Éclatement des tuyaux de l’usine du site minier de Loulo : Selon les services étatiques, il s’agissait d’une fausse alerte

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Chiaka Berthe, DG Somilo
Chiaka Berthe, DG Somilo

Les services techniques de la Direction régionale de l’assainissement, de l’environnement du contrôle, de la pollution et des nuisances, ceux de l’urbanisme et de la protection civile, le sous-préfet central de Kéniéba ainsi que les chefs de village de Didjan-Kéniéba (lieu où se trouve le site minier) et de Sakola se sont rencontrés, le vendredi dernier, sur le site minier de Loulo, sis à Kayes et exploité par le sud-africain Randgold à travers la SOMILO. L’objectif était de s’imprégner des réalités de ce qu’il en est de l’éclatement des tuyaux de l’usine. Après une visite desdits tuyaux, il a été conclu qu’il s’agissait plutôt d’un changement programmé de ceux-ci.

 

C’est dans le but d’apporter plus d’éclaircissement sur le soit disant éclatement des tuyaux de l’usine de la SOMILO qui opère sur le site minier de Loulo (dans le village de Didjan-Kéniéba) qu’une équipe composée des représentants de l’urbanisme, de l’assainissement, de la protection civile et de l’environnement de la région de Kayes a été dépêchée sur les lieux pour rencontrer les responsables de la société minière et les autorités villageoises.

 

Après avoir effectué une visite desdits tuyaux en compagnie des différents responsables de la SOMILO et tenu une réunion regroupant l’ensemble des représentants de l’Etat et des chefs de village de Didjan et Sakola, tous ont convenu qu’il s’agissait d’un malentendu et qu’en réalité il n’a jamais été question d’éclatement des tuyaux qui contiennent des produits chimiques, notamment du cyanure, extrêmement dangereux pour les populations et la nature elle-même.

 

En effet, selon les responsables du site, chaque trois ans il est procédé à une rotation des tuyaux de l’usine car la partie qui est en contact avec le sol est complètement abimé après ce temps. Lesdits tuyaux sont au nombre de trois : l’un évacuant la boue, l’autre l’eau et un dernier qui est  en standby au cas où l’un des deux premiers tombe en panne. Ce travail, qui doit prendre fin en octobre, a commencé en septembre dernier et déjà 330 mètres ont été changés.

 

Il consiste à changer les tuyaux de façon graduelle. Mais, ayant commencé au niveau de l’usine pour finir au niveau du bassin, c’est ces deniers jours que les travailleurs sont devenus visibles. Et, il a été jugé nécessaire de ”couper” la route principale en créant une déviation pour des raisons de sécurité car les tuyaux contiennent des résidus de l’usine (boue contenant la cyanure).

 

Cela devait durer 12 heures mais a duré exceptionnellement 24 heures ce jour-là. Par ailleurs, pour sécuriser les installations, plusieurs précautions sont prises dont les creux pour contenir le déversement (7300 mètres de long et 5 mètres de large), une patrouille le long de la tuyauterie, la sensibilisation des populations ou encore la perturbation du trafic et la clôture des routes lors de l’entretien.

 

 

” Dans ces mines les technologies sont bien maitrisées “

Des plaques sont tout au long de la tuyauterie sur lesquelles il est indiqué des numéros de téléphones pour alerter les populations en cas d’urgence. Pour les services techniques étatiques et les chefs de village de Sakola et de Didjan-Kéniéba, il s’agissait d’une fausse alerte. ” Je l’ai appris quand nous étions en atelier avec le gouverneur et nous avons immédiatement contacté le chef de village et tous les autres responsables. Nous nous sommes rendus compte qu’il n’en était rien de ce qui a été dit…il fallait qu’on vienne ici pour nous en assurer et j’ai de bonnes impressions “, a dit le sous-préfet central de Kéniéba, Amadou H Maïga.

 

Un avis largement partagé par le chef de village de Sakolo, Demba Keïta qui a affirmé que : ” même si le tuyau a pété, je ne suis pas au courant alors que toutes les fois où il y a eu des problèmes on nous en a informé pour prendre des mesures “, avant d’ajouter que ” la rumeur a fait le tour du village mais c’est faux “.

 

Même son de cloche chez Mogontafè Sissoko, chef de village de Didjan-Kéniéba où se trouve le site en question. ” Je pense que ce n’est pas vrai. Cela ne peut pas se passer sans que je ne sois au courant…personne ne m’en a parlé et je n’ai rien vu de tel. Ce qui a été dit est simplement faux, sinon chaque fois qu’ils ont eu des problèmes avec les tuyaux (les responsables de l’usine ndlr), on a été mis au courant…”, a-t-il dit. Par ailleurs, selon Boubacar Cissé, Directeur régional de la géologie et des mines de Kayes ” Ce qui s’est réellement passé ici pendant ces 12 heures, c’est que les tuyaux sont plastiques et pour des raisons de sécurité, ils ont été remplacés par des tuyaux en fer de diamètre 0.5 cela veut dire que ce sont de gros tuyaux. Pour empêcher la partie qui touche au sol de s’user, ils ont procédé à des rotations pour ramener ctte partie en haut. Ils n’ont fait des travaux d’entretien que sur 66m seulement “, avant d’ajouter que : ” je pense que ces rumeurs doivent cesser, car vous savez toutes ces mines sont certifiées 14001, c’est-à-dire que la question environnementale c’est zéro tolérance. L’économie du Mali repose sur ces mines donc, les individus qui pour des raisons propres à eux, essaient de nuire à l’image de ces usines le font contre le Mali “.

Le respect de l’environnement par la mine est aussi apprécié par Aïssata Cissé, la Directrice Régionale de l’assainissement et du contrôle des pollutions  et des nuisances de Kayes. ” À mon avis, il y a eu un manque de communication entre les acteurs. Sinon, c’est une rumeur infondée parce que nous avons  constaté sur place le contraire. Il n’y a eu ni de déversement, encore moins aucun tuyau n’a pété. En somme, il n’y a pas d’inquiétude “, a-t-elle déclaré.

 

Toutefois elle a tenu à préciser que ” si la mine doit faire ce genre de travaux qui occasionnent la fermeture d’une voie, elle doit informer d’avance la population pour éviter que certaines personnes mal intentionnées ne puissent l’interpréter autrement. Franchement, la mine respecte convenablement les règles standards internationales “.

 

Aboubacar DICKO

Envoyé spécial à Loulo

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