Le Blaiso et barbus : Entre laafi bala et Mali là-bas

16 Nov 2012 - 14:28
16 Nov 2012 - 14:28
 13
Jamais un Chef d’Etat sahélien n’a été aussi copain avec des islamistes. Et pourtant, rien ne prédisposait notre Blaiso national -officiellement catho- à une telle proximité qui lui a valu d’être négociateur de libérations d’otages occidentaux, médiateur de la Cedeao et maintenant pacificateur du septentrion malien. En tout cas, avec « les barbus », le courant semble bien passer. Du moins, ils viennent, dînent et dorment à Ouaga 2000. De quoi conforter le Blaiso dans l’idée que le Mali peut retrouver son unité territoriale non par la guerre mais par la négociation. Mais que cache ce « laafi bala » -la paix, rien que la paix, en langue nationale mooré- auquel croit le capitaine à la retraite envers et contre (presque) tous ? Il y a seulement quelques jours, on pouvait penser que l’enfant terrible de Ziniaré ramait à contre-courant en tenant à son histoire de négociation avec les groupes islamistes armés qui contrôlent le Nord-Mali. Mais le sommet extraordinaire de la Cedeao, tenu dimanche dernier à Abuja, a fini par lui donner raison. Enfin, ses pairs se sont officiellement ralliés à cette cause puisque recommandation a été faite à Bamako de poursuivre les négociations avec les « barbus » en vue d’une solution pacifique de la crise. Même si l’option de la guerre est maintenue, elle ne se fera qu’en dernier ressort, lorsque tous les fils du dialogue seront rompus. L’adoption de cette position par la Cedeao est incontestablement une victoire pour le Blaiso national qui paraissait une fois encore engagé dans une voie sans issue. Surtout que sa méthode de médiation n’est pas toujours partagée sur les bords du Djoliba où l’Armée de Bamako n’a pas non plus le cœur à la guerre. Le paradoxe de cette crise malienne, c’est qu’en même temps que les autorités maliennes se hâtent lentement pour négocier avec les djihadistes, elles sont conscientes que si guerre il y aura, elles ne pourront pas la faire, encore moins la gagner. Maintenant que tout semble s’arranger pour leur permettre de sauver l’honneur, vont-elles enfin reconnaître le mérite du médiateur ? Difficile de répondre par l’affirmative. Dans sa gestion de la crise malienne, le Blaiso se retrouve pratiquement comme dans le schéma ivoirien. Il a des rapports beaucoup plus fluides et plus faciles avec la rébellion représentée par le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) ainsi qu’avec les groupes islamistes armés (Ansar Dine, Mujao). Cette facilité fait logiquement peser sur lui des soupçons de proximité également avec la nébuleuse Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Logique mathématique : l’ami de mon ami est mon ami. La méthode de médiation de Compaoré peut ainsi se comprendre comme une démarche qui privilégie le rapprochement avec les rebelles. On l’a d’ailleurs vu dans la crise ivoirienne où Guillaume Soro était considéré comme « le bon petit » du Blaiso jusqu’à ce qu’il devienne « le meilleur Premier ministre » de Gbagbo. Mais la Côte d’Ivoire n’est pas le Mali. En tout cas, le pari ne semble pas être le même. Mais globalement, il tient à son schéma. En réussissant à convaincre les leaders des principaux groupes islamistes de s’engager sur le chemin de la négociation, il est en passe de réussir son coup. Mieux, il s’est fait rejoindre dans cette option par plusieurs de ses pairs et également par une partie non négligeable des clans qui gouvernent à Bamako. Ce n’est pas rien pour une médiation que l’on disait mal partie. Et aussi pour un médiateur qu’on voulait présenter comme controversé par une partie de l’opinion malienne et internationale. La question qui reste posée est celle de savoir que va faire le Blaiso d’Aqmi ou avec Aqmi (c’est selon). Au-delà des accords et désaccords à Bamako et au sein de la Cedeao, l’inconnue de la sortie de crise au Mali reste et demeure la position d’Aqmi. Jusque-là, tout le monde se complait en conjectures et plans de guerre. Mais personne n’est en mesure de dire clairement ce qu’on fait ou ne fait pas avec cette organisation. Et cela risque d’être un piège qui guette le Blaiso. A moins qu’il ne soit dans un deal secret avec Aqmi par puissance étrangère interposée. Si jamais les négociations échouent et que la guerre devient inévitable, le Burkina devrait aussi redouter non seulement les effets collatéraux, mais aussi les représailles d’Aqmi. Certes, les troupes que le Faso s’apprête à envoyer ne seront pas en premières lignes sur le front, mais la responsabilité de l’Armée burkinabè ne sera pas moins engagée dans ce qui adviendrait après. Ceci expliquerait ce qui apparaît comme l’obsession de Compaoré pour une sortie négociée. La paix qu’il veut à tout prix pour le Mali ne serait, en fait, que pour le Burkina d’abord. Dans cette logique, on comprend toute la sollicitude dont il entoure les « barbus » qui vont et viennent à Simonville comme ils veulent. Normal aussi que cela ne plaise pas vraiment à Bamako qui s’insurge légitimement contre le fait que le voisin Burkinabè offre le gîte et le couvert à ceux qui sont la source de ses problèmes. Mais ainsi vont les relations entre les Etats. Comme le Général de Gaulle, le Blaiso a bien compris que les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts. Espérons seulement que ces intérêts sont bien compris et profiteront à tous les Burkinabè. Et surtout que le Mali retrouve la paix (laafi), rien que la paix (laafi bala). F. Quophy Faso Net

Quelle est votre réaction ?

Like Like 0
Je kiff pas Je kiff pas 0
Je kiff Je kiff 0
Drôle Drôle 0
Hmmm Hmmm 0
Triste Triste 0
Ouah Ouah 0