Lettre à mon oncle Bass : Cher oncle,

0

Rien ne va dans la famille à Fantambougou-Bamako. Et tu veux bien m’excuser mon refus de respecter cette hypocrite tradition qui recommande de toujours crier « tout va bien » même lorsque l’on se trouve dans la cour de l’enfer.

Non, oncle Bass, rien ne va, ni dans la famille, ni même au village.

La troupe familiale est à jeun depuis deux jours et elle vient en plus, de s’agrandir avec l’arrivée de N’Fa Golo et ses trois épouses. Ceux-ci, moribonds ou plutôt très malades, nous tombent sur les bras, sans qu’ils n’aient pris le soin d’apporter avec eux le moindre sou, ni même une petite poule ou quelques kilos de mil ou de haricot.

Nos encombrants hôtes sont tous atteints de diarrhée chronique. Certains guérisseurs traditionnels, appelés à leur chevet, ont à leur sujet diagnostiqué le choléra, d’autres, le chiban, pardon, le Sida. Mais, une chose est sûre : nos trois malades sont loin de souffrir d’un manque d’appétit.

Et c’est justement avec leur arrivée que la marmite familiale est tombée, plutôt que prévu, en… panne. Inutile donc de te dire que ta contribution pour sauver nos carcasses s’avère urgente et indispensable.

Aussi, dois-je te signaler que nous ne pouvons nous résoudre à faire hospitaliser les 3 malades car tout cela à un coût que la famille ne peut supporter.

Celui qui ne peut prendre ni même son propre ventre en charge ne saurait supporter celui d’un autre. Walahi, bilahi, je jure !

Sur un tout autre plan, je t’informe cher oncle que la République en général va mal, très mal. Et pour cause.

Après le mémorable sommet Afrique. France qu’elle a brillamment abritée, c’est une attaque terroriste d’une lâcheté  inouïe qui a endeuillé notre pays.

En effet, il y a quelques jours, les cafards, les salamandres bipèdes, les apatridies qui errent dans la nature à travers notre territoire ont attaqué à travers un véhicule piégé, le camp militaire de Gao. Le bilan de la diabolique opération est lourd : 70 personnes tuées et plus d’une centaine de blessés.

L’hécatombe provoquée par les démons a naturellement révolté et indigné la Nation entière ainsi que la communauté internationale. Mais, Walahi, bilahi, je jure, ces scarabées démoniaques perdront leur combat pour la mort, parce que, nous gagnerons le nôtre : celui pour la vie.

Il faut noter mon pauvre oncle, que le triste évènement de Gao a eu lieu tout juste avant la célébration du 57è anniversaire de la création de notre Armée nationale. C’est pourquoi, la fête, ce 20 janvier 2017 n’a pas été au rendez-vous.

Certains meurent pour le pays, d’autres l’agitent afin de mieux vivre.

C’es le cas de ces magistrats maliens qui ont ‘’décrété’’ depuis quelques jours une grève illimitée. Nos robes noires, n’assurent même pas le service minimum parce qu’ils veulent, maintenant et tout suite que leurs salaires et indemnités déjà faramineux (comparés à ceux des autres) soient revus à la hausse. Allah Akbar !

Et dire que ces gens là sont surtout réputés pour ne condamner ou acquitter que selon que le justiciable soit pauvre ou riche et généreux. Je le dis pian, parce que, c’est ça qui est ça !

Autre grève illimitée, c’est celle qu’observent depuis maintenant deux semaines, d’autres insatiables : les enseignants de l’Ecole Normale Supérieure de Bamako. Eux aussi, mon pauvre Bass, réclament plus ‘’d’herbes’’ à ‘’brouter.’’

Où va le Mali ?

Walahi, bilahi, je le jure, je mangerais mon chapeau pour qui me le dira.

Que Dieu sauve les ‘’certaines choses’’  de tous des nageurs. Amen !

A lundi prochain Inchallah !

Par ton petit Ablo.

Commentaires via Facebook :