Les jeunes et la mode / Les « sapeurs de Bamako »
La « société des ambianceurs et personnes élégantes » lancée par les Congolais de la République Démocratique du Congo s’est développée dans les rues de Bamako. La sape est devenue l’une des préoccupations des jeunes de la capitale malienne, les boutiques de « fringues » font toujours de bonnes affaires, parfois au détriment de la bourse des parents.
Selon Oumar, un étudiant de la Faculté des sciences juridiques et Politiques, la sape est d’abord une question d’honneur. On a envie d’être perçu comme une personnalité respectable par son entourage. Pour lui, l’habit fait bien le moine au Mali. Le regard des filles, a-t-il dit, finit par avoir un poids, car la sape, c’est pour plaire à sa petite amie aussi. ‘’Ma bourse sert à m’habiller. ‘’
Aminata Coulibaly ira loin en disant que la sape est comme une drogue. Elle s’habille comme une reine dans l’intention d’être la miss de son établissement. Elle a rappelé que régulièrement des concours sont organisés au sein des lycées et dans les boîtes de nuit. On élit les meilleurs « sapeurs » dans une ambiance proche du délire. C’est la sape qui fait la personnalité scandent les adeptes. Pour Aminata, quand on aime on ne se prive pas.
Pour être un bon sapeur, il est nécessaire d’avoir des vêtements qui sortent radicalement de l’ordinaire et la « classe » justement coûte cher. Surtout pour les lycéens et les chômeurs, martèle un commerçant au marché rose.
On ruse en faisant des économies draconiennes ou en prenant dans celui des parents. Une paire de chaussures, une « vraie » revient a moins de 50 000 Fcfa, un jean de marque américaine coûte 35 000 Fcfa et un blazer 20 000 Fcfa, a dit Ibrahim Keita. Il rappelle que les sapeurs récitent en dormant les marques de prestige dont ils rêvent comme : Jeans Lévi-Strauss, Fubu, chemises Yves Saint-Laurent, Lacoste…. Les sapeurs rivalisent d’ardeur pour montrer à tous qu’ils font partie de la « haute classe ». Ils veulent désespérément être au courant de la mode en cours à Paris ou New-York. Ils rêvent de leurs idoles tels David Bekham ou Koffi Olomidé les « papes des sapeurs » selon certains. Mais pour les moins fortunés, les étales de fripes venues d’Europe sont la seule adresse possible. Une fois l’odeur des habits enlevée a l’arrière-cour de la maison à l’aide de savon et de parfum, il reste toujours l’authentique griffe. La marque qui rend fou, prestige oblige.
Moussa Samba Diallo
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