Alger II : Le nord du Mali entre statut particulier et décentralisation renforcée

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Saouti Labass Haidara, DirPub L'Indépendant
Saouti Labass Haidara, DirPub L’Indépendant

C’est un semblant d’accord, au demeurant obtenu à l’arraché, qui a sanctionné, en fin de semaine dernière, la rencontre à Ouagadougou de six groupes politico-militaires du nord du Mali. Le but recherché était double. D’abord mettre un terme définitif aux sanglantes guerres de positionnement qui ont opposé la plupart d’entre eux avant et après la phase préliminaire des pourparlers inter-Maliens d’Alger (16-24 Juillet 2014). Ensuite les amener à surmonter leurs divergences sur le devenir des régions septentrionales du Mali et à adopter une attitude commune face au gouvernement de Bamako, lors de la seconde étape des discussions qui s’ouvre ce lundi 1er septembre.

 

 

La déclaration issue de cette rencontre de cinq jours (25-29 août) qui a, bien des fois, frôlé le fiasco eu égard à l’éloignement des points de vue de ceux qui prônent des revendications à la limite du sécessionnisme (MNLA) et ceux qui défendent le maintien de l’intégrité territoriale du pays (MAA originel) transpire un arrangement de façade. Pour sauver la mise à la MINUSMA. Laquelle s’est beaucoup dépensée pour la tenue de cette réunion, à ses yeux décisive pour ne pas faire capoter Alger II, qui doit ouvrir le débat sur le fond devant conduire à “ un accord global et définitif ” sur la crise au nord du Mali.

 

 

En effet, on relève dans le document que les participants sont convenus de ne plus recourir à la violence pour régler leurs divergences et de “ lutter par tous les moyens pour que l’Azawad/Nord du Mali soit enfin régi par un statut juridique conforme à ses spécificités dans l’intérêt supérieur de toutes ses composantes “.

 

 

Du contenu de ce ” statut juridique ” nul mot n’est mentionné or c’est bien cela qui constituera la trame du débat dans la capitale algérienne. Comment construire une entente solide et durable sur un objet qui n’existe pas encore et dont on ignore à quel degré et sous quelle forme il prendra en charge les préoccupations des parties prenantes ?

 

La rencontre de Ouaga aurait été plus crédible si le statut à conférer au soi-disant ” Azawad ” avait été discuté et accepté par tous ceux qui y ont pris part. A défaut il faut craindre qu’il ne s’agisse que d’un trompe l’œil qui se dissipera dès que les choses sérieuses vont commencer.

 

Un ” statut particulier ” pour le nord du Mali est une revendication récurrente des rébellions qui s’y sont produites depuis au moins 23 ans. Il figure au titre III du Pacte national conclu le 11 avril 1992 entre le gouvernement de la République du Mali et les mouvements et fronts unifiés de ” l’Azawad “.

 

 

Il prévoit la mise en place d’assemblées locales, régionales et, coiffant celles-ci, une assemblée inter-régionale, au travers desquelles les populations du nord vont exprimer leurs besoins qui seront traduits en actes concrets par des exécutifs désignés au sein de chacune des collectivités créées.

 

 

Le projet est resté aux oubliettes tout le long de la double décennie écoulée. Puis le MNLA, fort de l’avantage acquis sur le terrain depuis le désastreux 21 mai 2014, en a conçu un nouveau à la mesure de sa boulimie devenue gargantuesque. Lui et certains de ses alliés ne veulent plus d’un Etat au sein de l’Etat malien. Ils veulent désormais l’Etat de ” l’Azawad ” à côté de l’Etat du Mali. Avec drapeau, aptitude à signer des accords sous-régionaux voire internationaux, représentation auprès des instances de l’Union africaine (UA). Pourquoi pas, pendant qu’ils y sont, un bureau au siège des Nations Unies, à New York ?

 

 

Il y a fort à parier que c’est ce statut très particulier, dont L’Indépendant a déjà publié de larges extraits il y a deux mois environ, qui sera présenté à Alger comme base de discussion par le MNLA, ses complices locaux et ses protecteurs étrangers.

 

 

En face, le Mali s’appuiera probablement sur son projet de ” décentralisation renforcée ” qui vise à accroitre le champ de compétence des collectivités et à les doter d’exécutifs régionaux élus par elles-mêmes.

 

Tout va donc se jouer sur ce que chaque partie va arracher ou céder à l’autre pour faire prévaloir son approche. Mais les négociateurs maliens doivent être particulièrement vigilants et tenaces : le désir de paix ne doit pas les conduire à la forfaiture qui causera le plus grand tort à leur pays et les exposera eux-mêmes à la poursuite pour haute trahison. Ils en ont déjà trop fait par la libération récente de personnes clairement identifiées pour être des auteurs de crimes contre l’humanité sous l’occupation narcojihadiste.

 

 

Une décision qui a rajouté à la déception déjà immense du peuple malien et suscité la réprobation de toutes les organisations de défense des droits de l’homme au Mali et beaucoup d’autres à l’extérieur.

 

Saouti Haidara

Commentaires via Facebook :

9 COMMENTAIRES

  1. Aux Etats Unis on parle de statut particulier pour les réserves INDIENNES sur le PLAN FISCAL et non JURIDIQUE ! C'est pourquoi les investisseurs privés s'y installent comme les CASINOS ! Mais Juridique au Nord Mali : c'est trop à mon avis "sous réserve de l'avis de la cour constitutionnelle"

  2. Qui est ce General de Corps d’Armee,Amadou Haya Sanogo?Il n’est pas
    Malien!Voila un Je ne sait qui qui nse permet d’intoxiquer le debat
    Malien depuis des annees avec une furie et un sacarme peu communs.
    C’est du mauvais gout!Soit il est MNLA,soit un fanatique etranger!
    Il est hors des debats ou il se met hors des debats.

  3. Mme Assetou Sangare a indique,qu’en partant de la Feuille de Route adoptee a Alger
    Les pourparlers devraient aborder quatre principaux points:
    1) La cessation des hostilites sur le terrain basee sur La Declaration du Cessez-le-Feu;
    2) Les Formes Institutionnelles et Politiques des Regions du Mali:
    -Decentralisation et Regionalisation
    -La Forme Securitaire
    3) La reconciliation ;
    4)Le Developpement economique,particulierement les infrastructures.
    Pour les rebelles Touaregs, les interets regionaux sont plus importants que les interets
    Nationaux.Ils veulent former un Etat-region par opposition a un Etat-Nation. Leur
    Separatisme est base sur les criteres ethniques et culturels, sur une autonomie territoriale tres “Avancee” et sur le rejet continuel des institutions nationales.Leur Regionalisation
    se fonde sur l’idee que la region se definit par un nombre de traits fondamentaux:
    caracteristiques ethniques,culturelles,(style de vie,maniere de raisonner) et linguistiques qui justifieraient une autonomie tres avancee. En un mot,une identite regionale.
    Voila l’erreur fondamentale.Le Nord du Mali appartient a un nombre important de
    Minorites ethniques tres diverses: Les Sonhrais,le plus grand groupe,les Peulhs,Les
    Bozos, les Sarakoles, les Bambaras,les Malinkes ,les Maures,les Arabes, les Touaregs
    qui sont loin d’etre la minorite la plus importante,les Dogons,etc,qui ont des cultures et
    des langues differentes.En vertu de la Convention –cadre du Droit des Minorites,chacune
    de ces minorites a droit de protection.L’Etat Malien est responsible de leur assurer ces libertes fondamentales.Une ethnie qui a acquis sa domination passagere grace au pillage des armements d’un Etat en faillite n’a aucun droit sur les autres minorites militairement faibles.
    La decentralisation et la regionalisation qui seront proposees sont pronees dans un souci
    de democratisation et de cohesion nationale et sociale et non dans un esprit de separatisme et de confrontation.La cohesion sociale sera consolidee par la Solidarite Nationale.Il faut creer la croissance economique et repartir les fruits de cette croissance
    sur tout le Territoire National et parmi toutes les couches de la population. Il y aura
    forcement des disparites territoriales qui resulteront des moyens financiers tres inegaux
    entre les regions. L’inegalite des ressources dont disposent les regions devrait etre corrigee par les dotations de l’Etat Central et par le transfert de competences.
    La regionalisation est une politique de l’Etat relative a l’organisation spatiale
    d’un Etat.Des prerogatives du Gouvernement Central seront transferes aux
    regions. Le contexte regional n’a de sens que si l’on arrive a definir un cadre
    spatial avec ses specificites regionales propres a la planification regionale,(ressources
    appropriees ,competences locales et entreprenariat ).
    Au Nord,le seul interet commun parmi les minorites du Nord est la conscience d’une
    Communaute d’interet, celui de combler le retard de la region du Nord par rapport aux
    Autres regions du Mali.Et l’on retombe sur la definition de la decentralisation avec la particularite d’une “ region defavorisee”.
    C’est un fait que nos micro-Etats ne disposent meme pas de la capacite d’execution d’un Etat viable.C’est la raison pour laquelle les Etats Africains se federalisent au niveau de la “grande region Africaine,’’ de l’Afrique du Nord, de l’Ouest, du Centre, de l’Est et du Sud. Le contraire est irrationnel et contre-productif.
    Si la decentralisation doit reussir au Mali,il est essentiel que le role de l’Etat et des Collectivites regionales soit clairement defini et que la Solidarite soit institutionnalisee.
    -Des fondements institutionnels des regions doivent demeures laics;
    -Definition Claire des competences des regions;
    -L’attribution des resources adequates;
    -Une Representation regionale de qualite;
    -l’evaluation des politiques decentralisees des regions par les Inspecteurs Nationaux en
    prenant en compte la determination et la realisation des objectifs,l’efficacite des agents
    regionaux, l’impact des projets

  4. Le Mali doit surtout eviter d’etre utilisé (endetté) pour viabiliser L’Azawad apartheid en attendant son eventuelle independance. Aucun statut particulier ne doit prevoir un pouvoir geographique! Par exemple si l’on doit nomme Mr. Djeri Maiga ou mon ancien president Mr. Ag Acherif 🙄 😆 (ancien president de l’Azawad imaginaire dont la capitale etait ma ville Gao 😛 🙄 ) comme gouverneur…il peut l’etre a Mopti ou a Kayes. Aussi tout statut particulier doit etre seulement economique (plus d’investissment au nord) et culturel (reconnaissance la langue Kel Tamasheq comme patrmoine). Hors de question pour un statut particulier militaire et politique où l’on pourra preparer de nouvelles rebellions ou encore laisser la drogue fleurir la bas! Le statut particulier militaire et politique doit strictement aller dans le sens national…cest a dire dans le sens d’une integration massive au sein de l’armee et de l’administration NATIONALEMENT a travers une discrimination positive!

  5. Sincerement, je ne vois pas comment le Mali va s’en sortir sans tenir tete devant ses “amis” Internationaux! Il y a trop d’ingerence et trop de pression dans cette affaire du nord du Mali.

  6. Chers maliens et maliens, Nous ne voulons ni autonomie ni indépendance pour Kidal. Si statut particulier il’y aura pour Kidal, il faudrait faire de même pour toute les régions du Mali. Il faut opter pour une vrai décentralisation au lieu de tout garder pour Bamako. S’il y a lieu il faudrait décentraliser la corruption au Mali faire en sorte que toutes les régions puissent avoir à bouffer chez elles au lieu de contraindre tous à venir à Bamako= c’est cela l’une des causes de la révolte à Kidal et la cause du mécontentement des autres régions qui ruminent leur désarroi par rapport à Bamako qui mange tout sans penser autres, je pense.
    Ex: Pendant cette décennie combien de ministre ont été nommé à partir des régions? Il faut venir à Bamako pour être vue. alors que deviennent ce qui ne peuvent y venir. Alors plus de justice pour tous. Asalam

  7. Chers respectables Maliens , Dieu m’a dit de vous dire que le Nord ne sera jamais un pays c’est à dire un Etat. Le bon Dieu m’a dit de vous dire que le nord et le reste du pays sont condamnés à vivre ensemble . Si , le Mali accorde au nord l’auto Administration , les populations prendront des armes pour défendre leurs ethnies.

    • Olala
      “Dieu m’a dit de vous dire que le Nord ne sera jamais un pays c’est à dire un Etat.”

      Mon frère, dis à Dieu qu’à la cadence à laquelle Ibk, totalement dépassé, se “couche” devant les groupes rebelles, ça risque fort de le devenir! 🙄 🙄 🙄

  8. Nous perdons notre temps en jouant avec les mots: L’AUTONOMIE DE GESTION EST LE MINIMUM QUE LE MONDE EXTERIEUR ET LES GROUPES ARME’S ACCEPTERONT! PREPAPRONS LE TERRAIN POUR LES NORDISTES QUI SONT DES PATRIOTES MALIENS ET CESSONS DE TOURNER AUTOUR DU POT!!!

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