Terrorisme au Sahel : qui arme et finance les groupes radicaux ? Le regard sans détour du Dr Aly Tounkara

Alors que les attaques terroristes se multiplient au Mali et dans le Sahel, les questions autour du financement et de l’armement des groupes radicaux violents reviennent avec insistance. Dans un entretien exclusif sur l’ORTM, le chercheur Dr Aly Tounkara apporte un éclairage lucide sur les origines, les complicités et les enjeux géopolitiques qui alimentent cette nébuleuse.

12 Juillet 2025 - 00:59
11 Juillet 2025 - 23:01
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Terrorisme au Sahel : qui arme et finance les groupes radicaux ? Le regard sans détour du Dr Aly Tounkara
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Terrorisme au Sahel : qui arme et finance les groupes radicaux ? Le regard sans détour du Dr Aly Tounkara

Selon le Dr Tounkara, les récentes attaques coordonnées des groupes terroristes ne sont pas des actes isolés, mais le fruit d’une stratégie bien huilé : saper le moral des troupes, délégitimer les victoires militaires récentes et inciter les populations à se retourner contre les autorités de transition. Ces assauts cherchent à provoquer une fracture interne, en semant le doute dans les rangs militaires comme au sein de l’opinion publique.

Financements : un système à plusieurs niveaux

Sur la question cruciale du financement, le Dr Tounkara évoque un réseau complexe mêlant sources internes et externes. Certaines factions de l’État islamique ou des groupes affiliés à l’islam radical ont été repérées récemment en Libye et même en Ukraine, d’où ils auraient importé des techniques avancées d’usage de drones sur les terrains d’affrontement sahéliens.

« L’hypothèse d’un soutien étatique à ces groupes radicaux ne peut plus être exclue du champ scientifique », affirme-t-il. Les tensions géopolitiques actuelles offrent d’ailleurs un terreau favorable à ce type d’ingérence.

Un environnement régional ambigu

Les États du Sahel se retrouvent aujourd’hui encerclés par des voisins au positionnement parfois trouble. Certains pays, sans s’impliquer ouvertement, offrent des zones de repli aux groupes armés, voire alimentent en armes les filières terroristes.

« Il faut regarder comment certains États traitent des individus qui tiennent des discours hostiles à l’encontre du Mali », alerte le chercheur. À l’instar de cas observés en Algérie ou aux États-Unis, il estime que tout État qui protège ou héberge des soutiens du terrorisme devient complice du conflit en cours.

Une résilience locale à prendre en compte

En parallèle des enjeux internationaux, les financements locaux ne sont pas à négliger. Les groupes armés prélèvent des taxes sur les animaux, sur les maigres revenus des populations, et imposent des paiements aux migrants sur les routes clandestines menant vers l’Europe.

Autrefois considérées comme de simples hypothèses, ces dynamiques locales sont aujourd’hui documentées. Les alliances entre contrebandiers, extrémistes et réseaux mafieux se consolident sur le terrain.

Des réponses militaires en mutation

Face à cette menace complexe, le Dr Tounkara observe un changement de paradigme dans la riposte malienne. Les maillages sécuritaires s’intensifient, les équipements s’améliorent, et une nouvelle génération de commandants militaires prend la relève.

Malgré les risques d’attaques futures, l’expert reste optimiste : « Les réponses actuelles, bien que tardives, sont à la hauteur de la menace. Et elles pourraient durablement affaiblir les capacités des groupes terroristes. »

La rédaction de Maliweb.net

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