Mme Rose Bouzaid, Présidente de l’Association «La Vie en Rose» : Une vie dédiée aux couches les plus vulnérables

Mieux encore, le plus grand plaisir de cette dame fort dynamique et fort engagée, est de donner le sourire aux couches les plus vulnérables de la société malienne. Au cœur de ses tâches principales, la défense des droits humains pour mieux protéger les femmes et les filles du Mali.

D’un commerce agréable et très empathique, Mme Rose Bouzaid nous reçoit, le jeudi 14 août 2025 aux environs de 17 heures, dans la cour de l’Union malienne des aveugles du Mali (UM AV). Derrière les lunettes fines de cette femme de teint clair qui a une certaine aisance à articuler les mots, en français comme en bambara, se cache un esprit brillant, une militante engagée. Depuis vingt (20) ans, la Présidente de l’Association « La Vie en Rose » œuvre dans l’humanitaire, en essayant de donner le sourire à ceux et celles qui en ont besoin. Dès l’enfance, Mme Rose Bouzaïd s’est laissée séduire par le dévouement de son père, Monsieur Henri Bouzaid, à servir les plus pauvres. « Ça doit être inné chez moi. Mon père était quelqu’un de très généreux. De Mopti à Fana, il distribuait tout ce qu’il gagnait », nous confie-t-elle en se souvenant des appuis apportés par son père aux plus démunis au dispensaire de Fana en leur achetant des médicaments. « Je l’ai vu faire. Je ne pouvais que perpétuer son acte », justifie la fille du sieur Bouzaid.  Elle trouve un grand plaisir à transformer les souffrances des gens en bonheur. Ce qui traduit son engagement auprès des jeunes aveugles sur la base d’un cadre très clair de collaboration entre l’UM AV et son association. Et cela toute transparence !

« L’UMAV, c’est ma deuxième maison »

« Le Comité des jeunes aveugles est venu me chercher. Au départ, je voulais que la rencontre se tienne au siège de mon association mais les jeunes ont insisté pour que je vienne ici. Finalement, je suis venue. Et c’était le piège car j’ai été choquée par leur situation….», relate-t-elle. La Présidente de l’association « La vie en Rose » a accepté d’être « la Maman » pour les jeunes aveugles. « Depuis, c’est devenue ma deuxième maison », annonce-t-elle. Immédiatement, elle a porté sa robe de « Marraine» pour améliorer les conditions de vie et de travail des pensionnaires (450 enfants non-voyants et malvoyants) de l’UMAV. Mme Rose Bouzaid ne se fatigue jamais à prendre son bâton de pèlerin pour solliciter les bons samaritains. Actuellement, l’UM AV est en train de changer de visage avec des chantiers en cours. Les vieux bâtiments où des fissures laissent pénétrer de l’eau sont en pleine rénovation.  Chaque jour, elle se rend à l’UM AV pour suivre les chantiers. « Je ne peux pas passer une journée sans venir ici », avoue-t-elle. Elle cite la dotation en matelas neufs et draps de lit, des moustiquaires, la réalisation de 04 forages d’eau, l’installation de 04 fontaines d’eau, la construction d’un nouveau dortoir pour les plus petits, la construction d’une nouvelle mosquée, l’agrandissement du mur de la clôture, la distribution régulière de vivres, de kits d’hygiène, des médicaments, des vêtements et chaussures, l’assainissement régulière de la cour et des classes. « Je suis là pour rendre la vie rose », clame-t-elle avec un large sourire.

L’engagement de Mme Rose Bouzaid à travers l’Association « La vie en Rose », reconnue officiellement par le récépissé N°0409/G-DB-CAB délivré par le Gouvernorat du District de Bamako le 30 avril 2025 va plus loin. Elle s’occupe des enfants talibés, des déplacés et des réfugiées. Presque tous les jours, des groupes de talibés se bousculent à la porte de son domicile pour prendre leur petit-déjeuner. Elle est aux petits soins des enfants en conflit avec la loi. Actuellement, la fille du Sieur Henry Bouzaid vole au secours de 300 réfugiés burkinabè à Kouralé à travers des multiples appuis.

Disponible à partager ses connaissances, elle s’est faite une solide réputation dans l’animation des sessions de renforcement des capacités sur les questions relatives au genre. De 2014 à nos jours, plus de 30.000 éléments des Forces de Défense et de Sécurité du Mali (Police Nationale, Gendarmerie, Garde nationale et Protection civile) et plus de 15.000 civils ont bénéficié de son expertise dans le domaine des Droits Humains, le Genre et sur l’accueil et l’orientation des Victimes de Violences basées sur le Genre et de Violences sexuelles liées au conflit. Sensible aux conditions précaires des couches les plus vulnérables, Mme Rose accompagne également la Société civile, les élèves et étudiants, les sportifs, les slameurs, la presse.

Porte-parole des sans voix, elle déplore une culture de silence qui frappe les victimes des violences basées sur le genre. Selon elle, le nombre de femmes victimes de violence est énorme au Mali. Toutefois, précise-t-elle, il y a aussi des hommes victimes des « femmes violentes ». L’excision n’a pas d’avantages, avoue-t-elle en évoquant la fistule, les infections urinaires comme d’éventuelles conséquences de cette pratique néfaste.

Partisane d’une politique de fermeté à l’égard des acteurs des infractions en lien avec les VBG, elle se bat quotidiennement aux côtés des survivantes, pour les encourager à briser le silence, afin que justice leur soit rendue.

Mention spéciale aux généreux donateurs

La Présidente de l’Association « La vie en Rose » est d’avis que de nombreuses pesanteurs socio-culturelles pèsent sur les femmes. Tout commence à la base avec l’inégalité entre garçons et filles, explique-t-elle. La Conseillère pour la Protection des Femmes et des enfants contre les VBG, déplore l’absence des femmes autour des tables des négociations, alors qu’elles sont avec les enfants les plus touchées au cours des conflits.

Sur un ton franc et sincère, Mme Rose Bouzaid regrette une mauvaise interprétation de la Loi n°2015-052 portant institution de mesures en faveur du genre, l’accès aux fonctions nominatives et électives. « Le Mali n’a pas un problème de loi mais un problème d’application de la loi », lance-t-elle. Avant de plaider en faveur d’une volonté politique forte.

Dans son combat pour la défense des causes nobles, Mme Rose Bouzaid se réjouit du soutien des membres de sa famille. « Tout le monde me soutient », s’exclame-t-elle.  Elle ne regrette pas du tout ses actions. Et chaque fois qu’elle aide quelqu’un, la Présidente de « La Vie en Rose » éprouve un sentiment de satisfaction morale.

Aux généreux donateurs, elle dit : Merci ! « Je remercie tout le monde. Que Dieu les paie !», déclare cette amazone aux sourires contagieux qui a dédié sa vie à l’éradication de la souffrance humaine.

Chiaka Doumbia

Bio-express d’une amazone

Détentrice d’un MBA en Ingénierie Commerciale et d’un Master en Commerce International, Mme Rose Bouzaid a acquis de solides expériences dans le domaine de la communication évènementielle au cours de son passage à l’agence STARCOM en qualité de Directrice en charge des évènements et de l’ingénierie Culturelle. Elle a travaillé pendant 10 ans au sein du groupe Bolloré en qualité de Directrice d’agence de SAGATRANS. Elle fut désignée Ambassadrice Earth Talent du Groupe Bolloré pour booster les femmes du groupe vers les postes de responsabilités. Elle a été aussi Directrice Logistique à l’agence Suédoise de vente de produits et équipements miniers et de construction Atlas COPCO couvrant 14 pays d’Afrique.

Elle a occupé des postes de responsabilités au sein de plusieurs organisations. À Eucap Sahel Mali, elle fut Conseillère en formation Genre et Droits Humains. Au sein de la Minusma, elle a assumé les fonctions de Conseillère pour la Protection des femmes et des enfants contre les VBG pendant une dizaine d’années.

Par amour pour la protection des personnes vulnérables Mme Rose Bouzaïd s’est reconvertie en défenseur des Droits Humains, pour la prise en charge des couches vulnérables. Membre de nombreuses associations nationales et internationales évoluant dans le domaine de la défense des Droits de l’Homme, cette épouse, mère de 4 enfants est marraine de plusieurs activités des femmes et de la Jeunesse malienne.