Migration régulière : Une voie sûre, sécurisée et bénéfique

Mohamed Diawara est un Malien vivant à Brazzaville au Congo, depuis dix mois dans le cadre de la migration régulière. Le jeune, âgé d’une trentaine d’années, travaille au sein de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Son rôle est d’appuyer la communication institutionnelle et la sensibilisation sur les questions de santé publique dans ce pays.
«Mon séjour se passe bien. Brazzaville est une ville agréable et accueillante. En tant que fonctionnaire d’une organisation internationale, je bénéficie de certaines protections et avantages liés à mon statut, notamment en matière de couverture sociale et de sécurité», nous confie-t-il.
Notre interlocuteur est en contact avec l’ambassade du Mali dans ce pays pour certaines démarches administratives, mais également, à travers des évènements impliquant la communauté malienne.
Ce transfert de fonds est bénéfique pour notre pays», estime Mamadou Lamine Bane. Selon nos autorités, les Maliens qui vivent à l’extérieur, font rentrer, chaque année, dans l’économie nationale 8 milliards de Fcfa. D’après Mamadou Lamine Bane, pour les pays d’arrivée, la migration régulière permet de maîtriser le flux migratoire qui arrive sur leurs territoires et leur permet d’être à l’abri des campagnes négatives sur les questions migratoires. Il dira qu’aujourd’hui, la plupart des pays du Nord font face à un problème de vieillissement de leurs populations. De ce fait, cette forme de migration leur permet d’avoir une main d’œuvre pour faire marcher leurs économies. «Ces migrants qui arrivent sur leurs territoires payent aussi des taxes et des impôts», ajoute le chargé des Affaires sociales, des questions de migration et de l’information. Aussi, souligne-t-il, ces migrants réguliers auront des emplois enregistrés et ne travaillent pas, généralement au noir. Toute chose qui est bénéfique pour la Caisse de sécurité sociale de ces pays concernés. Par exemple, fait savoir le spécialiste, certains pays comme la France font face à des déficits au niveau de leur sécurité sociale. «Donc, s’il y a plusieurs personnes qui cotisent dans cette sécurité sociale, cela permet de remédier à cette situation », explique notre interlocuteur qui signale que la migration régulière permet aussi des échanges culturels entre le pays d’accueil et de départ.
Le rapport 2024 de l’Organisation internationale pour les migrants (OIM) souligne que les migrations internationales restent un moteur de développement humain et de croissance économique, comme en témoigne l'augmentation de plus de 650% des rapatriements de fonds internationaux entre 2000 et 2022, passés d’environ 64.000 milliards de Fcfa à plus 415.500 milliards de Fcfa. Sur les 415.500 milliards de Fcfa de rapatriements de fonds, environ 92.000 milliards ont été envoyés par des migrants dans des pays à revenu faible ou intermédiaire.
Ces rapatriements de fonds peuvent représenter une part importante du PIB de ces pays et à l'échelle mondiale, ils dépassent désormais les investissements directs à l’étranger, indique le document. Il précise que le nombre de migrants internationaux dans le monde est estimé à 281 millions. «La migration, qui fait partie intégrante de l'histoire de l'humanité, est souvent associée à des histoires sensationnalistes. Cependant, la réalité est bien plus nuancée que veulent bien le laisser croire les unes des journaux.
Des migrants illégaux refoulés accueillis à l’aéroport par nos autorités
La plupart des migrations sont régulières, sûres et régionales, directement liées aux opportunités et aux moyens de subsistance», ajoute le rapport. Sur la question, le conseiller technique au ministère des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration africaine, chargé des questions migratoires indique que le Mali est un pays au cœur de la dynamique migratoire.
«On a des millions de compatriotes qui vivent à l’extérieur», souligne Dr Broulaye Keïta. Pour lui, la question de la migration régulière est une priorité pour le gouvernement. Il ajoute que cette volonté est clairement définie dans le document de la Politique nationale de migration qui prévoit d’organiser la migration légale. «C’est un processus long qui demande l’adhésion du pays d’accueil. Si nous souhaitons, aujourd’hui déployer un certain nombre de jeunes dans un pays particulier, il faudra quand même qu’on ait des discussions au préalable avec ses autorités.
Et en même temps, il faudra identifier les profils aussi», explique notre interlocuteur. Avant de signaler que les pays ont besoin de profils spécifiques comme par exemple des agriculteurs, des restaurateurs et les aides familiales. Affirmant qu’il n’y a pas de statistiques en matière de migration régulière, Dr Broulaye Keïta dira que la question de la migration dans les pays européens est très sensible. Avant d’indiquer qu’il y a la montée en puissance des pouvoirs de droite qui estiment à tort que le problème de l’Europe est la migration.
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«Before You Go», une initiative pour encourager la migration légale Le Haut conseil des Maliens de l’extérieur (HCME) est une organisation qui existe depuis 1991. Son rôle est d’informer et de sensibiliser sur les avantages de la migration légale et les effets indésirables de celle irrégulière. C’est dans ce cadre que la structure a initié, en partenariat avec une ONG italienne Tamat, un projet intitulé « Before You Go (avant de partir en français) qui vise à former nos compatriotes dans différents domaines, notamment professionnel, civique et linguistique avant leur départ en Italie. La 1ère phase de cette initiative a concerné 88 personnes qui ont eu des formations professionnelles, assure les responsables du HCME. Cependant, les bénéficiaires qui ont reçu leurs attestations de fin de formation, en novembre dernier, ne sont pas encore partis dans ce pays. «On attend de finaliser les différentes formalités administratives avec la partie italienne», assure le chargé des Affaires sociales, des questions de migration et de l’information. Mamadou Lamine Bane rappelle que le nouveau gouvernement italien a assuré que quelles que soient les nouvelles mesures qui vont être prises pour l’entrée des travailleurs migrants dans leur pays, ceux qui ont été formés dans le cadre du projet «Before You Go» sont priorisés. Il a fait savoir que sa structure est en exploration avec d’autres pays, notamment l’Espagne pour voir comment dupliquer ce qui a été fait avec l’Italie.
Le projet «Before You Go» est financé par le ministère chargé de l’Intérieur d’Italie en partenariat avec l’Union européenne. «C’est un appel du pied aux Maliens pour dire qu’il existe d’autres voies de départ qui sont différentes et qu’il faut explorer que ce soit en Italie ou ailleurs», explique notre interlocuteur.
Bembablin DOUMBIA
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