Le ministre Moussa Alassane Diallo dans Mali Kura Taasira : "L'État malien bien qu'actionnaire n'avait aucun contrôle sur Sukala et N-Sukala"
"Sukala et N-Sukala qui n'avaient jamais dépassé les 80 000 tonnes, ont produit 120 000 tonnes en 2024"

Le ministre de l'Industrie et du Commerce, Moussa Alassane Diallo était l'invité, le lundi 23 juin 2025, de la 3e édition de l'émission Mali Kura Taasira diffusée sur les ondes de l'ORTM au cours de laquelle plusieurs questions sectorielles ont été abordées lors de cet entretien notamment : lutte contre la vie chère, le mécanisme de contrôle des prix des produits de forte consommation ; la relance industrielle ; la transformation de nos produits locaux…
Dans ses propos introductifs, le ministre Diallo a souligné que son département a exclusivement en charge la mise en œuvre de l'axe 3 du Programme d'action du gouvernement (Pag), consacré à la satisfaction des besoins fondamentaux de nos populations dont un plan d'actions a déjà été élaboré, en concertation, avec tous les acteurs.
Répondant aux questions relatives au contrôle des prix sur les marchés, il a précisé que le dispositif de surveillance est déjà mis en place tout en donnant quelques détails concernant celui-ci. Il poursuivra que grâce à une cartographie nationale des marchés, la Direction générale du commerce, de la consommation et de la concurrence (DGCC) suit régulièrement le niveau des stocks et les prix afin d'anticiper d'éventuelles pénuries des produits sur le marché.
Quant à la flambée des prix de la viande, le ministre a fait savoir qu'en ce qui concerne la viande, dans le cadre de la sécurisation des grandes villes, notamment Bamako, Kati et d'autres localités du pays, il a été décidé de déplacer les parcs à bétail en dehors des zones urbaines.
Et d'ajouter que cette délocalisation a entraîné des difficultés d'approvisionnement des marchés et posé des problèmes de sécurisation des nouveaux centres et ces facteurs ont eu une répercussion sur le prix de la viande. Avant de préciser que, dans le cadre du Pag, des mesures sont prises par le ministère en charge de l'Élevage pour assurer la sécurisation de ces centres et la mise en place de dispositifs de transport de la viande vers les grandes villes.
Facteur énergétique
En ce qui concerne la flambée du prix du ciment, il indiqué que depuis mars 2025, il avait été convenu avec les cimenteries du pays de ramener le prix de la tonne à moins de 90 000 F CFA. Car, dit-il, après examen de la structure du coût de production présentée par les différentes cimenteries, il est ressorti un certain nombre de contraintes ne pouvant pas permettre une baisse substantielle du prix du ciment sur le marché parce que le principal facteur était lié aux questions énergétiques. Il a aussi saisi l'occasion pour insister sur le renforcement du dialogue entre le secteur. Avant de rappelé que le chef du gouvernement, à la suite d'une visite à la Chambre de commerce et d'industrie du Mali (CCIM), s'est engagé à rencontrer mensuellement les représentants du secteur privé afin d'aborder ensemble les préoccupations économiques du pays.
Par rapport à la campagne sucrière 2024-2025 notamment à Sukala et N-Sukala, l'invité du jour a laissé entendre que celle-ci poursuivait deux objectifs principaux à savoir : procéder à la réquisition de 25 000 tonnes de sucre pour anticiper sur le Ramadan 2025 ; mettre en lumière l'absence de contrôle de l'Etat sur ces deux sociétés. A cet effet, déclare-t-il, le gouvernement a fixé les prix du Kg du sucre local à 600 F CFA et à 650 F CFA pour le sucre importé.
Aucun contrôle sur Sukala
A en croire le ministre Diallo, l'Etat malien bien qu'actionnaire n'avait aucun contrôle sur Sukala et N-Sukala à partir du moment où celles-ci tiennent toute leur comptabilité en chinois ainsi que les états financiers. Aussi, la direction générale, commerciale et technique sont assurées par les Chinois. Donc, dans l'impossibilité de contrôler les sociétés sur le plan financier, nous avons abandonné la piste de la supervision sur la base des états financiers pour aller à la supervision sur des éléments physiques.
Pour ce faire, Il a instruit la direction régionale du commerce de Ségou, du début de la campagne sucrière jusqu'à la fin, de comptabiliser tous les sacs de sucre qui sortent quotidiennement de ces deux sociétés et transmettre les rapports.
Et de poursuivre que du lundi au dimanche, toutes les situations sont communiqués régulièrement. Ainsi, cette nouvelle approche a permis une augmentation significative de la production. "Sukala et N-Sukala, qui n'avaient jamais dépassé les 80 000 tonnes, ont produit 120 000 tonnes en 2024. Nous espérons atteindre 150 000 tonnes en 2025. Nous avons besoin de 350 000 tonnes pour rendre le Mali autosuffisant en sucre", a-t-il martelé.
S'agissant de la relance industrielle, il a rappelé les plus hautes autorités de la transition ont fait de l'industrialisation une priorité qui va permettre d'assurer le développement endogène de notre pays notamment notre capacité à assurer la production de nos biens de services, biens d'équipements et des biens de consommation.
C'est pourquoi la relance la Compagnie malienne du textile (Comatex) et de l'Usine malienne des produits pharmaceutiques (UMPP) s'inscrivent dans cette dynamique qui vise essentiellement à doter le Mali d'une capacité de production parce que par les programmes d'ajustement structurel que le Mali a connu dans les années 1980 avaient établi une cartographie des pays producteurs et ceux de consommation comme le Mali. Et d'ajouter les importations et les exportations n'ont développé qu'aucun pays. Pour cela, dit-il, le gouvernement de la transition compte faire du Mali un pays producteur.
Permettre aux Maliens de
A ses dires, la relance industrielle s'inscrit dans une dynamique plus large, celle de la promotion des grandes, moyennes et petites industries nationales, pour transformer nos produits locaux afin de permettre aux Maliens de nourrir les Maliens. "Promouvoir l'industrie n'est pas une urgence, c'est une exigence. Parce que c'est à travers l'industrie que nous allons créer de la valeur, des richesses, des emplois, garantir la redistribution et assurer la diversification de la base productive de notre économie", a laissé entendre M. Diallo.
Se prononçant sur le développement des unités industrielles, il a annoncé deux projets de filature qui ont déjà fait l'objet d'une étude de faisabilité dont l'un à Bamako avec une capacité de 50 mille tonnes, l'autre à Koutiala avec 25 mille tonnes. Et de poursuivre que le gouvernement est à la recherche des partenaires pour le financement de ces deux unités.
"C'est essentiel pour le Mali de transformer son coton. Nous produisons entre 500 000 et 700 000 tonnes de coton et seulement 2 % sont transformés. Cela un gâchis pour notre économie. Il faut mettre tout en œuvre, développer toutes les intelligences pour transformer notre coton sur place pour qu'il ait plus de valeur ajoutée", a renchéri le ministre de l'Industrie.
Sur la question du développement, le ministre Diallo a surtout insisté sur l'importance des petites et moyennes industries (PMI) dans notre tissu économique. Et d'annoncer qu'une politique dédiée au développement des PMI sera prochainement soumise au gouvernement.
Boubacar Païtao
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