Si mauvaise gestion il y a eu sous le régime d’Att, les honorables Ibrahim Boubacar Keïta et Mountaga Tall sont-ils blancs comme neige, comme ils essaient de le faire croire à l’opinion publique ? Qand on a le pantalon troué, on doit se réserver de monter à l’arbre dit un adage de chez nous. En effet, si Tall a compris cela et le prouve dans son comportement de ces derniers temps, Ibk semble avoir l’esprit court car il vient de rater l’occasion de se taire, en accusant Att de tous les maux d‘Israël sur les ondes d’une chaine étrangère.
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Ibrahim Boubacar Keita[/caption]
Au lieu d’accuser où tu es tombé, il faut accuser où tu as talonné, nous enseigne l’adage. Si la gestion du régime Att est jugée catastrophique par certains responsables et une bonne partie du citoyen lambda, il faut rappeler que M. Ibk, par ses responsabilités publiques et positions politiques, en est un des premiers responsables. Faut-t-il le rappeler, après avoir quitté l’Adéma par frustration, Ibk a créé son propre parti, le Rassemblement pour le Mali (Rpm). Ainsi, il s’est lancé dans la course à la présidence en 2002, il était à la tête d’un rassemblement de plusieurs formations politiques : Espoir 2002 avec le Cnid Faso Yiriwaton de Me Mountaga Tall et du Mpr de Choguel Kogala Maïga.
Candidat malheureux au premier tour, mais venu en troisième position, Ibk et son regroupement politique, Espoir 2002, étaient devenus faiseurs de roi parce qu’appelés à arbitrer entre Soumaïla Cissé et Att au second tour. En effet, c’est Espoir 2002 qui pouvait départager les deux candidats. Par conviction ou par vengeance, le mentor du parti des tisserands, Ibk, à travers son regroupement politique, Espoir 2002, a soutenu le candidat indépendant Att. L’on se rappelle la rage du candidat Soumaïla Cissé contre cette décision, notamment dans sa dernière sortie médiatique de campagne électorale. Soumi s’était senti trahi par cette frange de la classe politique qui a choisi le candidat indépendant, au risque de tuer les partis politiques. En effet, on se rappelle bien ses propos: «Il faut laisser la médecine aux médecins, l’’enseignement aux enseignants et la politique aux hommes politiques ». L’histoire, de toute façon, lui donnera raison quelques années plus tard.
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Me Mountaga Tall[/caption]
Toujours est-il que ce choix de IBK a fait élire le général Att et comme retour de l’ascenseur, c’est sous la bénédiction de ce dernier qu’il est devenu président de l’Assemblée nationale, la deuxième grande personnalité du premier quinquennat d’Att. Cela, avant d’entrer dans l’opposition en 2007. Et là, il n’a pas pu tenir le coup. Amaigri par la pauvreté, son parti est entré à nouveau dans le dernier gouvernement du régime défunt, à une année seulement des élections qui étaient prévues en avril 2012. Peut-il logiquement, dans ces conditions, jeter des cailloux dans le jardin d’Att ? Il faut savoir raison garder.
S’agissant de Me Tall du Cnid, il a soutenu Att de bout en bout. D’abord à travers Espoir 2002, mais aussi avec ce regroupement de quarante partis politiques qui ont porté la candidature d’Att à sa propre succession en 2007. Il en était d’ailleurs le porte-parole. Conscient du rôle prépondérant qu’il a joué dans cette réélection du Président Att, Mountaga avait beaucoup misé sur l’appui de ce dernier dans sa quête du perchoir de l’Assemblée nationale en 2007. Ce qui ne lui avait pas réussi car le génie politique de l’Adéma était passé par-là et aussi la duplicité du général Att qui promettait la même chose à tout le monde en même temps pour tirer les marrons du feu. Cependant, cette déception n’a pas découragé Me Tall à accompagner la politique du Président déchu. Son parti a toujours participé aux gouvernements successifs, jusqu’à la chute d’Att. Lui aussi, en tant qu’avocat, n’a pas été oublié par son mentor. Est-ce pour toutes ces raisons qu’il n’est plus à l’aise au plan politique depuis le coup d’Etat du 22 mars 2012 ? Il lui sera difficile de choisir ouvertement un camp, se trouvant presque dans un dilemme politique.
C’est aussi la même chose pour Choguel Kokala Maïga qui a soutenu Att. D’ailleurs, à ce sujet, qu’on aime Oumar Mariko ou non, il faut lui reconnaître qu’il a sauvé l’image du Mali en animant un semblant d’opposition, même si parfois certaines de ses actions étaient teintées de parodie. Au vu de tout cela, on voit mal comment certaines de ces figures politiques collabos peuvent-elles aujourd’hui se fendre de vertes critiques du régime Att. Présenter des excuses au peuple malien serait le meilleur choix pour ces hommes politiques.
Oumar KONATE