Collège électoral convoqué par décret : C’est le compte à rebours pour les candidats à la présidentielle

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Un pas décisif vient d’être franchi vers la tenue de l’élection présidentielle et vers l’alternance au pouvoir dans notre pays. Le gouvernement a en effet, à l’issue du Conseil des Ministres du mercredi 18 janvier,adopté un projet de  décret portant convocation du collège électoral,  le dimanche 29 avril 2012, pour le 1er tour, en vue de l’élection du président de la République, et l’ouverture de la campagne électorale.

Outre l’organisation du scrutin référendaire qui aura lieu  le même jour que le 1er tour de l’élection présidentielle, le même texte  fixe  le second tour de l’élection présidentielle au dimanche 13 mai 2012. Cet ultime round devra se tenir au cas où aucun candidat n’obtiendrait la majorité absolue à l’issue du 1er tour. Il opposera alors les deux candidats arrivés en tête. Tout porte à croire, avec la multiplicité des candidats qui effrite l’électorat, qu’un second tour est à envisager pour la présidentielle de 2012. Alors, il faut d’ores et déjà faire avec cette éventualité.

Si le nouveau développement que constitue l’adoption du projet de décret précité était attendu, il a cependant le mérite de mettre un terme définitif aux sépculations et supputations absurdes qui continuaient d’agiter la classe politique quant à la volonté du Président Amadou Toumani Touré de respecter le calendrier électoral, tel que fixé par la Constitution de notre pays. Mutatis mutandis, l’adoption du projet de décret renvoie les partis politiques, et singulièrement les candidats à l’élection présidentielle, à leurs responsabilités.

En clarifiant rapidement et définitivement  sa  position sur la question, le président de la République coupe véritablement court à toutes les interrogations sur la tenue effective des élections à dates échues et rend caduc tout débat à ce propos.

Reste maintenant à savoir si les candidats et leurs camps respectifs sont prêts à relever le défi. Ce défi se décline en plusieurs obligations qu’il convient de rappeler, ne serait-ce que brièvement.

Il s’agit d’abord du défi de l’éligibilité, qui fait obligation à tout candidat d’être en parfaite conformité avec les exigences légales au sens large (Loi électorale, Constitution). L’impétrant doit, entre autres, jouir de ses droits civils et politiques , être âgé d’au moins 35 ans ; être de nationalité malienne d’origine ( article 31 Constitution). Il doit en outre déposer un dossier de candidature au plus tard 30 jours avant la date du 1er tour du scrutin présidentiel, s’acquitter d’un cautionnement de dix millions de francs CFA et obtenir le parrainage d’au moins dix élus.

Quoi de plus normal que de se conformer à ces conditions d’ordre juridique, lorsqu’on postule à la plus haute responsabilité du pays. Ces conditions ne sont pas donc un simple vernis démocratique ou de simples formalités de routine, elles visent effectivement à s’assurer de la moralité et de l’honrabilité  d’un candidat, notamment l’absence de condamnation entraînant l’inéligibilité, l’enracinement réel dans le pays (la nationalité) et la crédibilité de la candidature par le jeu du parrainage.

Hormis cet arsenal juridique, tout candidat, pour être élu, du moins pour ne pas faire piètre figure, devra prouver sa popularité et la légitimité de sa candidature. Pour ce faire, il devra non seulement élaborer un projet politique crédible, trouvant un écho suffisant au sein des populations, et surtout des électeurs, mais aussi mettre en place un dispositif d’organisation rodé et capable de mobiliser. En d’autres termes, il faut se doter d’une machine électorale performante.

Ces deux obligations si souvent méconnues ou négligées par certains candidats, sont pourtant essentielles.  Faute d’y avoir pensé et d’y avoir répondu avec pertinence, certains candidats ont, par le passé, échoué lamentablement dans leurs tentatives de grimper au sommet de Koulouba. En quête de gloire, ils se sont retrouvés déshonorés par des résultats qui frisent l’humiliation. Au lieu de gagner de l’aura, ils se voient  finalement couverts de pou et de boue. Comme quoi, l’élection présidentielle est une chose si sérieuse qu’elle ne devrait pas être la voie ouverte aux aventuriers, fanfarons et vendeurs d’illusions de toute sorte. Celui qui s’y lance sans être vraiment préparé est pareil au bouffon jeté en pâture à une armée de fous. 

C’est pourquoi d’ailleurs, au cours de la campagne électorale que vise explicitement le décret adopté en Conseil des ministres, se vérifient la pertinence du projet de chaque candidat, disons ses propositions pour le Mali, ainsi que son discours et sa capacité d’organisation.

 Il s’agit, en effet, de saisir l’opportunité de cette campagne qui s’étale sur trois semaines, pour annoncer des propositions, à travers d’une part les temps d’antenne accordés sur les médias publics et d’autre part les réunions et autres manifestations de terrain.

L’expérience démontre, qu’au Mali, les temps d’antenne ne sont pas suffisamment mis à profit par la plupart des candidats; que les meetings sont pauvres en thèmes mobilisateurs et qu’ils tournent le plus souvent à de simples exhibitions théatrales ou à des concerts.

En vérité, la campagne électorale proprement dite, qui est fixée par le projet de décret précité entre le dimanche 8 avril 2012 à oo heure et le vendredi 27 avril 2012 à minuit, n’est que le couronnement du travail de terrain qu’auront entrepris les candidats des mois durant, et parfois des années, pour essayer de convaincre les électeurs et espérer ainsi bénéficier de leurs suffrages. Plus l’on s’y prend tôt, plus l’on a des chances de s’imposer au final. Est-ce à dire pour autant que les nouveaux venus sur la scène politique, leaders comme partis politiques, n’ont aucune chance de remporter la mise ou de figurer en bonne place sur le podium, à l’issue du match?

Sans avancer une réponse péremptoire, précisons tout simplement qu’il faut alors aux novices le sens de l’organisation fondé sur une très bonne stratégie, pour réussir leur campagne électorale dans le laps de temps imparti à cet effet. En d’autres termes, ils sont appelés à consentir le double, voire le triple des efforts engagés par leurs concurrents plus anciens (véritables bêtes politiques), non seulement en termes d’organisation et de mobilisation, mais aussi en matière de communication et faire preuve de qualité de persuasion exceptionnelle.

En un mot comme en mille, le décret du Conseil des ministres en sa session du mercredi 18 janvier 2012 convoquant le collège électoral, a sonné le tocsin du rappel des concurrents pour la grande compétition électorale. C’est donc dire que pour les uns comme pour les autres, le compte à rebours est désormais enclenché.

Birama FALL

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