Dimanche, 20 novembre 2016. Les Maliens sont sortis pour accomplir leur devoir civique en votant pour le candidat de leur choix dans le cadre des élections communales. Cette seule journée a marqué les esprits tant les pertes en vies humaines et matériels sont énormes.
Les groupes armés opposés à cette initiative du gouvernement ont fait preuve de leur capacité de nuisance. A partir de la région de Ségou jusque vers Tombouctou, les annonces sont effroyables! Des militaires tués, des localités empêchées de voter, des matériels électoraux brulés, des véhicules et autres moyens de l’Etat enlevés, des hommes politiques assassinés ou enlevés. Cette journée émaillée du sang malien mais aussi de tensions dans la capitale malienne, plusieurs bords avaient prévenus ces conséquences au cas où l’Etat s’entêtait à organiser les élections dans ces conditions de climat fragile et peu favorable à toute tentative d’expression par suffrage.
Le gouvernement malgré tout a organisé. Confiant à réussir le pari, le ministre de l’administration territoriale l’était. Le Chef de l’Etat n’est pas aussi resté à la marge de cette vision. Au sortir de son bureau de vote en commune IV, IBK jugeait ce vote comme un pas important pour la consolidation de la démocratie car selon lui, de report en report ce jour n’avait que trop duré.
Contraire à la vision de la majorité des parties signataires de l’accord de paix, seul le gouvernement malien endosse la responsabilité de ce dimanche noir. Mais par-delà, le Président de la République. Pourquoi a-t-il voulu ce vote dans une période incertaine tandis que tous ceux qu’il appelle ses amis ont alerté sur un risque d’embrasement de la situation avec la volonté de tenir les élections en ce moment précis? Est-ce que la pression du RPM, du gouvernement? En un mot, IBK à travers ce vote, vient de violer tous ses engagements pour la sortie de crise au Mali. D’ailleurs il n’est pas à son premier geste. Il n’y a pas très longtemps, lui-même dénonçait les comportements des groupes armés rebelles signataires de l’accord et la MINUSMA et la France d’avoir adopté des positions ambiguës autour de l’affaire du nord du Mali.
Du coup, avec ce vote ensanglanté, le climat se chauffe à nouveau et nous ramène à la case départ.
Boubacar Yalkoué