Entre Nous : D’une chute à l’autre !
Le 19 août 2025, soit cinq (5) ans après le renversement du Président Ibrahim Boubacar Kéita, Dr Choguel Kokalla Maïga a été placé sous mandat de dépôt par la Chambre d’instruction de la Cour suprême du Mali.

Voici le communiqué rendu public par son Conseil, Maître Cheick Oumar Konaré : « Après une garde à vue qui a duré du 12 au 19 août 2025 au Pôle économique et financier, l'ancien Premier ministre Choguel Maïga a été présenté, ce mardi 19 août 2025, à la Chambre d'instruction de la Cour suprême. Celle-ci lui a notifié les faits d'atteinte aux biens publics que lui reproche le réquisitoire du procureur général et a décidé de le placer sous mandat de dépôt. Choguel Maïga se dit serein et estime qu'un homme politique doit s'attendre à tout, y compris la prison et la mort. Il se réjouit très fortement du fait que son ancien directeur de cabinet, le Professeur Issiaka Ahmadou SINGARE, âgé de 80 ans, soit poursuivi non détenu dans le même dossier ».
En effet l’ex-chef du gouvernement et Président du M5-RFP, fer de lance de la contestation populaire contre le régime du Président IBK, avait passé la semaine d’avant dans les locaux du Pôle national économique et financier, en compagnie de certains de ses anciens collaborateurs. Un si haut responsable du pays gardé aussi longtemps à vue pour être finalement inculpé? Sauf oubli de notre part, c’est bien une première dans les annales de la justice malienne.
D’une chute à l’autre ! La mise sous mandat de Dr Choguel Kokalla Maïga marque la chute d’un ex-allié des militaires, qui aura pourtant usé de toute son intelligence, de ses "stratégies" pour les faire accepter par une frange importante de la population. Détail troublant : son incarcération coïncide avec le cinquième anniversaire de l’irruption du Comité national pour le salut du peuple sur la scène publique. Simple coïncidence ?
Pour divers chefs d’inculpation, Issa Kaou Djim, Pr Clément Dembélé, Adama Diarra, alias Ben Le Cerveau et Tahirou Ba sont en prison. Boubacar Karamoko Traoré, Abdel Kader Maïga et Me Mohamed Aly Bathily ont aussi effectué un séjour dans l'univers carcéral au cours de cette même transition. L’imam Dicko et Dr Mariko vivent en exil.
«La révolution» se retourne contre ses propres acteurs. Après en avoir fini avec ses enfants, la voici en train de dévorer ses pères. La trahison des idéaux initiaux de la lutte de 2020 n’est pas étrangère à cet état de fait. Dans un article mis en ligne, le 29 octobre 2021 sur le site de Jeune Afrique, Ben Le Cerveau rappelait une citation du dirigeant chinois, Mao, selon laquelle «une révolution inachevée est pire qu’un cancer. Il mange ses fils et sème le désespoir».
Les ennuis judiciaires de l'idéologue et architecte de "la rectification de la trajectoire de la transition" constituent une leçon pour toute personne appelée à assumer une parcelle de responsabilité, y compris ceux qui exercent actuellement le pouvoir. Car les dirigeants d’hier peuvent être les prisonniers d’aujourd’hui et les dirigeants d’aujourd’hui pourraient se retrouver dans les geôles demain. Car personne ne sait de quoi demain sera fait !
Chiaka Doumbia
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