Bouréma Kanè dit BK, animateur-présentateur à propos du non-paraphe de l’Accord d’Alger par la Cma : «Ceux qui n’ont pas encore paraphé l’accord, qu’ils comprennent que le Mali est pour nous tous»

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brehima-Kane-BK01Le Reporter : Bouréma  Kanè, vous avez commencé à animer étant très jeune à la radio «Meguetan» de Koulikoro et aujourd’hui, vous êtes à l’Ortm. Un long parcours certes, mais sanctionné d’expériences. Que pouvez-vous conseillé aux jeunes animateurs ?

Bouréma  Kanè : Je suis très honoré que vous m’ayez demandé mon avis sur cette question. Être animateur est un travail qui nous engage dans de très grandes responsabilités. Toute personne qui accepte ce travail doit le faire avec conviction et respect. Nos pères et nos aînés, qui nous ont devancés dans ce métier, étaient très respectés et continuent de bénéficier de cette estime auprès des gens. Mais aujourd’hui, les choses ont pris des tournures inquiétantes. Qu’il y ait dans un pays beaucoup de radios et d’animateurs, c’est un bon signe de développement et de progrès. Cependant, le plus important dans l’exercice de tout métier est la maîtrise. La parole est la seule chose qui détruit et qui construit par la même occasion. L’animateur est comme un prêcheur qui peut tenir des propos conciliants et, s’il le faut, donner des conseils. Mais les animations que font certains jeunes donnent un certain dégoût des animateurs aux auditeurs, parfois même à la radio qui émet. Parce que, ne sachant pas communiquer, ils ne mesurent pas l’impact que peuvent avoir leurs propos auprès de l’auditoire. Même quand on dit la vérité, il faut parfois apaiser les auditeurs. Et surtout qu’on dit que toute vérité n’est pas bonne à dire, car elle peut détruire. Par exemple, le démarcheur d’un mariage ne rapporte pas tout ce qui lui est dit chez les parents de la fiancée. Autrement, le mariage n’aurait pas lieu. Ce que je demande aux jeunes animateurs, c’est qu’ils sachent quoi dire sur les antennes. Qu’ils apprennent à parler dans un esprit de construction surtout que nous sommes dans un moment de crise. Qu’on ne rajoute pas de tensions ; qu’ils acceptent de se former pour mieux servir. Notre façon de travailler est telle qu’aujourd’hui les gens nous prennent pour des gens qui racontent des contre-vérités et commérages. Sinon, tôt ou tard, le travail bien fait est toujours récompensé.

 

Vous avez vous-même bénéficié d’un stage pour renforcer vos capacités d’animateur, suite auquel vous êtes finalement resté à l’Ortm. Ne pensez-vous pas que les responsables des radios ont une part de responsabilité dans la communication médiocre de leurs agents en négligeant leur formation ?

Je vous remercie pour cette question intéressante et je profite de cette occasion pour adresser mes sincères remerciements à Lassana Diarra, Directeur de la radio «Gnanakan» devenue par la suite la Radio rurale «Meguetan» de Koulikoro, grâce à qui j’ai pu me retrouver là où je suis aujourd’hui. On ne finit jamais d’apprendre, même le savant cherche à s’instruire davantage. N’ayons jamais honte de reconnaître qu’on a besoin d’apprendre et cela nous permettra d’aller de l’avant. Quand certains prétendent tout connaître et ne daignent même pas chercher à connaître davantage, alors qu’ils ont beaucoup d’insuffisances, leur médiocrité ne fera que perdurer. Ce que je demande cependant auprès des Directeurs de radios, c’est de former leurs animateurs. Le métier d’animation est très complexe et demande une certaine adresse. Ces formations permettront certainement aux animateurs de faire la différence entre un animateur et un journaliste parce qu’ils font parfois la confusion entre les deux fonctions. La technique d’expression pour un animateur est capitale pour éviter de s’attirer des ennuis.

 

Pourquoi, selon vous, il y a un certain mépris des uns et des autres dans la presse écrite aussi bien que parlée et comment peut-on dissiper cette mésentente ?

Il faut juste savoir que toute chaîne œuvre pour deux raisons : la distraction et la diffusion de l’information. Les animateurs ont pour rôle de savoir tenir les auditeurs en haleine. Quant aux journalistes, ils s’attaquent à l’information. Je pense que c’est par méconnaissance de la chose que certains journalistes ou animateurs ne parviennent pas à se comprendre. Il n’y a pourtant pas de problème de cohabitation entre les Maliens, vu le brassage et le cousinage à plaisanterie. On se retrouve tous d’une manière ou d’une autre proches des uns et des autres. Il ne devrait pas y avoir de mésentente entre nous, mais plutôt une complémentarité entre tous les acteurs de la communication.

 

Vous êtes aujourd’hui l’un des animateurs qui a le plus grand nombre d’auditeurs suivant vos différentes émissions, pendant que les jeunes animateurs ont du mal à s’imposer. Quel est le secret de votre notoriété auprès des populations maliennes ?

Cette notoriété est un don de Dieu. En plus, j’aime mon travail. Vous savez certainement que j’ai commencé à animer depuis mon jeune âge, quand je  faisais le second cycle. Je peux vous assurer que quand on aime ce qu’on fait, on parvient toujours à faire des exploits remarquables. Ce qui fait le défaut de bons nombres d’animateurs, c’est qu’ils s’appuient sur des rumeurs. Alors que pour tout bon animateur, la vérification d’une information est d’une importance capitale avant de la passer sur les antennes. Tout comme pour les journalistes, l’information doit être cherchée jusqu’à la source pour éviter tout amalgame. Avec les nouvelles technologies de communication, les gens sont bien informés de nos jours et quand vous vous hasardez à avancer des informations non vérifiées, sans preuves, vous vous discréditez. Et surtout quand ce sont des informations d’une certaine sensibilité. Car elles pourront être interprétées de différentes manières. Raison pour laquelle il faut approcher les collègues ou voir le Rédacteur en chef pour qu’il vous tire l’épine des pieds.

 

Quel est votre message à l’adresse des Maliens en ce qui concerne le refus du Mnla et de ses acolytes à parapher l’accord?

Nous devons aimer notre pays, le porter dans nos cœurs en tous moments et en  tous lieux. Le Mali a souffert, tout comme les Maliens. Aujourd’hui, nous savons tous comment la nourriture, l’éducation sont devenues un rêve pour certains. Qu’on soutienne nos autorités dans leur combat avec l’appui de la communauté internationale. Ceux qui n’ont pas encore paraphé l’accord, qu’ils comprennent que le Mali est pour nous tous, sans distinction ! Qu’ils acceptent qu’on parle le même langage pour l’intérêt supérieur de la Nation.

 

Gabriel TIENOU/Stagiaire

 

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3 COMMENTAIRES

  1. Please BK, nous avons beaucoup d’estime pour toi; évites ce genre d’interview car tu n’en as pas besoin pour le moment. pour le titre, je proposerai “le parcours d’un jeune animateur né BK.

  2. @ Karamoko BK.Il faut ajouter aux rôles de l’animateur, en plus de la distraction l’éducation et la sensibilisation des auditeurs .La parole “Kouma”(de “kou”=queue, “ma”=doté de..) c’est dire que la parole tout comme un spz serait dotée de queue(une flagelle) qui lui permet de se diffuser dans l’air à sa sortie de la bouche de l’humain, a dit le sage… 😉

  3. BK fait attention à ne pas te faire glissé sur un terrain qui peut t’engloutir et te ternir à jamais.profite bien de ta posture,tu n’a pas besoin de ça now.
    Salam

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