Politicaillerie : Le piment rouge de l’accord cadre

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Les ”frontistes” semblent avoir de sérieux problèmes de compréhension sinon d’appréciation et d’acceptation de l’accord-cadre de mise en œuvre de l’engagement solennel du 1er avril 2012.

 

Faut-il sortir de l’accord-cadre à défaut de se débarrasser du CNRDRE ou faut-il torpiller ledit accord au gré des intérêts partisans de l’ex majorité (présidentielle et parlementaire) ? En tous les cas, un chose est claire : les ”frontistes” sont déterminés à en imposer à la grande majorité des citoyens comme eux liés par le respect scrupuleux du précieux document qui porte la co-signature de la CEDEAO et du CNRDRE en date du 6 avril 2012. Le débat télévisé du dimanche dernier sur la Boîte nationale à image (BNI) a montré toute la difficulté du Front Uni à décoller à la nouvelle réalité politique qui se met en place progressivement.

 

Le fond du problème

Le Président du CNRDRE, conformément à sa déclaration solennelle du 1er avril 2012 (relative au retour à l’ordre constitutionnel), déclenche le processus de mise œuvre de l’article 36 de la constitution du 25 février 1992. Ce qui est effectif avec la prestation du désormais ancien président de l’Assemblée nationale, Prof Dioncounda Traoré en qualité de président par intérim avec comme mission d’organiser l’élection présidentielle dans le délai constitutionnel de 40 jours.

Le fond du problème ; c’est d’abord la mise en place des organes de transition par les parties signataires de l’accord-cadre à savoir la CEDEAO et le CNRDRE chargés de conduire le processus de transition jusqu’à l’organisation de l’élection présidentielle avec un fichier électoral dument révisé et accepté de tous (article 6 de l’accord-cadre). Comme on le voit, le CNRDRE est au début et à la fin du processus de transition, contrairement à la posture de ceux qui voyaient la junte dans ses casernes sans menagement en comptant pour cela sur l’appui de la CEDEAO.

Aussi, conformément, à l’esprit du même article , un Premier-Ministre de transition, chef du gouvernement disposant des pleins pouvoirs et ayant mission de conduire la transition, de gérer la crise dans le nord-Mali et d’organiser des élections libres, transparentes et démocratiques a été nommé en la personne du Dr Cheick Modibo Diarra sur proposition du CNRDRE. Le gouvernement (de transition de taille réduite : 15 portefeuilles) est en place depuis hier.

Avec la mise en place de ce gouvernement c’en est fini du fait majoritaire. Aucun parti politique, aucun groupement ou regroupement de partis politiques n’aura une influence particulière sur la conduite des affaires de l’Etat. Avec la transition, les privilèges liés au fonctionnement des institutions de l’ordre ancien disparaissent d’emblée ; les prébendiers de tout bord seront aux abonnés absents jusqu’à la mise en place effective dans des conditions de transparence, de crédibilité de nouvelles institutions de la République sous l’égide du Premier Ministre plénipotentiaire.

Dans le même ordre d’idées, il s’avère important de révéler que l’assemblée nationale à une mission précise qui consiste à voter un certain nombre de textes législatifs à savoir :

– Une loi d’Amnistie générale au profit des membres du CNRDRE et de leurs associés ;

– Une loi portant indemnisation des victimes de la guerre et du mouvement insurrectionnel du 22 mars 2012 ;

– Une loi portant prorogation du mandat de député jusqu’à la fin de la transition ;

– Une loi portant orientation et programmation militaire pour les besoins et d’équipement de l’armée ;

– Enfin, une loi portant création d’un comité militaire de suivi de la réforme des forces de défense et de sécurité.

En clair, nos honorables sont libres de toute appartenance partisane ou idéologique pendant  cette période transitoire.  C’est la pratique spécifique de la transition  qui exclut la pomme de discorde en même temps que les piments rouges que les ”frontistes” entrevoient dans l’exercice proposé.

Par ailleurs, les parties signataires, en concertation avec toutes les parties prenantes : partis politiques, société civile doivent convenir d’une feuille de route, un cadre de concertation dont le menu concerne le délai et le chronogramme de la transition ; les tâches opérationnelles à accomplir par les différents organes de transition en vue d’une transition pacifique ; les modalités d’organisation  des élections visant à la normalisation définitive de la transition ; la révision du fichier électoral ; le rôle et la place du CNRDRE pendant le processus de transition seront définis au-cours du cadre de concertation décidé par la conférence de Ouaga. Le pays est dorénavant engagé dans la voie de la fin des privilèges et des suprématies.

 

BT

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