Histoire… … d’un marabout médiateur

4 Juillet 2012 - 01:12
4 Juillet 2012 - 01:12
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M. Sidibé est vendeur de chaussures au grand marché de Bamako. Agé d’environ 60 ans, notre commerçant, qui est encore solide, est père de plusieurs enfants. Il est marié à deux femmes. Domicilié à Boulkassoumbougou, M. Sidibé partage sa concession avec des locataires parmi lesquels un marabout auquel il a offert la gratuité du logement. Comme tout bon polygame, notre commerçant dont les affaires marchent à merveille, partage ses nuits entre ses deux femmes qui le couvrent d’amour et de tendresse. L’harmonie dans la famille était si parfaite, que celle-ci suscitait l’envie des voisins. Tout devait cependant voler en éclats le 25 juin dernier, lorsque le vieux Sidibé découvrit que sa 2ème épouse le trompait… Et l’impertinent qui était à la base du scandale n’était autre qu’un neveu du commerçant que celui-ci hébergeait depuis un an. En effet, le garçon indélicat, étudiant de son état, était tombé amoureux de la deuxième femme de son oncle, laquelle n’avait pas refusé ses avances. Et chaque fois que le vieux Sidibé passait la nuit dans la chambre conjugale de sa première épouse, son neveu, lui, se retrouvait dans celle de l’autre. L’affaire était connue de toute la concession à l’exception de M. Sidibé. Ce dernier  fut informé de la situation par le jeune marabout à qui il avait également accordé la gratuitement le logement dans la concession. Pour toute réaction, le vieil homme chassa, son indélicat neveu de sa maison. Le jeune marabout entra alors dans le jeu afin de réconcilier le couple. Il fallait agir dans les deux sens : le marabout était, donc, constamment entre le salon de Mr Sidibé et la chambre de sa jeune épouse. Au premier, il ne cesse de demander le pardon, la tolérance, à l’autre, le repentir. Mais rien n’allait toujours dans le couple. M. Sidibé avait décidé de réfléchir quelques temps avant d’accorder son pardon à sa femme. Le médiateur de marabout, lui, continuait de slalomer entre la chambre du mari et celle de l’épouse. Il faut croire qu’il avait même réussi la réconciliation. Car, en cette nuit du 1er Juin dernier, aux environs de 2 h du matin, Mr Sidibé se dirigea vers la porte de la femme. Toc ! Toc ! Madame ne répondit pas. Toc ! Toc ! Toc ! Même un sourd pouvait entendre le vacarme fait par le vieux mari. Les voisins s’étaient réveillés et certains d’entre eux regardaient ce qui se passait devant la porte de la femme réputée infidèle. De l’extérieur, M. Sidibé et les voisins, à l’affût, entendaient des voix au fond de la chambre. Madame se décida enfin à ouvrir. Stupéfaction ! Dans la chambre, elle n’était pas seule. Quelqu’un lisait le Coran, et à haute voix. Lumière ! Notre lecteur de Coran n’était autre que le jeune marabout-médiateur, qui n’avait pour l’occasion, ni chapelet, ni "kitab" et n’était habillé que d’une culotte et d’un tee-shirt. C’est pourquoi, d’ailleurs on ne le reconnaîtra que lorsque le vieux cocu, complètement déchaîné, l’eut roué de coups de bâton… jusqu’à évanouissement. C’est vers 5h du matin que notre marabout a été remis à certains fidèles qui venaient d’habitude le chercher pour la prière du petit matin. Couvert de honte, le jeune marabout, à peine sorti de la concession, mit ses jambes à son cou, sans attendre de recevoir « les biens » qu’il avait abandonnés : une trentaine de « baya » (perles dont les femmes se ceignent la taille), une peau de prière et quelques habits. Boubacar Sankaré

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