Processus de paix au Mali : Le dialogue inter-malien vaudra-t-il mieux que l’Accord d’Alger ?

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Depuis que l’Algérie a rappelé son ambassadeur en poste au Mali, l’Accord d’Alger est tombé en désuétude. Le gouvernement vient d’instruire aux gouverneurs de région d’entamer des discutions avec les chefs traditionnels, donnant suite à l’initiative du président Assimi Goïta d’ouvrir un dialogue inter-malien. Pour rappel, le colonel Goïta a annoncé dans son discours du nouvel an l’ouverture d’un dialogue entre les Maliens pour consolider la cohésion et le vivre-ensemble. Pour beaucoup d’observateurs, cette initiative met fin à l’Accord d’Alger dans un contexte de crise avec la médiation algérienne.

Suite à l’annonce du président, le ministre de l’Administration territoriale vient d’inviter les gouverneurs de région à entamer des discussions avec les légitimités traditionnelles. A l’issue des rencontres, il y aura des propositions de solutions pour que la paix et la stabilité règnent. Il s’agit en effet d’une nationalisation du processus de paix. L’Accord d’Alger est en effet compromis. Bamako aussi a répondu de la même manière, créant une crise diplomatique entre les deux pays.

Alger voulait remettre en selle les séparatistes de Kidal qui ont pour la plupart trouvé refuge en Algérie après des mois de lutte visant à empêcher l’armée malienne d’occuper les bases militaires de la Minusma. Cette initiative de paix s’inscrit dans la suite des actions de l’année 2023 qui a été, selon Assimi, une année de grands défis pour les autorités de la transition totalement dédiée à la mise en œuvre des recommandations des Assises nationales de la Refondation. « Il y a des réformes en cours dans tous les domaines, particulièrement dans les secteurs de la justice, de la santé, de l’économie et des mines. Toutes ces actions déterminantes pour l’avenir de notre pays ont été réalisées grâce à la résilience du peuple malien qui consent d’énormes sacrifices pour le retour de la paix, de la prospérité et de l’autorité de l’État », a indiqué le colonel Goïta.

Concernant le processus de paix, le président de la transition indique que l’unité nationale et le vivre-ensemble constituant le socle sur lequel, nous devrions bâtir toutes les actions pérennes de développement. Pour lui, le Mali traverse une étape articulée de son avancée vers la paix, la sécurité et le développement. C’est pourquoi, capitalisant les avancées réalisées dans le cadre du processus de paix, et tirant les enseignements des défis qui subsistent, il a pris l’option de privilégier l’appropriation nationale du processus de paix, en donnant toutes ses chances à un dialogue direct inter-malien pour la paix et la réconciliation, estimant que cette stratégie permet d’éliminer les racines des conflits communautaires et intercommunautaires.

Le chef de l’État a assuré que cette importante décision a déjà été partagée avec les différents acteurs nationaux et internationaux concernés dès l’entame du processus de retrait de la Minusma. Pour lui, le dialogue direct exige que les Maliens se donnent la main, afin de réconcilier notre pays et assurer la cohésion nationale. D’ores et déjà, il tenait à souligner que l’unicité, la laïcité de l’État et l’intégrité du territoire ne feront pas partie des sujets de discussion ainsi que les 3 principes qui sous-tendent l’action publique du Mali, ajoutant que l’objectif est de créer les conditions pour que chaque Malien puisse s’épanouir dans un environnement marqué par la confiance retrouvée entre les communautés sous la protection de l’État.

Pour mener à bien ce processus, des mesures concrètes ont été prises. Un Comité chargé de piloter ce dialogue sera mis en place dans un délai d’un mois et il devra déposer son rapport au plus tard en février. Toutefois, la lutte contre les groupes armés terroristes se poursuivra jusqu’à la pacification totale du pays, et aucune portion du territoire national ne sera épargnée.

Nouhoum DICKO

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1 commentaire

  1. “Pour lui (le chef de l’État), le dialogue direct exige que les Maliens se donnent la main, afin de réconcilier notre pays et assurer la cohésion nationale. D’ores et déjà, il tenait à souligner que l’unicité, la laïcité de l’État et l’intégrité du territoire ne feront pas partie des sujets de discussion ainsi que les 3 principes qui sous-tendent l’action publique du Mali, ajoutant que l’objectif est de créer les conditions pour que chaque Malien puisse s’épanouir dans un environnement marqué par la confiance retrouvée entre les communautés sous la protection de l’État.”

    Le chef de l’État a omis un principe essentiel dans sa liste. Ce sont 4 principes qui sont en cause concernant le dialogue inter-malien.

    Aux principes d’unicité, de laïcité de l’État et d’intégrité du territoire national, il faut impérativement ajouter le “principe d’égalité” de tous les Maliens menacé gravement par l’accord séparatiste d’Alger qui crée deux catégories de Maliens : des “super Maliens” ou Azawadiens du Nord-Mali (première catégorie, Maliens haut de gamme) et des des “simples Maliens” du Sud-Mali (deuxième catégorie, Maliens bas de gamme).

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