Le Mali des crises : Notre pays est-il un pays ingouvernable ?

Depuis des siècles, le Mali porte les grands idéaux de dignité, de concorde, de courage, d'humanisme. Aujourd'hui, force est de constater malheureusement que ces idéaux sont en panne. Des valeurs comme la responsabilité, "nièmogo gnouman ya" et le sérieux "sébè" ont tendance à disparaitre dans nos actes quotidiens

11 Octobre 2025 - 08:48
11 Octobre 2025 - 08:48
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Le Mali des crises : Notre pays est-il un pays ingouvernable ?

En effet, de l'indépendance du Mali le 22 Septembre 1960 à nos jours, le Mali fait l'objet d'instabilités de ses premières institutions. Tous les présidents qui ont dirigé ce pays ont fait l'objet de contestations, voire de destitution de la plupart d'entre eux. Ce qui m'a poussé à mener des réflexions afin de comprendre ce phénomène, l'analyser et voir s'il peut y avoir des solutions.

Pour ma part, les causes de ces instabilités sont d'ordre astrologique. Je crois fermement à l'influence des astres sur les événements terrestres. Pour cela, les dates sont déterminantes dans ce qui arrive en bonheur ou en malheur à un individu ou à une société.

Partant de cette considération, je trouve la date d'indépendance tout comme le nom Mali responsables de ces instabilités récurrentes. L'indépendance du Mali fut proclamée le jeudi 22 septembre 1960 et le pays fut baptisé au nom d'un animal aquatique appelé "Mali", en français "Hippopotame".

Dans la cosmogonie bambara, la date du 22 septembre coïncide avec la pénétration de la lune dans les ténèbres. Pour les Bambaras, ce moment n'est pas propice à l'entreprise d'aucune action susceptible de déterminer le destin de l'homme ou de la société. Quant à l'hippopotame, il est un animal inactif et très lourd dans ses mouvements. Il symbolise l'inertie.

Il est notoirement constaté que chaque fois qu'un nouveau président accède au pouvoir, il est applaudi par les Maliens. Ils voient en lui un homme providentiel capable de résoudre tous les problèmes qui les assaillent dans la vie. Ils jettent l'anathème sur l'ancien président. Mais à quelques années de gestion du nouveau président, les problèmes demeurent sans solutions. Alors ils commencent à décrier le président en exercice. Il devient le problème et non la solution.

Des voix s'élèvent pour exiger son départ du pouvoir. Les mouvements de contestations sont organisés partout dans le pays. Ils regrettent aussitôt l'ancien président et voient en celui-ci une victime. La foule scande : "kôrôlên ka fangan kâ fîsâ ni kura ye". Traduction : "L'ancien régime vaut mieux que le nouveau régime".

A titre de rappel : de 1960 à 2025, notre pays a été dirigé par 9 présidents dont 5 présidents de la République et 4 présidents de Transition. Il s'agit de :

- Feu Modibo Kéïta : du 22 septembre 1960 au 19 novembre 1968,

- Feu le général d'armée Moussa Traoré : du 19 novembre 1968 au 26 mars 1991,

- Feu le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré : du 26 mars 1991 au 8 juin 1992,

- Alpha Oumar Konaré : du 8 juin 1992 au 8 juin 2002,

- Feu le général d'armée Amadou Toumani Touré : du 8 juin 2002 au 22 mars 2012,

- Pr. Dioncounda Traoré : du 12 avril 2012 au 4 septembre 2013,

- Feu Ibrahim Boubacar Kéita : du 4 septembre 2013 au 18 août 2020,

- Colonel à la retraite Bah N'Daw : du 25 septembre 2020 au 24 mai 2021,

- Le général d'armée Assimi Goïta : du 24 mai 2021 à nos jours.

Parmi ces 9 présidents, trois seulement ont été démocratiquement élus aux suffrages universels directs (Alpha Oumar, ATT et IBK). Alpha Oumar Konaré est aussi le seul à faire la passation pacifique du pouvoir à son successeur.

Les premières instabilités ont débuté avec feu Modibo Kéita, premier président du Mali indépendant. Pétri dans le moule du panafricanisme, Modibo a fondé la Fédération du Mali avec le président Léopold Sédar Senghor du Sénégal.

A cause des divergences de vue de la marche de la Fédération du Mali, celle-ci éclata le 20 juin 1960 et Modibo est temporairement arrêté par les autorités sénégalaises. A l'annonce de son arrestation, le peuple malien s'est mobilisé comme un seul homme pour exiger sa libération.

Face à cette pression, les autorités sénégalaises le libèrent. Il rallie Bamako par train-voyageurs. Le président et sa délégation sont accueillis à la gare ferroviaire de Bamako par une foule enthousiaste. Dans le feu de l'action, Modibo Kéita convoque le congrès extraordinaire de l'Union soudanaise-RDA.

A l'issue de ce congrès, l'indépendance du Mali fut proclamée le jeudi, 22 septembre 1960. Le Soudan français devient le Mali et Modibo Kéita devient ainsi le premier président du Mali indépendant. Huit ans après son accession au pouvoir, Modibo fut renversé le 19 novembre 1968 par un coup d'Etat perpétré par un groupe de militaires organisés au sein du Comité militaire de libération nationale (CMLN). Ce Comité était dirigé par le jeune lieutenant Moussa Traoré.

Pour justifier son acte, le CMLN accuse Modibo d'avoir l'intention de dissoudre l'Assemblée nationale par anticipation. Les Maliens accueillent ce coup d'Etat avec la même ferveur que son retour de Dakar en juin 1960. La foule scandait des slogans hostiles à Modibo et à son régime. Pis, ce panafricaniste hors-pair est déchu de son statut d'ancien président de la République. Cela a été matérialisé par un communiqué laconique radiodiffusé annonçant son décès le 17 mai 1977 comme un "ancien instituteur à la retraite" au lieu d'ancien président de la République.

Des dissensions naissent au sein du CMLN à propos de la gestion du pouvoir. Moussa Traoré met sur les fonts baptismaux l'Union démocratique du peuple malien (UDPM), un parti unique de fait. Son régime bascule dans la dictature. Après plus de 23 ans de gestion, le général Moussa est atteint par l'usure du pouvoir. Des contestations populaires éclatèrent en 1991 à Bamako sous l'égide des acteurs du Mouvement démocratique.

Au même moment, une rébellion sévit au nord du Mali. Moussa Traoré ne résiste pas à la conjugaison de ces différentes crises. Il fut renversé le 26 mars 1991 par un groupe de militaires avec à sa tête le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré (ATT). Un Comité de transition pour le salut du peuple (CTSP) est créé avec les acteurs du Mouvement démocratique.

Après quelques mois de gestion du pouvoir, ATT est confronté à des contestations à travers des marches et des grèves. Agacé par ces manifestations, ATT instruit aux Maliens de "marcher jusqu'à Gao". Et plus loin, il dit : "fâtô ni naloma dè bè sè ka  Mali mara". Traduction : "Il faut être un fou ou un idiot pour diriger le Mal". En février 1992, ATT dote le Mali d'une nouvelle Constitution. Des élections générales (municipales, législatives et présidentielles) sont organisées.

L'Adéma/Parti africain pour la solidarité et la justice (Adéma/PASJ) sort vainqueur de ces scrutins. Son candidat, Alpha Oumar Konaré est élu président de la République. Ce dernier est investi le 8 juin 1992 dans ses fonctions de président. Durant son premier quinquennat, Alpha Oumar a fait face à des crises politico sécuritaires et sociales.

Des crises naissent au sein de sa propre formation politique par rapport à la gestion du pouvoir. Il est aussi contesté par certains de ses anciens compagnons acteurs du Mouvement démocratique. Ceux-ci s'alignent avec les héritiers de feu Moussa Traoré pour créer le Collectif des partis politiques de l'opposition (Coppo).

Des militants de l'Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) brûlent le 5 avril 1994 le siège de l'Assemblée nationale. Entre-temps, Alpha est réélu pour le 11 mai 1997 pour un second mandat de 5 ans. Au terme de son 2e quinquennat, Alpha Oumar fait la passation pacifique du pouvoir à son successeur ATT.

Ce dernier vient ainsi de signer son "come-back" au pouvoir suite à son élection en 2002. Celui-là même qui déclara en 1991 qu'il faut être un fou et un idiot pour accepter de gouverner le Mali. ATT est confronté une seconde fois à la rébellion qui sévit au nord du Mali portée par le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et animé par certains indépendantistes irrédentistes touaregs avec derrière des sponsors étrangers.

A trois mois de la fin de son 2e mandat, l'incertitude plane sur l'organisation des élections présidentielles à date échue. Des jeunes sous-officiers et hommes de rang mécontents de la façon dont la crise sécuritaire du Nord du Mali est gérée par la hiérarchie, font une mutinerie qui aboutira au renversement du président ATT. Ils s'organisent en Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l'Etat (CNRDE) dirigé par le capitaine Amadou Haya Sanogo. Ainsi, le Mali perd les 2/3 de son territoire.

A l'annonce du renversement d'ATT, des milliers de messages de soutien au CNRDE et à son président viennent de toutes les couches socioprofessionnelles.

ATT s'exile au Sénégal. Sous les pressions à la fois de la communauté internationale et de groupements de partis politiques opposés à ce coup d'Etat contre ATT, les jeunes militaires acceptent le retour à l'ordre constitutionnel normal.

Le président de l'Assemblée nationale en la personne de Pr. Dioncounda Traoré est investi président par intérim de la République. Ce retour à l'ordre constitutionnel n'a pas empêché les manifestations de continuer sans relâche. Dans ce climat délétère, un groupe de jeunes excités marchent sur le Palais présidentiel et frappent le président jusque dans son bureau de Koulouba.

La présidence par intérim de Dioncounda Traoré prend fin avec l'élection en 2013 de feu Ibrahim Boubacar Kéita (IBK), candidat du Rassemblement pour le Mali (RPM) au poste de président de la République avec plus de 77 % des suffrages exprimés. Un score jamais égalé dans l'histoire du Mali démocratique.

Malgré cette majorité confortable, IBK a fait l'objet de contestations de la part de ses anciens collaborateurs. Il fait face à des crises sécuritaires multidimensionnelles et complexes dans le Centre du pays. Au centre du pays, des villages entiers (dogons et peuls) sont rayés sur la carte du Mali. Des marches et meetings s'organisent contre lui sur le boulevard de l'Indépendance à Bamako.

Ces contestations sont organisées sous l'égide du Mouvement du 5-Juin/Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP). Elles vont crescendo contre IBK. Dans cette atmosphère tendue, IBK, sur injonction d'un groupe de militaires composé de 5 colonels, dissout l'Assemblée nationale qui venait d'être renouvelée, suivie de sa propre démission. Les 5 colonels s'emparent du pouvoir pour "parachever", selon leurs dires, l'œuvre du peuple.

La majorité écrasante qui l'a élu en 2013 est restée silencieuse, le laissant à son propre sort. Les 5 colonels créent le Comité national du salut du peuple (CNSP) avec comme président le colonel Assimi Goïta. Tout comme leurs prédécesseurs, ils sont ovationnés et même considérés comme des messies qui, avec une baguette magique, résoudront tous les problèmes du pays surtout ceux sécuritaires parce qu'ils sont des militaires.

Auparavant, IBK qui avait poursuivi ATT pour "haute trahison" abandonne les charges contre celui-ci. Ce qui met fin à son exil de Dakar. Au retour de Dakar, ATT est accueilli par une marée humaine à l'Aéroport international-Président Modibo Kéita/Sénou. En réponse à cette mobilisation massive des Maliens, ATT leur dit : "Le jour de mon départ sur Dakar, si cette foule s'était mobilisée comme elle l'a fait aujourd'hui, je ne serai pas parti en exil". Une manière de dire aux Maliens leur manque de solidarité au moment quand leur président est en détresse alors qu'ils l'applaudissent le jour de son accession au pouvoir.

Quant au capitaine Amadou Aya Sanogo, nommé général de corps d'armée, il est arrêté et placé sous mandat de dépôt comme présumé coupable de la disparition de 21 bérets rouges. Son arrestation s'est opérée devant cette masse qui lui a apporté un soutien populaire par des milliers de motions les jours qui ont suivi son coup d'Etat. Amadou Aya n'a pas non plus senti la solidarité de ses supporteurs d'antan.

La communauté Internationale par l'entremise de la Cédéao exerce des pressions sur les 5 colonels les contraignant à désigner à la présidence de la Transition le colonel à la retraite Bah N'Daw. Dans la foulée, ils dissolvent le CNSP. Bah N'Daw nomme comme Premier ministre Moctar Ouane (ancien ministre des Affaires étrangères d'ATT). Les dirigeants du M5-RFP ont désapprouvé ces nominations car, ils les considèrent comme une confiscation de leur victoire.

Pour eux, ni le président de la Transition, ni son Premier ministre ne sont l'émanation de la lutte populaire. Alors, les diatribes sont proférées à l'encontre des militaires par son porte-parole. Des plaintes sont formulées par son entremise contre le décret de nomination des membres du Conseil national de transition (CNT).

Les dossiers des martyrs de juillet 2020 sont constamment évoqués pour demander justice envers ces victimes. Entre-temps, "l'autorité morale" du M5-RFP prend une retraite voilée et retourne dans sa mosquée.

Dans une tentative de remaniement ministériel du gouvernement de Moctar Ouane, des ténors du groupe des 5 colonels sont limogés du gouvernement par le président de la Transition. Ce qui a créé chez les colonels un sentiment de trahison de la part de Bah N'Daw qu'ils déposèrent le 24 mai 2021.

Le colonel Assimi Goïta est désigné président de la Transition et prête serment le 7 juillet 2021 devant la Cour suprême. Dans le sillage de la prestation de serment d'Assimi Goïta, le porte-parole du M5-RFP est nommé au poste de Premier ministre. Du coup, les diatribes ont cessé et les dossiers des victimes de juillet 2020 ne sont plus évoqués. Sa plainte contre le décret de nomination des membres du CNT est jetée dans les placards. Une façon de dire : "J'ai atteint mon objectif, car je suis le meilleur, donc je me tais. Avec moi, le pays marche bien".

Quand le M5-RFP accède à la Primature, le mouvement est contaminé par le virus de la division tout comme les autres mouvements de changement qui lui ont précédé. Trois tendances se créent et chacune d'elle revendique la paternité du M5-RFP. Une fois encore la gestion du pouvoir divise les protagonistes du changement.

Dans la marche de la Transition, le gouvernement organise les Assises nationales de la refondation (ANR) avec la participation de la diaspora. Les résolutions des assises demandent l'élaboration d'une nouvelle Constitution. Cette nouvelle Constitution soumise au référendum est votée puis promulguée par le président de la Transition le 22 juillet 2023.  Au fil du temps, des dissensions sont nées entre le Premier ministre et les 5 colonels qui le destituent de la Primature en décembre 2024.

Du coup, il reprend son combat contre les autorités de la Transition. Il se souvient subitement qu'il y a des arrestations arbitraires pour délits d'opinion, qu'il faut dépoussiérer le dossier des martyrs de juillet 2020, que les partis politiques ont de l'importance après les avoir vilipendés. A cause de lui, le financement public des partis politique est suspendu puis annulé.

Dans son combat contre les groupes armés terroristes (Gat), le Mali s'allie avec ses voisins du Burkina Faso et du Niger confrontés eux aussi aux mêmes défis sécuritaires que lui. Ils fondent ensemble la Charte du Liptako-Gourma. De cette union est née l'Alliance des Etats du Sahel (AES).

Assimi Goïta, à l'instar de ses pairs de l'AES, initie les Assises nationales et de la diaspora sur la situation des partis politiques. Les leaders des partis politiques boycottent ces Assises parce qu'ils les considèrent antidémocratiques et contraires à l'Etat de droit. Aussi, ils estiment que ce sont des stratagèmes pour le pouvoir de légitimer la dissolution des partis politiques légalement constitués et reconnus par la nouvelle Constitution.

A l'issue de ces Assises, des recommandations sont formulées allant dans le sens de la dissolution des partis politiques, du durcissement des critères de création des partis politiques, de la prorogation des mandats de tous les organes de la Transition de 5 ans renouvelables à compter de 2025, l'octroi au général d'armée Assimi Goïta le statut de président de la République.

En application de ces recommandations, un décret présidentiel est pris pour abroger la loi portant Charte des partis politiques. Le vote de ce décret par le CNT a entrainé ipso facto leur dissolution. Une autre décision est prise pour interdire les activités des associations et organisations à caractère politique. Alors, deux camps s'affrontent sur la question.

D'une part, les partisans des résolutions des Assises nationales qui les considèrent comme étant l'émanation de la volonté du peuple. Et d'autre part, les leaders politiques qui estiment que le décret d'abrogation de la charte des partis politiques viole la nouvelle Constitution. Ce quiproquo abouti à l'organisation des conférences de presse, des meetings et des déclarations sur les réseaux sociaux de la part de ces derniers.

Ainsi, le général d'armée Assimi Goïta fait face aux premières contestations politiques de son pouvoir. Elles sont portées par ses anciens partenaires du M5-RFP dont certains responsables étaient membres ou représentés au sein du gouvernement du premier sortant.

A regarder de près, toutes ces contestations des différents présidents de la République du Mali ont un dénominateur commun : la défense de l'intérêt supérieur du peuple malien. Elles commencent toujours par la capitale et se propagent à l'intérieur du pays puis atteignent la diaspora.

De mon point de vue, l'argument évoqué par certains dirigeants pour contester les présidents en exercice est une insulte à l'intelligence des Maliens. Car, il suffit qu'un contestataire du régime en place accède à un poste de responsabilité pour que tout devienne rose. Tout va bien. Le pays est sur une bonne voie. Ils ne tarissent pas d'éloges à l'endroit du "Prince du jour". Mais, une fois qu'il quitte son poste, alors, il voit tout en ténèbres.

Le pays va mal et il commence à égrener un chapelet de solutions en oubliant qu'il faisait partie des décideurs avant d'être remercié. C'est à ce spectacle que nous assistons aujourd'hui sur la scène politique. Ce genre de comportement qui est atypique aux Maliens a fait que le citoyen lambda a une perception négative de l'homme politique. Tous ces vacarmes se font au nom du peuple malien. Et pourtant le vrai peuple souffre le martyre.

La masse laborieuse qui travaille de jour comme de nuit ne profite pas du fruit de son labeur. Il y a une disparité en termes de développement entre les villes et les campagnes. Les richesses nationales sont inégalement réparties entre les différentes couches sociales. Or, chaque camp situe son combat dans la défense des intérêts supérieurs du peuple. Alors, qui est le vrai peuple ? Où se situe-t-il ? Qui et qui de ces deux camps défendent mieux ses intérêts ?

Dans cet imbroglio politique, la justice est accusée à tort ou à raison d'être au service du pouvoir en place.

Il est de coutume d'entendre que l'histoire ne se répète pas. Cette assertion est en passe d'être démentie dans le cas malien. De 1968 à nos jours, l'histoire s'est répétée plusieurs fois en ce qui concerne les contestations, voire le renversement dans certains cas des présidents de la République ou de Transition.

Tous les présidents qui se sont succédés à la tête du pays ont été contestés d'une manière ou d'une autre. Ce qui a fait dire à certains observateurs que chaque peuple mérite son dirigeant. De surcroit, le Malien a toujours regretté ses anciens présidents. Pourquoi ? Je laisse la réponse à cette question aux astrologues, historiens, politologues, socio-anthropologues, hommes de droit, chercheurs et détenteurs des pouvoirs mystiques de notre pays.

Dans leurs stratégies de contestations, les initiateurs utilisent les jeunes pour faire aboutir leurs revendications. Ces jeunes sont les premières victimes de ces luttes des clans à cause de leur vulnérabilité qui s'expliquent par des difficultés d'accès à un emploi décent, à des logements sociaux, à l'insécurité alimentaire, que sais-je encore ?

Chaque mouvement prend le pouvoir pour et par les jeunes. Mais une fois le pouvoir acquis, les jeunes sont laissés pour compte. Il n'y a pas assez de projets structurés les concernant.

Ce qui est pire et anormal à mes yeux, c'est que la quasi-totalité des dirigeants initiateurs des mouvements de contestations ne mobilisent pas leurs propres progénitures pour mener la lutte. Ce sont les enfants des parents à faibles revenus qui sont mobilisés pour la cause en leur miroitant un avenir radieux dès qu'il y a le changement de régime. Mais une fois la victoire assurée, les enfants des responsables initiateurs des contestations sont les premiers à bénéficier du fruit de la lutte au détriment des vrais jeunes acteurs des mouvements.

L'espoir des jeunes s'estompe, l'avenir s'assombrit devant eux et les problèmes de la nation demeurent sans solutions durables. C'est l'éternel recommencement. Or, une société qui se coupe de ses jeunes rompt son lien vital ; elle est condamnée à être saignée à blanc. Les décideurs sont les gardiens de ce lien vital ; nourrissez-le, développez-le, fortifiez-le !

En rappel, la porte-parole de la Jeunesse africaine disait lors du 1er Forum de la jeunesse africaine et de sa diaspora tenu à Bamako au mois de novembre 2005 que "si le politique ne s'occupe pas de la jeunesse, la jeunesse va s'occuper du politique". C'est à cela que nous assistons un peu partout sur le continent africain avec des mouvements de rejet des présidents qui n'ont pas encore assimilé la leçon.

Il est de coutume d'entendre que "l'exception fait la règle". Dans le cas malien, le général d'armée Assimi Goïta pourra-t-il être l'exception à cette spirale d'instabilité de nos premières institutions ? Attendons la suite !

Moussa Diakité

Fils d'un ancien combattant des guerres d'Indochine et d'Algérie

Domicilié à Missabougou Commune VI, BamakoTél. : 76 30 13 55/ 52 30 40 5

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