Alors que la faim menace le Sahel : Les paysans de Sikasso craignent que la présence des islamistes ne pèse sur les travaux champêtres

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La Sahel a toujours été une région exposée aux risques de malnutrition et de famine à cause de la sécheresse qui a aussi décimé le bétail. Cette situation est aujourd’hui exacerbée par la menace du terrorisme islamiste qui ne cesse de s’étendre à tout le pays. Relativement épargnée, la région de Sikasso devient de plus en plus une base arrière des terroristes qui veulent étendre leur influence aux pays côtiers comme la Côte d’Ivoire… Une situation qui n’augure rien de bon quand on sait que les régions du sud (Sikasso, Koutiala et Bougouni) sont des greniers du pays en plus de la zone Office du Niger.

«La situation est très critique, même si les analyses ne révèlent pas de zones en phase 5 (famine) pour l’instant. Plus de 51 millions de personnes sont actuellement sous pression. Combien d’entre eux risquent de basculer en situation de crise ?», s’est récemment interrogé M. Sibiri Jean Zoundi, administrateur principal du Club du Sahel.

Cette année, dans le bassin du lac Tchad, 6,24 millions de personnes ne pourront pas satisfaire leurs besoins alimentaires, tandis que 1,2 million d’enfants de moins de 5 ans souffriront de malnutrition aiguë, dont 416 000 de sa forme la plus sévère. Dans la zone transfrontalière du Mali, du Burkina Faso et du Niger, 3,39 millions de personnes se trouveront en situation de crise et près d’un million d’enfants de moins de 5 ans seront touchés par la malnutrition aiguë.

De plus, depuis deux ans, le Liberia et la Sierra Leone sont inclus dans les zones à risque croissant. La détérioration du contexte local est préoccupante, notamment en raison de l’inflation galopante et de la dépréciation de leurs monnaies par rapport au dollar américain.

Pour les observateurs, la situation actuelle est la conséquence directe d’une «nouvelle détérioration du contexte sécuritaire». Une situation remarquable dans notre pays où, après le nord et le centre, les réseaux terroristes occupent de plus en plus le terrain, avec notamment Ançar Dine du sud. La preuve, c’est l’arrestation de présumés et pseudo jihadistes à Sikasso et les deux récentes attaques qui ont visé les forces de défense et de sécurité à Kafalo et Kolobougou, dans le nord de la Côte d’Ivoire. Au cours d’une patrouille dans les localités de Zantiguila, Danderesso et Tiéré, la gendarmerie de Sikasso a interpellé cinq individus suspects dans la brousse le 30 mars 2021.

Les opérations de Barkhane dans la zone dite des «Trois frontières» ont sans doute contribué à déplacer la menace terroriste vers le centre du Mali, où les Forces armées maliennes (FAMa) sont harcelées à longueur de journée avec des mines posées partout, et surtout vers le sud. De nos jours, les terroristes ne se cachent presque plus dans leurs mouvements entre les villages du sud de notre pays, surtout dans les zones frontalières avec la Côte d’Ivoire (Le poste de sécurité de Misséni, à une cinquantaine de kilomètres de Kadiolo et à 20 Km de la frontière ivoirienne, a été déjà attaqué dans la nuit du 9 au 10 juin 2015 coûtant la vie à l’adjudant Bassiaka Koné). «La région de Sikasso est infestée d’islamistes aujourd’hui», nous a récemment confié un élu. Des villageois y sont de plus de plus en plus menacés comme dans le centre du pays.

Péril sur la production cotonnière et céréalière

Et nous savons que c’est à cause des mêmes réseaux criminels que les populations du centre ont non seulement perdu leur bétail, mais ont été aussi empêchés de cultiver leurs champs. Dans la zone Office du Niger, les terroristes ont empêché les paysans de récolter leurs champs et rizières dans de nombreux villages comme Farabougou. Les paysans des régions du sud sont donc de plus en plus inquiets par cette situation et craignent que cette présence n’affecte les travaux champêtres cette année.

Face à la menace de la famine, les membres du groupe de travail sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle (FSNWG) appellent à une action rapide pour déployer des réponses préventives tout en assurant l’accès aux populations les plus vulnérables et isolées. Dans le cas du Mali, les autorités de la Transition doivent élaborer une nouvelle stratégie de défense pour non seulement protéger la zone Office du Niger, mais aussi et surtout enrayer cette menace terroriste de plus en plus réelle dans les régions du sud. Et c’est plus que jamais le moment d’agir !

Hamady Tamba

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