Les Boucantiers des vacances bamakoises

16 Sep 2011 - 00:00
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Dès le début du mois de juillet Bamako la ville des 3 caïmans devient une ville très animée et très attractive et pour cause : les vacances. Les jeunes viennent de tous les 4 coins du monde, soit pour ressourcer et connaitre au mieux leurs cultures, soit pour rendre visite aux parents, soit pour s’amuser et évacuer tout le stress accumulé durant l’année scolaire.

Depuis presque une décennie, Bamako est devenu l’un des plus grands carrefours des jeunes du monde entier durant les vacances. Les vacances à Bamako sont devenues une opportunité de rencontres, d’échanges, de collaboration… qui ont tendance à “s’européaniser”. C’est aussi le moment de la fermeture des classes ici au Mali, toute chose qui donne une liberté aux millions d’écoliers et étudiants à travers le pays qui n’aspirent qu’à venir à Bamako, la capitale. Ainsi ceux de nos régions et ceux de l’extérieur s’y retrouvent et font tout pour se distraire au mieux. Si les jeunes de l’intérieur viennent pour se mettre au parfum des dernières nouveautés de la grande ville, nos jeunes de l’extérieur communément appelés les « wesh-wesh » viennent et deviennent les moteurs des vacances de Bamako. Selon les observateurs, « Ces jeunes font déferler beaucoup d’énergie et d’argent sur les points chauds de la capitale. »

Ils se divisent en deux groupes : ceux qui étudient à l’étranger et les enfants des Maliens de l’extérieur. Ils sont ceux qui font parler le plus d’eux.ils sont reconnaissables grâce à leurs styles vestimentaires et leurs coiffures qui deviennent automatiquement les styles branchés de la capitale et surtout grâce à leur accent. Selon un serveur dans un restaurant huppé de la capitale, du mois de juillet au mois d’aout, les « wesh-wesh » sont les plus grands animateurs des coins de distraction et de restauration « Il y a une très grande rivalité entre eux, ce qui est à notre avantage, car ils s’incitent les uns et les autres à dépenser plus, ce qui fait absolument notre affaire » a-t-il ajouté.

Ceux qui ont de l’argent ou qui dépensent sans compter, au vu et au su de tous, sont considérés comme les nantis de la société. Et les vacanciers, surtout, venus de l’extérieur ont cette manie d’utiliser des billets de banque comme si on les ramassait par terre. Ils peuvent dépenser des milliers de nos francs dans les boîtes de nuits en une seule soirée. Ils se retrouvent dès 19h dans les espaces culturels et restaurants de le capitale pour planifier leur veillée. D.K est un franco-malien de 23 ans. Il vient tous les deux ans à Bamako pour y passer ses vacances. Selon lui, l’essentiel c’est d’avoir beaucoup d’argent et de filles et les vacances sont gagnées ! « Je peux avoir plus de 3 à 5 filles pendant les deux mois que je passe ici. Tous les soirs, je sors avec mes cousins. On peut faire 2 à 3 boîtes de nuits. On achète des bouteilles de champagne et d’autres boissons à des prix exorbitants et on s’éclate jusqu’à 6h du matin, » s’est-il réjoui.

Toute chose qui attire autour d’eux des opportunistes qui qualifient ces supers vacanciers de véritables seigneurs. Ils rivalisent dans les dépenses, ce qui provoque des bagarres souvent dangereuses comme ce fut le cas l’année dernière au Jet set night club. De jeunes français se sont violemment disputés avec des Maliens pour une histoire de tables. Généralement c’est aux plus offrants qu’on donne des tables pour qu’ils passent une soirée agréable.

Cette manière de vivre en vacanciers bourgeois met en branle beaucoup de couples, car très généralement, un partenaire tombe sous le charme de ce bon payeur et oublie le reste... Après les vacances, quand le prince charmant rentre chez lui, les problèmes commencent au sein des couples. Tel a été le cas de Mlle Golagola. Elle sortait avec un monsieur depuis 2 ans. Durant les vacances de l’année dernière, elle a eu des relations avec un vacancier avec qui elle s’affichait partout. Ils étaient dans toutes les grandes soirées de Bamako. Son nouveau copain était l’un des plus grands Boucantiers de l’époque. Dans les boîtes de nuits, on le surnommait le roi. Il la mystifia avec de l’argent et elle finit par rompre avec son copain. Mais, l’histoire prit fin de la pire manière car il la délaissa au profit d’une autre. 

Mais force est de reconnaitre que la fin des vacances peut être tragique pour certains d’entre eux. A cause de la grande consommation d’alcool et de stupéfiants. Beaucoup d’entre eux sont victimes d’accidents graves et souvent même mortels. Chaque année de nombreux jeunes perdent la vie ou deviennent infirmes à cause de ces vacances chaudes. Et aussi en raison des grossesses non désirées que contractent nombreuses de nos jeunes filles après leurs amourettes de vacances. Se distraire après une année de stress est tout à fait logique mais il y a lieu de le faire dans la limite du respect de soi et des autres.

Adiaratou Sangaré

 

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