Cour d’assises 2EME session 2011 : Poursuivi pour assassinat, Thiamy Coulibaly écope de la peine capitale

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    La peine capitale ! Tel est le verdict cassant, sec prononcé par la Cour d’Assises de Bamako à l’encontre de Thiamy Coulibaly, qui comparaissait, vendredi 18 novembre 2011, devant ladite Cour pour meurtre requalifié en assassinat.

    Thiamy Coulibaly, un jeune paysan  vivait dans une situation financière désespérée et n’arrivait pas à subvenir à ses besoins. Il demandait incessamment de l’aide à ses frères. 

    A chaque fois, il se heurtait à la résistance de Nawé Coulibaly qui, bien que n’étant pas de la famille, s’interposait fréquemment entre lui et ses frères   et prenait un malin plaisir à l’humilier en public. Excédé par la conduite de Nawé, Thiamy prend alors la décision radicale, celle de le tuer afin de se venger des propos injurieux que lui avait proférés celui qui allait devenir sa victime.

    En témoignent ses derniers propos tenus  avec la victime : "tu ne sais pas de nous deux qui va mourir le premier. Sais-tu seulement ce que j’ai l’intention de faire ?".  Nous sommes donc dans la journée 26 juin 2010.

    Au  cours de la nuit, Thiamy se rend au domicile de Nawé avec un coupe-coupe. Il s’introduit dans la chambre de ce dernier et l’égorge. Après son forfait, il  alla informer les autorités du village qui l’ont conduit à la brigade de gendarmerie de Tominian.

    Vendredi, à la barre Thiamy reconnut formellement les faits qui lui sont reprochés et expliqua son geste par la volonté de se venger de celui qui ne cessait de l’humilier.

    Un aveu qui fait dire au représentant du ministère public que l’acte ayant été prémédité, la peine de mort devrait être appliquée.

    L’avocat de la défense, Me Malick Maïga a, quant à lui, demandé la clémence de la Cour et l’octroi de circonstances atténuantes compte tenu de la situation économique et sociale déplorable de son client.

    La Cour, ne reconnaissant pas l’existence de circonstances atténuantes  et constatant la préméditation, a suivi le ministère public dans son réquisitoire. Elle a donc condamné Thiamy Coulibaly à la peine de mort, le verdict le plus lourd depuis le début des assises. Il a trois jours pour se pourvoir en cassation.

    Pourtant, il y a quelque jours encore, dans une affaire similaire de meurtre aggravée par certaines circonstances notamment le nombre des assaillants qui était de trois, le moment du forfait : la nuit ; et la mutilation du corps de la victime : coupe de la jambe et de la tête, la sentence n’a été que de 5 ans de prison pour le ressortissant portugais et 3 ans pour son complice et le troisième purement acquitté. Avec le verdict de l’affaire Thiamy, le public n’a pas manqué de murmurer s’il n’y a pas une justice à deux vitesses, prenant à contre coup le principe de l’égalité des citoyens devant la loi ?

    Enfin,  cette affaire ne manquera certainement pas de relancer le débat sur la peine de mort au Mali. Il faut, cependant, noter que si la peine de mort est toujours en vigueur dans le Droit malien et  prononcée par les juridictions, elle n’est plus  exécutée en pratique depuis 1980. L’exécution de cette peine remonte à Mamadou Kéïta et Karuba Coulibaly, tous deux condamnés à mort pour meurtre, vol à main armée et autres délits. Ils avaient été fusillés le 21 août 1980.

    Or nous savons que les décisions de justice sont faites pour être exécutées, à quoi ça sert si elles doivent être des décisions de parade.

                               Kadididia Y KEITA

    Stagiaire



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