Lettre à grand-père : Perdus en chemin ?
Je me rappelle, cher grand-père, il n’y a pas longtemps, en 2018 tout près, le Mali entier était dehors pour dire : Stop au pouvoir exorbitant que prônait le projet de constitution pour le président de la République. « An Tè A bana » ! « On dit Non, c’est tout » ! Un slogan national pour stopper le projet de révision constitutionnelle.

Bien avant, les réflexions étaient en cours pour diminuer le pouvoir du président. Pour plusieurs Maliens, le président était omnipotent et irréversible. Il fallait l’alléger un peu. Puiser dans son pouvoir pour en donner un peu à l’Assemblée. Et enlever sa main dans la judiciaire pour que la Cour suprême et constitutionnelle ne lui soient redevables.
Avant tout cela, le débat était avancé qu’il fallait renforcer les élus locaux. Il fallait donner à nos collectivités leur autonomie dans l’élaboration de certaines politiques et leur gestion. Il fallait permettre aux collectivités d’élaborer des politiques de vision et aussi les exécuter. Et que le gouvernement soit arbitre. Le suivi-évaluateur.
On était avancé jusqu’à refuser des élections tripatouillées et dire non à tout projet de séquestration du pouvoir et des institutions par qui que ce soit. On savait même prédire. Lire dans les pensées afin d’empêcher tout président en fin de mandat qui veut se faire succéder par son fils ou son Premier ministre.
C’était normal de sortit au boulevard pour demander des comptes sur nos ‘’mougan-mougan’’, pardon, ‘’soubahanalah’’, pour demander des comptes sur la sécurité. On ne se limitait plus à forcer des interpellations devant l’Assemblée nationale, mais on exigeait des démissions. Notre voix ne portait pas seulement, c’était la voie.
Oui grand-père, on avait commencé déjà à rêver des élus du plus profond de nos terroirs, venir au congrès en députés ou sénateurs, discuter les problèmes du fond du pays. Pas que seulement ceux qui vivent les faits derrière leurs petits écrans. On voulait ça déjà. Des collectivités renforcées, des vraies institutions pour trouver des solutions.
Et par cela, on avait déjà pensé que la science, la politique et la force allaient mutualiser leurs efforts pour vaincre l’ennemi par la lumière, la justice et à la rigueur, les armes. Mais non grand-père, tout semble se passer comme si nous nous sommes perdus de chemin. Nous voilà, atterris là où, tout est décret et le décret peut tout. Ma 305ème lettre. A mardi Inch’Allah !
Lettre de Koureichy
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