Politique : Aliou B. Diallo peut-il fédérer l’opposition?

Sorti troisième au premier tour de l’élection présidentielle de 2018, Aliou Boubacar Diallo du parti ADP-Maliba, avait refusé de rallier le leader de l’opposition d’alors, Soumaïla Cissé, pour battre le président sortant, IBK, du pouvoir. Il s’est au contraire rallié à celui-ci, pour lui octroyer un second mandat, qui sera bruyamment contesté par la rue bamakoise. Ce qui conduira à l’épisode du M5-RFP, qui finira par entraîner la chute du président IBK, à travers « le parachèvement de la lutte » par les militaires du CNSP, conduit par un certain Colonel Assimi Goïta… Et c’est ce dernier qui est à la tête du pays depuis bientôt cinq ans et qui vient de bénéficier, sans passer par les urnes, un « mandat de cinq ans renouvelable ».

Puisque les leaders des partis politiques dissouts contestent les conclusions des concertations des forces vives relatives à la relecture de la charte des partis politiques. Lesquelles assises ont proposé, en plus de la dissolution des partis politiques, la proclamation du chef de l’Etat, président de la République pour un mandat de cinq ans renouvelable, comme c’est le cas dans les deux autres pays de l’AES.

Et c’est cette prolongation de la Transition sans possibilité d’élections à brève échéance, qui agite une certaine opinion, depuis plusieurs semaines. Elle vient d’être plombée par la désignation du président Assimi Goïta comme président de la République pour un mandat de cinq ans renouvelable. Ce qui implique que la transition va durer au moins jusqu’en 2030. Cela a dû pousser le leader du parti ADP-Maliba (dissout), à créer un Front patriotique de résistance (FPR) ; depuis son exil à l’extérieur du pays.

Comme le nom du mouvement semble l’indiquer, son initiateur compte s’inscrire « dans la résistance » au pouvoir du Général d’Armée Assimi Goïta. Pour cette option, le milliardaire malien aura besoin de rassembler divers leaders sociopolitiques autour de sa personne.

Or, il est de notoriété que le parrain de l’ADP-Maliba n’a jamais réussi à nouer de bons rapports avec les autres acteurs politiques nationaux. L’homme a trop souvent passé le plus clair de son temps dans les milieux d’affaires à l’étranger. Ne s’est-il pas pendant longtemps reposé sur ses anciens lieutenants politiques comme l’ancien ministre Amadou Thiam ? Ce dernier n’avait-il pas valablement porté haut le flambeau de cette formation politique durant le premier mandat d’IBK, avant qu’une brouille ne les divise ?

En outre, ayant trahi Soumaïla Cissé en 2018, une certaine opinion publique a gardé de l’initiateur du FPR l’image du riche homme d’affaire qui n’est pas constant.

En outre, Aliou Boubacar Diallo n’est-il pas apparu comme le riche homme d’affaires, qui regarde souvent ses pairs de haut, du fait de ses capacités financières ?

Comment des leaders comme Me Mountaga Tall, qui ont toujours dénoncé la place de l’argent dans les batailles électorales, peuvent-ils soutenir des initiatives le FPR d’Aliou B Diallo ? Les hauts cadres de la diaspora malienne peuvent-ils soutenir l’initiative du FPR ? L’on peut en douter, tant l’homme a souvent brillé par son absence dans les défis auxquels de nombreux compatriotes expatriés ont fait face.

Toutefois, malgré ses griefs, le parrain de l’ADP-Maliba a un atout, celui de ne pas appartenir à la vielle classe politique que la majorité des Maliens diabolise. Il est entré sur la scène politique courant année 2010 et peut apparaître relativement comme un homme neuf. Mais, il pourra difficilement rassurer les alliés politiques. Ce qui pousse à  croire que son initiative de résistance n’attirera pas le grand nombre d’acteurs politiques.

Boubou SIDIBE/maliweb.net