Transition et embargo politique : Les politiques en sursis lors des événements sociaux

Même s’ils sont officiellement dissouts, les partis politiques et leurs leaders surfent sur l’instinct de survie pour garder espoir…

18 Août 2025 - 10:31
18 Août 2025 - 09:23
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Transition et embargo politique : Les politiques en sursis lors des événements sociaux

L’instinct grégaire permet aux responsables des partis politiques de tenter, vaille que vaille, d’exister, malgré le décret prononçant leur dissolution, à compter du 13 mai dernier. Comment pouvait-il en être autrement, quand le narratif gouvernemental reconnaît encore leur existence ?

En effet, le gouvernement de Transition a adopté le décret portant dissolution des partis politiques et interdiction de leurs activités. Mais les autorités ont ordonné ensuite un audit des comptes de ces formations politiques. Ce qui avait fait dire à Me Mountaga Tall du parti CNID-Faso –Yiriwa-ton que l’on ne peut pas concevoir une vérification des comptes des cadavres, ces partis étant considérés comme « morts », voire « enterrés » ! Comme si cela ne suffit pas, les autorités parleront, la semaine dernière, dans le communiqué lu à la télé par le ministre de la Sécurité sur la tentative de coup d’Etat, d’arrestations de « responsables politiques », dans le nouveau dossier de « tentative de déstabilisation des institutions de la République». Alors qu’il ne saurait y avoir de responsables politiques dans un contexte de gel de toutes les activités politiques et même de la société civile.

Et, pour conforter cette survie, les leaders des partis politiques tentent bien que mal, de maintenir le cap. Comment des responsables politiques peuvent-ils se retrouver occasionnellement sans des échanges sur les sujets majeurs de l‘actualité nationale ? Impossible. C’est pourquoi, lors des événements sociaux, en informel, plusieurs chefs des formations politiques discutent sur la manière dont le pays est dirigé, les défis existentiels, les appréhensions et difficultés des gouvernants, les points positifs et les attentes. Il est ainsi question de se donner des informations sur la gestion des affaires de la cité et, en particulier, la situation sécuritaire, qui ne rassure pas encore. Surtout quand on sait que, malgré les assurances du gouvernement, annonçant que « la situation est totalement sous contrôle », les inquiétudes ne sont pas encore dissipées. Puisque les autorités appellent les populations  à la «vigilance », pour préserver la stabilité de la Transition. Non sans oublier d’indiquer que des « Etats étrangers » sont impliqués dans cette énième tentative de déstabilisation de laa Transition. Auquel cas, l’on peut s’attendre à la poursuite des arrestations d’éventuels comploteurs. Et ce sont là des préoccupations qui provoquent des tournis chez les leaders politiques, finalement privés de faire ne serait-ce que de simples communiqués de soutiens ou de questionnements. 

C’est de cette façon qu’une sorte de solidarité dans l’épreuve se développe, qui pour soutenir l’ancien Premier ministre Moussa Mara en détention pour « atteinte au crédit de l’Etat …», qui pour critiquer à demi-mot la gestion de cette transition, la réduction des espaces de libertés, le manque de concertations des forces vives, etc. 

Cette aspiration à exister a permis aux leaders, qui ont pris part, le vendredi dernier aux obsèques de l’ancien ministre Tiébilé Dramé, à mesurer, chacun de son côté, la soif de revivre politiquement. Ces retrouvailles des sommités politiques, comme le président Alpha Oumar Konaré, Pr Dioncounda Traoré, Modibo Sidibé, Me Mountaga Tall, Abdoulaye Amadou Sy, Djiguiba Kéita dit PPR, Amadou Koïta, etc, mettait en évidence le besoin d’une décrispation, dans la conduite de cette transition.

Il urge donc que les autorités prennent toute la mesure de la situation qui prévaut dans le pays et se décident à lâcher du lest, dans la perspective du retour vers la normalité politico-institutionnelle. C’est à ce prix, que pourront converger les énergies, pour aider à une rapide sortie de la crise multidimensionnelle que traverse le pays depuis les années 2010.

Il s’agit pour le président Assimi Goïta et ses principaux collaborateurs de lancer un vaste processus de normalisation, passant par des consultations des forces vives, un dégel du climat politique et une marche résolue vers l’organisation des élections générales de couronnement de cette transition, qui s’enlise.

Boubou SIDIBE./maliweb.net

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