Dr Choguel Kokala Maïga à cœur ouvert sur le plateau d’Africable TV : «Le Mali peut trébucher mais ne tombera pas » (3ème partie)

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Dr Choguel Kokala Maïga, président du Mouvement patriotique pour le Renouveau (MPR)
Dr Choguel Kokala Maïga, président du Mouvement patriotique pour le Renouveau (MPR)

Dimanche 12 avril, le président du Mouvement Patriotique pour le Renouveau (MPR), Dr Choguel Kokala Maïga était sur le plateau de l’émission ‘’Politik-Invité’’ de la télé Africable Télévision. Face au journaliste Sékou Tangara, le président du MPR a été, à la fois, éloquent et convaincant. Après nos précédentes livraisons (Sursaut N°73, 74 et 75) dans lesquelles nous sommes revenus sur les grands sujets abordés lors de ce débat, nous vous proposons ci-dessous, une autre séquence de cette émission, transcrite par nos soins.

AFRICABLE :Est-ce que le MPR est toujours membre de la Convention de la Majorité Présidentielle (CMP) ?

Dr Choguel Kokala Maïga : Jusqu’à preuve du contraire, nous sommes de la Convention de la Majorité Présidentielle. Nous avons toujours dit qu’on soutient le président. Je crois que pour tout ce qui le comprenne le soutien du Président, le contrat c’est cinq ans. Maintenant si le président doit renouveler son bail, c’est un autre contrat. En ce moment les parties rediscutent. Est-ce qu’elles vont être encore ensemble ? Est-ce qu’elles vont être ensemble dès le premier tour ou le deuxième tour ? Est-ce qu’elles vont même être ensemble ?

Sinon il n’ya pas de tacite reconduction, cela n’existe pas dans les alliances politiques.

Sous ATT, il n’y avait pas eu de débat, par ce que les relations avec les Partis étaient telles que, il n’a même eu besoin de démarcher les uns et les autres.

Mais pour ce qui concerne notre relation avec le Président, il faut nécessairement que les gens s’assoient pour parler. Notre parti peut avoir une autre orientation qui est totalement différente de celle qu’il avait en 2013. Ces questions sont soumises à débat à l’intérieur de notre Parti.

Est-ce que le soutien du président de la République ne vous exclut pas d’office de la course pour Koulouba 2018 ?

 CKM : Non, pas forcement. Vous savez  quand vous venez dans un gouvernement, quand la liste du Gouvernement est publiée. Elle est suivie par un décret qui reparti les attributions spécifiques des ministres. Donc ce pourquoi tu es appelé dans le gouvernement est dit dans ce décret. Quand tu sors de ça, on peut te dire que ce n’est pas ton domaine.

Ce qui est important pour moi, c’est ce pourquoi, on m’a appelé dans le gouvernement. En tant que responsable politique, il y a des initiatives que je propose au Premier ministre sur le plan politique, il y’a des discussions que j’ai souhaité avoir avec le président de la République, ça n’a pas été possible. Quand par exemple l’accord d’Alger a été signé, j’ai proposé par exemple qu’on mette en place une force Adhoc à l’intérieur du gouvernement composée des ministres venant des partis politiques afin que chacun apporte l’analyse que son parti fait de l’accord. Qu’on les mette ensemble et que cela devient un socle pour la défense et l’illustration de l’accord. A terme, pour permettre au président de la République de comprendre que les responsables des Partis qui sont avec lui peuvent jouer un rôle.

Cela n’a pas marché par ce que le RPM était contre. Une ou deux réunions, il y’a  des contradictions au sein du RPM.  Après, j’ai compris qu’au Mali à chaque fois que vous prenez une initiative, les gens pensent que c’est pour vous faire voir. Donc, on a laissé tomber. Donc, ce pourquoi, le président m’a appelé moi je pense l’avoir accomplie honnêtement.

Mais après ça, qu’est ce qu’il fait dans les autres domaines (Justice, Défense, Sécurité, Santé…), moi je ne réponds pas de ça.

Ce n’est pas par ce on était avec lui, qu’on doit être toujours avec lui. Je dis, il n’y a pas de contrat de tacite reconduction. Si, on doit être avec le président on le discute. Si, on n’est pas aussi avec lui, on le discute. Mais, on ne peut pas nous dire vous l’avez soutenu jusqu’à la fin de son mandat, vous ne pouvez pas vous présenter contre lui.

Donc vous êtes comptable de votre bilan comme ministre de la Communication, mais pas forcement comptable de celui, global ?

CKM : je suis en train seulement de vous expliquer comment un Gouvernement fonctionne. Moi je ne peux pas répondre des actions du ministre de la Défense. Le Premier ministre est le coordinateur de l’action gouvernementale. C’est lui et le président de la République qui peuvent dire il y’a cela ou ceci. Moi je connais le domaine qu’on m’a confié

Mais cela dit, moi je ne suis pas de cela qui vont se démarquer d’IBK pour dire qu’il est cela ou ceci. C’est pour cela que vous avez remarqué de ma part, les deux de silence c’est par ce que je n’avais pas de chose sur le cœur. Mais comme je dis, il faut avoir un peu de dignité. Même quand on a faim il y a des plats qu’on ne mange pas. Je ne peux pas quitter le gouvernement et venir le critiquer comme les opposants qui sont dans leur rôle. Il faut un certain temps. Ce n’est pas par ce que je suis d’accord avec tout ce qui se fait. Il y’a des choses avec lesquelles je ne suis pas d’accord, qui ont peut être même précipité ma sortie du Gouvernement.

C’est possible que vous soyez candidat à la présidentielle de juillet prochain ?

CKM : mon parti à mis en place une équipe de réflexion depuis janvier qui a fait un rapport d’étape, qui a été examiné au niveau de la direction, les conclusions vont être déposées à mon niveau dans quelques semaines et on les rendra public.

Est-ce qu’on va être avec le Président ? Est-ce qu’on va être candidat ? Est-ce qu’on a un autre choix ? Cela va être rendu public et vous serez invités à cette conférence.

 Est-ce que vous pensez que le chronogramme proposé par le gouvernement pour les élections est réalisable dans le contexte actuel du Mali ?

CKM :  Je vais vous dévoiler un secret. En 2012 lorsque nous avons analysé la situation politique. Au moment où Aguelhoc est tombé, Tessalit venait de tomber, j’ai insisté pour voir le président de la République d’alors. Il m’a reçu le 16 mars de 21h à 22h. Je lui ai dit M. le Président je suis venu vous dire quelque chose qui va vous surprendre. Nous, nous ne sommes favorables à ces élections. Il dit mais pourquoi ?

Je dis le pays est coupé, le pays est en danger. Même, si vous organisez ces élections, vous partez celui qui vient il va tomber, on ira vous chercher pour vous dire que vous êtes responsable. On ne fait pas les élections pour les élections. Le fétichisme Constitutionnel nous ne sommes pas favorables. Il me dit, mais qu’est-ce qu’on fait ?

J’ai dit, vous réunissez l’ensemble des forces vives de la nation et vous décrivez exactement la situation du pays. Chacun va vous donner son avis. La conclusion qui va être tirée, ce serait pour tous les Maliens. J’ai quitté son bureau à 22h, moins d’une semaine après il est tombé.

Quand on a voulu organiser les élections en 2013, nous sommes l’un des rares partis, sinon le seul Parti  à avoir dit que les élections n’étaient pas nécessaires. Mais tout le monde disait élection, il faut un président pour respecter la Constitution.

Mais, on a dit dans la Constitution de 1992 que le coup d’Etat est imprescriptible. Pourtant, les mêmes sont venus voter une loi d’amnistie pour les Sanogo quand le régime est tombé.

Quand la nation est en danger, au lieu de parler ‘’Constitution, Election’’, parlons de ce qui doit être fait aujourd’hui. Aujourd’hui, les Maliens doivent se parler pour dire : « notre pays est en danger ». Aujourd’hui, on ne parle plus de Kidal, on ne parle plus du Nord. Il y’a le Centre. On est à quelques kilomètres de Bamako.

Quelque soit le président qui va venir, il ne pourra pas gouverner dans la situation actuelle. Quant IBK est venu tout le monde a dit qu’IBK va résoudre tous les problèmes. Mais, IBK c’est ce qu’il a trouvé. Non seulement il a trouvé un Etat failli, mais il a été empêché sur plusieurs plans. Le même complot qui a fait diviser notre pays a continué sous diverses formes pour le bloquer, pour le salir. On lui a fragilisé dans l’opinion. Les affaires sont sorties ici et là. Par exemple dans l’affaire Tomi, on nous a dit que c’est par ce que IBK était avec des Corses. Mais, il était avec ces Corses depuis des années avant d’accéder au pouvoir. On nous a dit que par ce qu’il était dans ceci et cela… C’est par ce qu’on l’écoutait. Des écoutes téléphoniques. On n’a même pas honte de dire qu’on écoute un Chef de l’Etat ? Lorsqu’on a dit que la NSA écoutait Angela Merkel et les François Hollande, cela a été source de scandales en Europe.  Mais on vient écouter des chefs d’Etat africains ici. Pour IBK, on voulait tout simplement le fragiliser dans l’opinion. Une fois qu’il a été fragilisé, cela ajouté à l’affaire de Kidal, le Mali a été négocié en position de faiblesse, et on a imposé à IBK ce qu’on veut. N’importe quel Président qui vient, s’il est affaibli c’est contre nous tous. C’est, ce qui m’a fait dire en son temps que l’échec de IBK, c’est l’échec de tous les Maliens. Faisons-en sorte qu’il n’échoue pas. Par ce que s’il échoue, il n’y aura pas de pays.

Aujourd’hui, je le dis encore, la priorité des Maliens, ce n’est pas les élections. Notre priorité c’est de nous asseoir et dire attention ! Hier c’était Aguelhok, avant-hier c’était Tessalit, l’autre jour c’était à Kidal, aujourd’hui c’est à Gao, ce matin c’est au Centre, après demain, peut être ça va être à Ségou… Dans de telle condition, on va mettre un Président, d’ici cinq ans, qu’est ce qu’il va faire ? Ces questions il faut qu’on se les pose.

S’il n’y aura pas d’élection, le 12 aout à minuit, c’est le saut à l’incertitude ?

 CKM : vous savez, c’est l’argument que tout le monde dit ; « s’il n’y a pas d’élections ? ». En réalité si l’on fait les élections et mettre quelqu’un qui ne peut pas gouverner ?

S’il n’ya pas d’élections il y’a des solutions. Seulement vous allez me demander : quelle est la solution ?

Moi je ne donnerai pas ici notre analyse. Si aujourd’hui, on nous dit qu’il n’y a pas d’élections à causes de certaines situations, l’analyse du MPR sera donnée. Mais je ne la donnerais pas sur un plateau de télé.

A suivre la quatrième et dernière partie dans notre prochaine édition.

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