Entre Nous : Quid de l’espoir ?
18 août 2020-18 août 2025 ! Il y a exactement cinq ans, le Comité national pour le salut du peuple (Cnsp) apparut à la télévision nationale pour annoncer la fin du régime du Président Ibrahim Boubacar Kéita.

Quelques heures auparavant, pendant que la rue était noire de manifestants contre son régime, ce dernier avait mis aux arrêts à sa résidence de Sébénikoro, en compagnie de son Premier ministre, Dr Boubou Cissé. Conduit au Camp Sunjata de Kati, il annonça, tard dans la nuit, sa démission, ainsi que la dissolution des institutions républicaines.
L'irruption du Cnsp sur la scène publique est consécutive aux manifestations quasi-insurrectionnelles du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces patriotiques (M5-RFP) qui avaient atteint une ampleur sans précédent ce jour-là. Elle a été saluée comme un parachèvement de la lutte contre la mal gouvernance du régime d’IBK.
Dans la première déclaration télévisée du Cnsp, son porte-parole, Colonel major Ismaël Wagué, déclarait : «nous ne tenons pas au pouvoir, mais nous tenons à la stabilité du pays qui nous permettra d’organiser dans les délais consentis des élections générales pour permettre au Mali de se doter d’institutions fortes, capables de gérer au mieux notre quotidien et restaurer la confiance entre les gouvernants et les gouvernés». Le mercredi 19 août 2020, le Colonel Assimi Goïta rencontrant les secrétaires généraux des départements ministériels au ministère de la Défense et des Anciens combattants, s’est présenté au monde comme le Président du Cnsp. «Nous, on n’a aucune ambition politique. Nous sommes des soldats. Nous avons d’autres …..qui nous attendent. Notre objectif c’est, très vite à travers les différentes rencontres avec les différents groupes sociaux politiques, transférer rapidement le pouvoir à une transition civile», a-t-il confié à la presse après cette rencontre.
Cinq ans après le coup d’Etat du 18 août 2020, que retenir en termes de satisfaction des attentes fortement exprimées par cette frange importante de la population qui est descendue dans la rue pour réclamer le changement ? Quid de la réalisation des engagements pris par les nouvelles autorités ? Quel est l’état des libertés fondamentales au Mali?
Cinq ans après, le pouvoir d’Etat est entre les mains des militaires. Le M5-RFP est écarté de la gestion de la transition. Les grands meneurs de la contestation populaire sont soit en prison soit en exil soit réduits au silence. L’autorité morale du M5-RFP, l’Imam Mahmoud Dicko, est en exil. Un autre de ses ténors, Dr Oumar Mariko, est aussi en exil. Pr Clément Dembélé, Issa Kaou Djim et Adama Diarra dit Le Cerveau sont en prison. Les partis politiques et les associations à caractère politique sont dissous. L’ancien Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga, Président du Comité stratégique du M5-RFP, a de sérieux ennuis judiciaires.
Cinq ans après le coup d’Etat de 2020, les petits aventuriers du Mnla ont été chassés de Kidal, mais la situation sécuritaire s’est métastasée avec la réorganisation stratégique des groupes armés djihadistes. L’opération Barkhane est chassée du pays. La Minusma aussi. Le Mali n’est plus membre de la Cédéao. Il est cofondateur de l’Alliance des Etats du Sahel.
Cinq ans après la chute d’IBK, nombreuses restent les interrogations voire les inquiétudes quant à l’espoir d’un Mali nouveau.
Par Chiaka Doumbia
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