Cour d’Assises : affaire du détournement de plus de 100 millions FCFA à la SOTELMA courant 2006 : Le juge se récuse et renvoie le dossier à une prochaine session

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    La Cour d’Assises n’a pas rendu de verdict, lors de sa session d’hier, dans l’affaire qui opposait le ministère public à trois anciens employés de la Sotelma. Etant le frère de l’un des hommes cités dans l’affaire, le juge a préféré se récuser et renvoyer le dossier à une prochaine session pour absence de témoins.

    Ils étaient accusés d’avoir détourné plus de 100 millions FCFA entre 2006 et 2007 au préjudice de la première société de télécommunication malienne. Les nommés Siaka Boubou Traoré, Sékou Guindo et Moussa Cissoko comparaissaient donc pour atteinte et complicité d’atteinte aux biens publics.

    Les faits, qui remontent à 2006, font état du détournement de plus de 100 millions par l’accusé principal Siaka Boubou Traoré, en complicité avec les agents Moussa Cissoko et Sékou Guindo. M. Traoré, alors superviseur du service informatique de la Sotelma, comploterait avec ces deux derniers pour modifier les factures de certains opérateurs économiques afin de pouvoir en tirer profit.

    De l’enquête préliminaire à la session de la Cour d’Assises, le sieur Traoré a catégoriquement nié les faits qui lui sont reprochés, disant qu’il s’est fait prendre dans un piège. ” Lors de l’audit interne qui a décelé la fraude, le contrôleur a insisté pour que je lui dise quelque chose sur la disparition de la somme…il m’a affirmé que nous étions entre nous et qu’il est même possible qu’il s’agissait d’une mauvaise manipulation “, a dit Siaka Boubou Traoé devant la Cour avant de préciser que ” moi aussi je lui ai dit d’accord, il faut mettre dans le rapport qu’il s’agissait d’une erreur de manipulation de ma part“. Dans les jours qui ont suivi, l’accès à la société lui a été interdit ainsi que tous ses bénéfices dont son salaire. Et, même le rapport de l’audit, il ne le verra qu’étant en prison.

    Quant aux autres accusés, en l’occurrence Sékou Guindo et Moussa Cissoko, ils ont tous soutenu qu’ils ont été approchés par leur chef hiérarchique qui est Siaka Boubou Traoré pour démarcher certains clients dont les factures ont été modifiées. Chose qu’ils ont accepté.

    Leur rôle constituait à aller prendre de l’argent avec les opérateurs économiques qu’ils remettaient à M. Traoré et qui leur donne des sommes forfaitaires en contre partie. Ils sont donc considérés comme complices.

    Après quelques heures de débats qui n’ont pas pu éclairer la Cour et le public d’ailleurs, le président a suspendu l’audience à la demande du ministère public pour revenir quelques minutes plus tard avec la décision de renvoyer le dossier par manque de témoins.

    En effet, aucun des témoins cités à comparaitre n’a répondu à l’appel et la séance ne rassemblait plus que la parole des unes contre celle des autres. Les témoins qui sont venus n’étaient que des techniciens, leur collaboration n’allait donc pas éclairer davantage la lanterne de la Cour.

    Aussi, le juge a affirmé qu’il était dans l’obligation morale de se récuser lui-même du fait que l’un des opérateurs économiques démarchés par les présumés complices de Siaka Traoré se trouve être son propre frère.

    Je ne serai pas serein dans le dossier…après tant d’années de services je ne peux pas prendre un tel risque “, a-t-il dit.

    L’ensemble de la Cour et tous les avocats ont salué la décision du juge. La justice c’est aussi de ne pas la rendre quand on ne peut pas.

    Aboubacar DICKO

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