Microfinance: Les travers de Kafo Jiginew

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Si les indicateurs de Kafo Jiginew dévoilés au cours de son assemblée générale du 27 juin dernier sont au vert, il n’en demeure pas moins que l’institution d’Alou Sidibé reste le canard boiteux du système de micro finance au Mali. A Kafo jiginew, la direction ne fait pas de la qualification de son personnel une préoccupation majeure. Conséquence, à l’exception de la dernière Cour d’assises de Bamako, Kafo jiginew envoie toujours derrière les Barreaux, certains de ses employés sans la moindre formation comptable à qui, on reproche des détournements de fonds.

A la faveur de la dernière assemblée générale de Kafo Jiginew, si des diplômes de reconnaissance et des prix symboliques ont été remis aux présidents de caisses locales afin de les encourager, l’occasion était aussi bonne pour la direction de Kafo Jiginew de se repentir.  Après s’être taillée une place de choix dans la sphère des institutions de micro finance en République du Mali, la caisse Kafo Jiginew, faut-il le rappeler, s’est aussi débarrassée de certains de ses travailleurs comme des malpropres. Ce, après la révélation qu’entre 1996 et 2005, plus de 245 millions FCFA ont été détournés au préjudice de la caisse Kafo Jiginew. Même si la responsabilité pénale est personnelle, il faut tout de même noter que cette institution de micro finance est victime de sa cupidité et de son laxisme.

Pour attirer la clientèle, les caisses de proximité, à l’image de Kafo Jiginew, font diffuser des spots publicitaires qui laissent croire qu’elles sont exemptes de tout reproche. Mais à l’analyse de leur gestion, on s’aperçoit facilement de leur manque de professionnalisme. En effet, à la 3e session de la Cour d’Assises en transport à Ségou, aux nombres des affaires d’atteinte aux biens publics enrôlées, deux portaient sur des détournements au préjudice de Kafo Jiginew.

Par le passé, Kafo Jiginew reprochait 74 millions huit cent mille FCFA aux dirigeants de la caisse de Banko (cercle de Fana) d’alors, un coup qui avait pour cerveau Issa Traoré, le gérant. Pour ce cas précis, loin  d’encourager quiconque à spolier les caisses Kafo, un constat s’impose cependant. Comment comprendre qu’au niveau de cette caisse, à l’exception d’une seule personne, aucun des dirigeants n’avait le niveau du fondamental, au moment des faits ? Sans daigner réfléchir sur les conséquences que cela pourrait engendrer, Kafo Jiginew confie la gestion de plusieurs millions de nos francs à des personnes qui n’ont pas la compétence requise. Du côté du Kafo, ils seront tentés de nous dire que nos affirmations sont sans fondement, dans la mesure où les documents sont établis en « Balikukalan » ou que ces dirigeants reçoivent des formations. Des explications qui ne tiennent pas à moins de refuser de reconnaître que la comptabilité ne peut pas s’apprendre en quelques jours. Ils sont là, les diplômés en comptabilité qui n’attendent que d’être recrutés pour faire valoir leur savoir. Malheureusement, c’est sans compter avec la cupidité du directeur général et non moins président de l’Association professionnelle des institutions de micro finance (Apim), Alou Sidibé. Leur attente sera longue tant que Kafo peut s’attacher les services d’analphabètes qui n’hésitent pas à s’embarquer dans le bateau du bénévolat. « L’argent n’aime pas le bénévolat, apprend-on des milieux financiers ». C’est pourquoi dans les banques ou autres institutions de micro-finance crédibles, en plus du salaire, des primes sont attribuées aux travailleurs dans le seul but que  ceux-ci ne succombent pas à la tentation.

Par ailleurs, dans l’affaire ministère public contre Abou Dramane Coulibaly (en fuite en son temps), Martine Dembélé, Béatrice Berthé, Chaka Coulibaly et Souleymane Sanogo ont été accusés d’abus de confiance aggravé, fraude informatique et complicité. Ces chefs d’accusation mettent à nu le laxisme qui à cours à Kafo Jiginew.  Selon nos sources, la fuite du cerveau de ces malversations Abou Dramane Coulibaly, a fait le bonheur de certains hauts responsables à Kafo qui se seraient rendus complices de ces actes délictueux. On reproche à Abou Dramane Coulibaly et à ses coaccusés,  le détournement de 171.334.183FCFA.

Ce qu’il faut savoir, c’est qu’Abou Dramane Coulibaly, qui apparaît comme un délinquant financier, était pourtant dans les bonnes grâces du directeur général, Alou Sidibé pour avoir été concomitamment Inspecteur général, chef du personnel et chef informaticien à la direction générale de Kafo. Avec ce super statut, il lui a été facile d’opérer sans être inquiété.

Somme toute, un adage nous enseigne que « celui qui veut se débarrasser de son chien l’accuse de rage ». Il est regrettable que la direction de Kafo ne sache pas que l’on ne peut pas employer des chefs de famille dans une fonction où l’on manipule l’argent tous les jours,  et refuser de les payer sans qu’ils ne soient tentés de se servir dans les caisses même si c’est à leurs risques et périls .Cela relève d’une utopie notoire. A quoi sert-il de confier ce genre de responsabilités à nos infortunés frères de campagnes si c’est pour s’empresser d’envoyer l’Inspecteur Fomba défendre une certaine cause, dans un latin confus ?

Il ne suffit pas de présenter à chaque assemblée générale un tableau propre alors que la réalité est tout autre. La primauté doit être aussi accordée à la remise en cause de la gestion interne de l’institution. Sans quoi, à cette allure et par refus de corriger son laxisme, Kafo Jiginew finira par remplir les maisons d’arrêt que la Cour d’Appel de Bamako s’efforce de désengorger par la régularité de ses sessions d’assises.

Abdoul Karim Maïga

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