Edito : Blaise se trompe, mais Dioncounda aussi

4 Fév 2013 - 12:18
4 Fév 2013 - 12:22
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Le Président de la République par intérim Dioncounda Traoré, répondant aux questions de notre  confrère Christophe Boisbouvier  a affirmé sur  les ondes de RFI que : « Aujourd’hui, je pense que le seul groupe avec lequel nous pouvons envisager des négociations susceptibles d'aboutir à quelque chose, c’est certainement le MLNA. » 

En effet, le MNLA qui a servi de cheval de Troie pour y faire entrer le loup dans la bergerie se voit attribuer par le Président Dioncounda TRAORE une place d’agneau à la stupéfaction générale du Peuple malien. Qu’est ce qui a bien pu se passer dans la tête de Monsieur Dioucounda Traoré pour avancer une telle idée ?  Nous  osons  croire que ce n’est pas un deal entre lui et la France libératrice. Sinon mieux vaut retourner à l’ordre ancien.

Monsieur, le Président, aviez-vous  une seconde, pensé aux plaies encore ouvertes et  saignantes des victimes du MLNA et complices ?

Et le même Dioncounda TRAORE de déclarer à propos des  mouvements d’autodéfense Ganda Koy, Ganda Izo : «Vous savez, Ganda Koy, Ganda Izo, ils sont bien gentils, mais à mon humble avis, c’est un peu du folklore ».

Voilà le genre de propos inadmissibles qui vient s’ajouter à  la longue et triste liste de mots rébarbatifs, haineux, belliqueux et  stigmatisant. Un lexique de la violence visitée, revisitée sans cesse et  balancée, sans ménagement,  de l’indépendance à nous jours à  la face de certaines communautés. Au nom de l’unité nationale et de la cohésion sociale, nous taisons aujourd’hui les mots et les expressions dont qu’il est question, mais certainement pas, pour toujours.

Donnez-vous raison, Monsieur le Président, à ceux-là qui ont défendu mordicus des semaines durant, votre refus de faire appel à l’appui extérieur. Et de faire poireauter le peuple malien  jusqu’à la tombée du verrou stratégique de Konna.Toute politique  qui se justifierait pour une grande majorité  des populations du Nord par un manque de considération aux régions occupées et martyrisées de longs mois durant.

Ces mots, faudrait-il le rappeler viennent s’ajouter à ceux prononcés en 1994 à Gao  par un ancien premier ministre de la 3eme République du Mali  et qui  traitait les éléments du Ganda Koy de petits aventuriers venus  du Ghana ?

Tout récemment, pendant que les populations organisent la résistance contre l’ennemi, et exprimaient  leur appartenance à un Mali Un et Indivisible,  certains  haineux qui ne se sont pas gênés de rencontrer les coupeurs de pieds et de mains  les accusent d’avoir  trahi l’armée malienne, leur armée. N’avions-nous pas entendu  des gens qui, malgré leur titre de Professeur ont traité toute une communauté de paresseux  et de racistes? Qu’ont-elles fait pour mériter un tel traitement ?

Savez-vous que l’Etat Central que vous prétendiez diriger a une grande responsabilité dans  ce qui est arrivé aux populations maliennes  des zones occupées ? Savez-vous que, ceux vous qualifiez de folklore pouvaient pactiser avec le diable ? Savez –vous que, ceux vous traitez de folklore ont laissé leurs jeunes épouses, leurs vieilles mères, pour aller à la recherche d’une formation militaire afin de ne plus assister impuissants au viol de leurs sœurs, au mariage forcé de leurs filles ?

Savez-vous que, les folklores que vous méprisez n’ont commis aucun crime pendant que, ceux que vous chérissez sont ceux-là,  qui ont égorgé lâchement, le Capitaine TRAORE et plusieurs de ses compagnons d’arme.

Ça suffit, les temps changent et ont bien changé. Les jeunes du Mali et particulièrement  ceux des régions de Gao et Tombouctou ne sont plus prêts à servir de victimes expiatoires  ou d’agneaux sacrificiels d’un Etat injuste et corrompu.

Monsieur  Traoré, sans vouloir donner l’impression de prêcher dans la chapelle des autres, au-delà du fait que vous vous trompez lourdement, voudrions- nous  vous dire clairement  que Vous  n’avez aucun droit   encore moins  la légitimité politique  de traiter les mouvements d’auto-défense   Gando - Koy et de Ganday- Iso  qui regroupent les jeunes de toutes les ethnies du Mali de folklore.

Trop, c’est Trop, les peuples sédentaires n’accepteront plus d’être piétinés par un Etat incapable d’assurer ses rôles régaliens.

S’il faudrait renoncer à la nationalité malienne pour assurer leur survie et leur sécurité, les jeunes des populations sédentaires  du Nord sont prêts à ouvrir une liste pour renoncer à ladite nationalité.

Ils  n’accepteront  plus, comme par le passé, les concessions suicidaires, les compromissions, les conciliabules sur  le dos des laborieuses populations qui ne vivent  que sur les terres de leurs ancêtres. L’existence de ces populations sur ces terres, rappelez-vous, a précédé  celle de l’Etat malien.

Monsieur Traoré, nous étions  de ceux-là qui, dans les pires moments, où la question existentielle du Mali en tant que nation était posée, sont restés derrière notre Etat, notre armée nationale et derrière Vous. Mais, hélas, nous sommes effarés et déçus des mots méchants, insultants et humiliants  que vous aviez  tenus sur RFI.

 Heureusement que vos allégations n’engagent que votre propre personne et ne reflètent nullement la position du Peuple Malien dans ses différentes composantes. Si les bandits et narcotrafiquants  du MLNA, alliés des forces obscurantistes d’hier, représentent pour Vous, les populations touarègues du Mali, les mouvements Ganda Koy et Ganda Iso sont également l’émanation des populations sédentaires. Eux au moins n’ont pas sur leurs mains  le sang des  soldats  maliens dont le seul crime aura été de  défendre leur pays.

Aucun Etat ne pourra plus s’imposer à des populations dont les souffrances ont été  évoquées  et décrites à souhait  dans ces mêmes colonnes. Plus que jamais, elles  sont prêtes à verser leur sang pour défendre leur honneur et leur dignité bafoués comme ce fût  le cas sous l’oppresseur quand vous tergiversiez ici à Bamako.

Nos mots auraient  pu être plus durs n’eut été le respect dû à  un homme de votre âge. Mais également, à notre volonté de ne pas heurter la conscience des Maliens dont le vivre ensemble est l’une des valeurs les plus partagées.

Aussi, les rangs des forces  armées et de défense du Mali doivent-ils être ouverts à tous les fils et à toutes les filles du Mali, du Sud comme du Nord, de l’Est comme de  l’Ouest qui ont l’ambition et l’amour de  défendre  leur pays. Autrement, les populations assureront leur propre défense.

Plus jamais, les populations ne toléreront les errances, et les fautes d’hommes politiques  qui ont failli à leur mission.

Le Mali appartiendra à tous ses enfants ou, comme un gâteau, chacun prendra sa part et partira.  Nous le disons pian, advienne que pourra.

Enfin, Monsieur Traoré, à Vous et à tous ceux qui veulent nous entendre, nous faisons don de  notre vie au Mali.  Un Mali  uni et pluriel. Un Mali de paix ; d’équité et de justice.

 Vive la liberté, A bas l’injustice.

Idrissa Issiaka  MAIGA

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