, tout en apportant cependant leur soutien à la transition. L’actuel ministre, en charge de la Refondation de l’Etat, Ibrahim Ikassa Maïga, charge pourtant son camarade de lutte : « Cheick Oumar Sissoko n’a pas digéré l’échec de sa nomination à la primature », lance-t-il, ajoutant qu’au sein du EMK, «  ils l’ont soutenu pour qu’il soit nommé à la primature ». Pour lui, malgré que  leur choix pour qu’il devienne Premier ministre de la transition n’ait pas prospéré, cela ne justifie pas qu’il faut abandonner la lutte du peuple Malien qu’ils ont portée au sein du M5-RFP. Et Ikassa Maïga d’enfoncer le clou : «  l’ex-coordinateur du EMK a suspendu ses participations aux réunions du comité stratégique du M5-RFP dès lors. C’est pourquoi, il s’est fendu d’un communiqué, lorsque j’ai été nommé ministre de la Refondation de l’Etat dans le gouvernement de transition, que le EMK n’a pas été consulté sur la formation de l’équipe gouvernementale ».

Aujourd’hui,  le Premier ministre, bien que contesté par certains ténors du M5-RFP, reste populaire pour nombre de maliens vivant à l’extérieur et à l’intérieur du pays. D’ailleurs, une complicité semble naître entre lui et les militaires qui ont pris le pouvoir au terme du coup d’Etat du 20 août 2020. Car, près d’un an après sa nomination à la primature par le Col. Assimi Goïta, les nombreux appels de la classe politique  à sa démission n’ont toujours pas prospéré.

SiakaDIAMOUTENE/Maliweb.net

 

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2 COMMENTAIRES

  1. C’est le style de toute dictature. Choquel applique la methode marxiste apprise en Union Sovietique; nager en eaux troubles.
    Aujourd’hui il cherche a fortifier son parti MPR qui n’a jamais fait plus de 2% aux elections democratiques. Raison pour laquelle il ne veut pas le retour de l’ordre constitutionnel.

  2. C’est dommage de voir un PM totalement à côté eu égard à la gestion de son propre groupe de bataille qui a fait partir IBK en août 2020. Il cré des injustices au sein du groupe en favorisant certains qui sont dans son parti MPR en abandonnant les autres non MPR. Voici le type de népotisme, de clanisme et de favoritisme instauré par le PM et qui risque de le faire partir très prochainement, c’est regrettable, comment créer un Malikoura avec de tel comportement? Le compte est loin d’être atteint avec un PM très injuste et très partial.

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