Pourquoi sept dirigeants européens accompagnent-ils Zelensky chez Trump? “Pour éviter une dispute et un fiasco, le trio classique aurait suffi”
Il y aura du monde dans le Bureau ovale ce lundi, quand Trump recevra une nouvelle fois le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Pas moins de sept dirigeants européens seront là pour l’accompagner. On peut se demander si la présence de chacun d’entre eux est bien nécessaire. Est-ce pour soutenir Zelensky, ou au contraire pour lui faire admettre plus facilement qu’il devra céder des territoires de son pays?

Le premier but d’une telle escorte semble être de protéger Zelensky d’un fiasco similaire à celui d’il y a six mois, quand sa rencontre avec Trump a dégénéré en véritable dispute.
Mais pour cela, il aurait suffi d’envoyer le trio classique: le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Friedrich Merz et le Premier ministre britannique Keir Starmer — qui avaient déjà voyagé ensemble en train vers Kiev plus tôt cette année pour y afficher leur soutien à l’Ukraine.
Chuchoter à l’oreille de Trump
Mais puisque Donald Trump s’est à nouveau rapproché des positions de Vladimir Poutine (par exemple en abandonnant l’exigence d’un cessez-le-feu préalable), il paraît logique d’emmener aussi des personnalités capables de l’influencer. Ceux qui savent chuchoter à son oreille, comme Mark Rutte, le secrétaire général de l’OTAN. Mais la Première ministre italienne Giorgia Meloni et le président finlandais Alexander Stubb bénéficient, eux aussi, d’une bonne relation avec le président américain et figurent donc parmi les accompagnateurs.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, complète le tableau:elle représentera l’ensemble de l’Union européenne à la table. Mais elle avait aussi appris à parler le langage de Trump lors des négociations commerciales, ce qui, paraît-il, lui avait beaucoup plu.
Faire taire les armes
Le premier objectif de cette délégation sera donc de convaincre Trump de continuer à exiger un cessez-le-feu pendant les discussions de paix, pour empêcher la Russie d’en profiter pour gagner du temps et conquérir davantage de territoire.
“Il est impératif de mettre fin aux violences en priorité, car Poutine a de nombreuses exigences et il faudra beaucoup de temps pour toutes les examiner”
“Il est impératif de mettre fin aux violences en priorité”, a déclaré Zelensky dimanche à Bruxelles aux côtés d’Ursula von der Leyen. “Car Poutine a de nombreuses exigences. Nous ne savons même pas encore combien, mais rien qu’avec celles que nous connaissons aujourd’hui, il faudra déjà beaucoup de temps pour toutes les examiner.”
Un hérisson d’acier
Von der Leyen a insisté sur les garanties de sécurité qu’elle souhaite pour l’Ukraine, affirmant que le pays devait devenir “un hérisson d’acier, indigeste pour les envahisseurs.” Elle a même complimenté Trump, désormais prêt, selon elle, à offrir une telle garantie. Il s’agirait d’un engagement comparable au fameux article 5 qui lie les membres de l’OTAN, et qui obligerait les alliés de l’Ukraine — y compris les États-Unis — à intervenir si le pays devait à nouveau être attaqué après un accord de paix. Poutine aurait donné son accord sur ce principe lors des discussions en Alaska.
Des exigences territoriales
Poutine continue toutefois de poser des exigences territoriales démesurées. Il ne serait disposé à se retirer que des provinces de Soumy et de Kharkiv, où il n’occupe que 440 kilomètres carrés. Mais il réclame qu’en contrepartie l’Ukraine abandonne l’ensemble du Donbass — soit les provinces de Donetsk et de Louhansk, dont Kiev contrôle encore 600 kilomètres carrés. Dans les régions de Kherson et de Zaporijjia, la ligne de front serait gelée au moment de la conclusion de l’accord.
Mais Zelensky a répété à Bruxelles que sa Constitution lui interdit de céder volontairement toute portion du territoire national. “Nous avons besoin de véritables négociations, et elles doivent commencer là où se situe la ligne de front aujourd’hui.”
La plus grande “concession” de Poutine
Aux côtés de Zelensky, von der Leyen a juré que toute décision sur le territoire devait être prise “par l’Ukraine et par l’Ukraine seule”: “Les frontières internationales ne doivent pas être redessinées par la force”, a-t-elle martelé. Mais reste à savoir si ce grand principe survivra à la réalité.
Poutine serait prêt à “graver dans la loi” que la Russie ne violera plus d’autres territoires après un accord de paix
D’autant plus que l’envoyé de Trump, Steve Witkoff, a déclaré que Poutine avait fait une autre concession — la plus importante évoquée jusqu’ici. Il serait prêt à “graver dans la loi” que la Russie ne portera plus atteinte, après un accord de paix, au territoire d’autrui. Ni en Ukraine, ni ailleurs en Europe.
Une pression sur Zelensky?
Si cette promesse devait réellement être couchée sur le papier, l’Europe pourrait être fortement tentée d’accepter un tel accord, même si l’Ukraine n’y est pas favorable. Car cela réduirait considérablement la crainte que Poutine ne profite de la paix pour reprendre son souffle avant d’attaquer un autre pays quelques années plus tard, par exemple en Baltique.
Trump pourrait bien ne plus être le seul à exercer une pression sur Zelensky: ses amis européens pourraient s’y mettre également. On sent déjà croître la tentation de mettre l’Ukraine devant le fait accompli de la perte de certains territoires.
Source: https://www.7sur7.be/
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