#Mali : Symboles d’identité nationale : Comment mettre de l’ordre dans leur utilisation ?

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«Le Drapeau, l’hymne national, la devise, les armoiries et le sceau» sont des marques distinctives qui caractérisent la souveraineté de notre pays. Pour exister dans le concert des nations, chaque pays paie à ses symboles qui l’identifient et le distinguent. Mais aussi qui devient les fondements de l’identité nationale et le sentiment d’appartenance animant chaque citoyen.

S’agissant de notre pays, la situation d’atteinte continue aux règles de gestion de la symbolique étatique est répétée. Un laisser-aller persiste dans ce domaine, où la confection semble légalisée, par le fait que certains symboles de l’État comme le drapeau ou les sceaux officiels, sont confectionnés par des personnes sans autorisation, au vu et au su de tous.

Les autorités de la Transition, depuis la rectification de la Transition, aspirent à une refondation de l’État sur tous les plans. Cette refondation impose également un recadrage de l’emploi des symboles d’identité nationale intégrant la dimension langue, afin de bannir leur utilisation anarchique et leur violation.

Pour la toute première fois dans l’histoire de la justice malienne, une semaine est dédiée à l’harmonisation et à l’utilisation des symboles de l’État qui se tiendra du 11 au 17 mars sur toute l’étendue du territoire national. Cela, pour informer, éduquer et sensibiliser la collectivité nationale sur le sens, la portée, l’appropriation des symboles de l’État et leur inviolabilité. Cette Semaine a pour objectif de faire prendre conscience à tous les citoyens, mandataires comme administrés, de la nécessité de bien connaître et de respecter ces symboles en provoquant les confusions qui les dénaturent, pour en saisir le sens, les valeurs incarnées et les conséquences effets de droit.

L’exercice comprend des sessions institutionnelles et gouvernementales et une campagne de communication civique intensive. Les rencontres avec les cibles permettront de consigner le travail du comité d’organisation de la semaine avec de judicieuses recommandations pour la réglementation, mais aussi pour la compréhension du public et la discipline citoyenne. Il est également prévu des séances d’explications avec le monde universitaire, les écoles, des démonstrations, des visites de stands et autres.

Selon le président du comité d’organisation de la Semaine et directeur national des affaires judiciaires et du sceau (DNAJS), les sceaux et les armoiries, symboles de l’État par excellence, sont régis respectivement par les lois n°07-017 et 07-018 du 26 février 2007 et le décret n°07-213/P-RM du 30 juin 2007 fixant les modalités de reproduction des armoiries et d’impression du sceau de l’État, des autres sceaux officiels, timbres secs sous forme de presse et cachets. Le ministre de la Justice, traditionnellement Garde des Sceaux, à travers la DNAJS, en assure également la gestion et le contrôle de conformité.

CARACTÈRE D’AUTHENTICITE- Mohamed Maouloud Nadjim définit le sceau de l’État comme une marque ou une empreinte destinée à donner un caractère d’authenticité à un acte émanant d’une autorité habilitée. Quant aux armoiries de la République, ce sont essentiellement des marques distinctives et caractéristiques de la souveraineté de l’État.

Le premier responsable de la DNAJS explique que les armoiries de l’État du Mali sont de forme circulaire. Sur fond bleu, elles portent : au centre la mosquée de Djenné, en gris argile ; au-dessus de la mosquée, le vautour légendaire en vol plané, en gris foncé. Au-dessous, le soleil levant en jaune ou ; devant le soleil, deux arcs opposés tendus par leurs flèches en noir. Sur le pourtour, en haut « République du Mali », en bas « Un Peuple -Un But- Une Foi », le tout en lettres d’imprimerie noire.

Selon notre interlocuteur, chacun de ces symboles véhicule une valeur : le vautour ou « Douga » incarne, au sens de notre mythologie, le Dieu de la guerre qui symbolise la vigilance, la sagesse et la pérennité. La Mosquée de Djenné évoque le souvenir historique de notre passé riche de sa culture et de ses connaissances. Les deux arcs tendus et opposés représentent les armes de guerre et de chasse de nos ancêtres qui traduisent leur bravoure et leur courage. Le soleil levant rappelle le passé glorieux de l’Empire du Mali. Ce soleil qui pointe, illumine le renouveau patriotique providentiel de ses rayons dorés, vivifiants, comme l’or de Bouré et de Bambouck, symbole de l’énergie du Mali éternel.

Le président du comité d’organisation de la Semaine ajoute que le sceau de l’État qui incarne la souveraineté de l’État, a été conçu sous forme circulaire et porte : au centre, un lion débout, entouré d’un épi de mil , d’un épi de riz et d’une tête de bœuf. Sur le pourtour, au-dessus de la légende est écrite : « République du Mali » ; au-dessous, la devise : « Un Peuple-Un But-Une Foi ».

En outre, Mohamed Maouloud Nadjim indique que les éléments caractéristiques du scénario de l’État ainsi rappelés sont porteurs de sens et de valeur : le lion débout, animal considéré comme le roi des animaux, symbolise la force et la noblesse qui ont toujours fasciné les hommes. L’épi de mil et l’épi de riz sont représentatifs des céréales qui constituent la base de l’alimentation de nos populations. La tête de bœuf symbolise l’élevage qui occupe également une bonne partie de nos populations.

SENS DU PATRIOTISME- Cependant, pour une meilleure compréhension de ces symboles de la République par les populations, dans le mais de développer le sens du patriotisme indispensable pour la construction du « Mali Kura », le patron de la DNAJS préconise qu’un vaste chantier de vulgarisation et d’appropriation des symboles de la République et leur contenu doit être ouvert. Cela, principalement, à l’adresse de la jeunesse, des légitimités traditionnelles et des agents publics et parapublics de l’État.

En effet, Mohamed Maouloud Nadjim estime que l’incivisme et la banalisation de la chose publique ont atteint aujourd’hui des limites extrêmes et tous les secteurs de la vie en sont affectés.

Aussi, plaide-t-il, il est indispensable d’instituter l’éducation civique dans tous les milieux scolaires et universitaires ; de réhabiliter le service militaire ; moraliser la confection et l’usage des sceaux et armoiries conformément au décret n°07-213/P-RM du 30 juin 2007 fixant les modalités de reproduction des armoiries et d’impression du sceau de l’État, des autres sceaux officiels, timbres secs sous forme de presse et cachets.

Il préconise également de mener une vaste campagne de formation, d’information et de sensibilisation à l’échelle nationale sur les symboles de la République. Sévir conformément à la loi, contre tous ceux qui travestissent ou profanent les symboles de la République. Et aussi, de réorganiser et d’équiper les structures en charge du contrôle de conformité des sceaux et armoiries de l’État. La DNAJS, en charge du contrôle de conformité des sceaux et armoiries de l’État, sous l’autorité du ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, doit pouvoir jouer son rôle afin de réhabiliter les sceaux et les armoiries et s’inscrire dans les objectifs de la refondation.

Le premier responsable de la DNAJS estime qu’en instituant la montée des couleurs nationales tous les premiers lundis du mois dans les services publics et parapublics du pays, le chef de l’État entend marquer cette période charnière qui traverse le pays en agissant sur la fibre patriotique qui sous-tend la nécessité d’un sursaut national.

C’est en même temps, l’occasion de retenir l’attention des Maliens sur la nécessité de connaître et de respecter les couleurs nationales qui sont chargées de sens et de symboles et qui méritent respect et considération en toutes circonstances. Cette mesure mérite d’être étendue partout où se trouve une autorité qui incarne l’État, at-il suggéré. À force de pédagogie par la répétition de ce cérémonial, les Maliens sauront de plus en plus ce qu’incarnent les couleurs nationales.

Pour cette raison, l’on doit s’interroger sur l’usage abusif qui est fait du drapeau que certains arborent insolemment sur des véhicules non immatriculés alors même qu’ils sont en porte-à-faux avec la loi. Le président du comité d’organisation de la Semaine rappelle que le drapeau national, symbole de l’État a été adopté suivant la loi n° 61-26 du 20 janvier 1961. Il est composé de trois bandes verticales égales, de couleur verte, ou et rouge.

À travers cette Semaine, le département de la Justice entend mettre fin à l’utilisation, au port et à la confection inappropriée des symboles de l’État. Et aussi, une meilleure compréhension de ces marques distinctives de l’État.

Marietou KOITE

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