La MINUSMA toujours au Mali : Pour quoi faire encore ?

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Le lundi, 27 février dernier, dix jours après le premier anniversaire de la déclaration de retrait des forces françaises du Mali faite par Emmanuel Macron le 17 février 2022, le président français a proclamé à la face du monde l’échec de la classe politique malienne à reformer la société malienne. L’une des conséquences de cet échec qui ne peut plus être camouflé, c’est bien la présence massive de nombreuses forces dites internationales pour sécuriser et stabiliser le Mali. Parmi celles-ci , la MINUSMA (Mission des Nations Unies pour la Stabilisation du Mali), le principal cheval de Troie de la conspiration internationale (occidentale à vrai dire) pour faire main basse sur l’antique pays des héros qui ont marqué l’histoire du continent africain. Cette MINUSMA, même après avoir reconnu qu’elle n’est pas capable d’accomplir sa mission (?) sans la présence de la force française Barkhane chassée du Mali et dont la fin de l’opération a finalement été décrétée par Emmanuel Macron, a quand-même vu son mandat renouvelé au forceps le 29 juin 2022 par les Nations Unies qui n’ont même pas tenu compte des attentes claires et des réserves fortes formulées par les autorités maliennes. Par ce viol en ci-haut lieu, le machin onusien demeure encore sur le sol malien, se comportant à longueur de temps comme une agence humanitaire d’espionnage qui fomente sans cesse des complots contre la sécurité du pays qu’elle est censée protéger et stabiliser.

La Minusma (Mission des Nations Unies pour la Stabilisation du Mali) est présente au Mali à compter du 1er juillet 2013 grâce à la Résolution onusienne n° 2531. Son mandat, qui s’épuisait le 30 juin 2021 au terme de cinq ans de présence, a été renouvelé le 29 juin 2022 dans le viol absolu des attentes du peuple et des autorités du Mali. Il est intéressant de noter que c’est la seule mission des Nations Unies qui quadrille totalement l’ensemble du territoire malien en occupant treize sites, ce qui lui permet d’avoir un quasi maillage du Mali. En effet, la Minusma occupe trois grands secteurs dont chacun a trois grandes zones de prédilection, à savoir : le Secteur Nord (Kidal, Tessalit, Aguelhoc), le Secteur Sud (Bamako), le Secteur Est (Gao, Ménaka, Ansongo) le Secteur Ouest (Tombouctou, Ber, Goundam) et le Secteur Centre (Mopti, Sévaré, Douentza). Fait notoire, cette réalité crève les yeux d’autant que l’Etat du Mali lui-même n’exerce pas pleinement ou si peu son autorité son autorité sur quelques 73% de son territoire national encore sous l’emprise des groupes armés, terroristes et séparatistes de tous acabits, avec la bénédiction de la France et de la communauté internationale. Or, la fameuse résolution de l’ONU qui a créé et qui a légitimé la Minusma sécurité détermina deux priorités stratégiques pour celle-ci : appuyer la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali et faciliter l’application d’une stratégie globale dirigée sur le plan politique par le Mali, destinée à protéger les civils, réduire les violences intercommunautaires et rétablir la présence et l’autorité de l’État et les services sociaux de base dans le centre du Mali. Ce n’est pas tout. Il s’agissait aussi d’appuyer la mise enœuvre des réformes politiques et institutionnelles prévues par l’accord et des mesures de défense et de sécurité, notamment surveiller et superviser le cessez-le-feu. Tout cela ne pouvant aller quand n’appuyant les efforts du Gouvernement visant rétablir l’autorité et l’État et l’Etat de droit sur tout le territoire national du Mali, en aidant les autorités maliennes à réduire la violence et les tensions intercommunautaires par ses bons offices. Et pêle-mêle : Déployer des moyens terrestres et aériens dans les zones à risque, atténuer les risques liés aux opérations militaires ou policières, empêcher le retour d’éléments armés dans les  principales agglomérations, fournir une protection particulière aux femmes et aux enfants, appuyer le dialogue sur la réconciliation, la cohésion sociale; encourager les initiatives pour atténuer les tensions intercommunautaires; faciliter la tenue d’élections pacifiques. e)Promotion et protection des droits de la personne, etc. C’est pour ces raisons, nobles dans leur formulation, que la Minusma dispose au Mali d’importantes troupes et un arsenal de guerre digne d’une puissance imbattable. Mais la réalité est tout autre. Après six ans de présence, c’est le président MackySall qui s’interrogeait gravement à l’occasion du Forum de Dakar sur la paix en août 2019 : « Pourquoi, en dépit de la présence plus massive  des forces internationales, la situation continue de se dégrader au Sahel ? J’espère que le forum nous apportera les réponses à cette question. Il y a plus de six ans, la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations-Unies au Mali, la MINUSMA, créée par le Conseil de sécurité avec comme mission l’appui aux efforts de stabilisation du pays, la protection des civils et le rétablissement de l’autorité de l’État sur- je pèse mes mots- l’ensemble du territoire malien. Telle était la lettre de mission de la MINUSMA. D’un effectif de 6491 éléments à ses débuts, la MINUSMA en compte aujourd’hui 14.400, soit plus que le double. Paradoxalement, l’agression terroriste contre le Mali s’est intensifiée. Et pire : le terrorisme étend son spectre ravageur à d’autres pays, on l’a vu au Burkina Faso et au Niger, charriant au quotidien des morts, des blessés, des réfugiés et des personnes déplacées. Les attaques sont devenues fréquentes, plus meurtrières, et plus audacieuses, puisque de plus en plus les terroristes s’en prennent aux forces de défense et de sécurité elles-mêmes jusque dans leurs casernes. Posons alors les questions de fond. Comment articuler et coordonner les différentes initiatives déployées sur le terrain, on les a listées, de façon à rendre leurs actions plus cohérentes et plus efficaces ? Le G5-Sahel (19.000 hommes), plus Barkhane, plus l’Armée mali, et tout le reste, plus l’Armée malienne, il n’y a pas moins de 30.000 hommes sur le terrain, pris en otage par une bande d’individus. Il y a un problème ». Le problème, il est bien connu : la Minusma est tout simplement une arnaque, une couverture large destinée à masquer les actions criminelles des terroristes au Mali, dont la finalité est tout simplement la déstabilisation du pays, sa partition, afin que des pans entiers de son territoire soient sous la coupe réglée des narcotrafiquants et des djihadistes, alliés de la France.

Malgré le patent échec de la Minusma au Mali, les Nations Unies procéderont à la mise en scène du renouvellement de son mandat pour un an encore le 29 juin 2022. Ce coup de force sera dénoncé par le Mali par la voix de son ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop : « Le Gouvernement de la République du Mali prend acte de la résolution que vous venez juste d’adopter et qui renouvelle le mandant de la MINUSMA pour une année supplémentaire. Comme vous le savez, le Gouvernement du Mali s’est exprimé en faveur du renouvellement du mandat de la MINUSMA, tout en formulant clairement ses attentes et ses réserves fortes pour le nouveau mandat de la MINUSMA. Cependant, le Gouvernement du Mali est au grand regret de constater que certaines de ses réserves fortes ont tout simplement été ignorées dans la version finale de la résolution que vous venez de voter. Le Gouvernement du Mali réitère son opposition ferme à la liberté de mouvement de la MINUSMA dans l’exécution de son mandat dans le domaine des droits l’homme. Le Mali a toujours coopéré de bonne foi avec la force onusienne depuis sa mise en place en 2013. Toutefois, pour des impératifs de respect de la souveraineté du Mali, de coordination et de sécurité, les mouvements de la MINUSMA ne peuvent se faire qu’avec l’accord des autorités compétentes maliennes. De même, le Mali n’est pas à mesure de garantir la liberté de mouvement pour des enquêtes de la MINUSMA sans l’accord préalable du Gouvernement. Par conséquent, le Mali n’entend pas exécuter ces dispositions, malgré leur adoption par le Conseil de sécurité. En tout état de cause, le Gouvernement du Mali estime que les enquêtes sur les allégations de violations des droits de l’homme relèvent de la responsabilité principale des autorités maliennes. La MINUSMA a vocation à leur apporter l’assistance nécessaire à cet égard. Elle n’a pas vocation à se substituer au Gouvernement du Mali » Quant au chef du gouvernement malien, le Premier ministre, Dr. Choguel Kokalla Maïga, il avait, à des occasions opportunes, toujours révélé la forfaiture française et onusienne contre la Mali qu’est la Minusma : « À la création de celle-ci, il avait été dit qu’elle aiderait le Mali à lutter contre le terrorisme et à rétablir l’autorité de l’Etat malien. Soit dit en passant, la Minusma était et toujours dirigée par des officiels français et pour des personnalités liées à la France. Alors, plus tard, on racontera à l’Etat malien que la structure devait plutôt servir au maintien de la paix et non à faire la guerre ». Pour ce qui est de l’opération française Serval, Dr. Choguel Kokalla Maïga : « Elle avait officiellement trois objectifs : éradiquer le terrorisme, aider à restaurer l’intégrité du territoire malien et appliquer les résolutions des Nations Unies. Huit ans après sa création, le terrorisme, au lieu d’être éradiqué, a quitté l’extrême nord du Mali pour se répandre dans 80% du pays ; l’intégrité du territoire n’a été pas restaurée ; les résolutions des Nations-Unies, elles, changent chaque année… Tirez vous-même la leçon ! En 2014, lorsque l’armée malienne a décidé de recouvrer l’intégrité du territoire national, il y a eu des affrontements dans l’extrême nord ; des soldats se sont réfugiés dans le camp de la MINUSMA. Ces soldats ont été désarmés et leurs armes confisquées. Quand on a réclamé ces armes, le commandant de la Minusma, le général français Hervé Gomard, a répondu que c’était un butin de guerre qui appartenait désormais à la MINUSMA ! En 2016, lorsque l’opération Barkhane a été installée, son commandant a fait le tour de ses forces dans les pays concernés. Il est allé au Tchad où il fait la revue des troupes. Savez-vous ce qu’il a dit ? Comme le rapporte un journaliste français, le commandant de Barkhane a dit à ses troupes : ‘’Nous sommes venus ici il y a 100 ans, nous sommes partis il y a 60 ans (au moment des indépendances), nous sommes revenus pour 100 ans !’’ ». Il faut noter que l’autre Premier ministre, Moussa Mara, atteste la même chose. Le 17 mai 2017, celui-ci s’est rendu à Kidal pour vivre la mésaventure la plus inoubliable de sa vie. L’ancien Premier ministre raconte en effet le croc-en-jambe criminel que lui a infligé la Minusma et la France : « Dès notre arrivée, l’accueil fut glacial. Les membres de la mission onusienne me voyaient comme un jeune homme impétueux. Je leur ai présenté le programme de notre journée : visite du camp des FAMa et passage par le gouvernorat, symbole de la souveraineté du Mali à Kidal. Vu la situation sécuritaire, je leur ai demandé de mettre à ma disposition des véhicules blindés. Contre toute attente, la MINUSMA s’y est opposée et m’a prié de ne pas sortir du camp pour éviter tout embrasement… La France n’a pas bougé et a même accusé l’armée malienne d’être à l’origine des tirs… »

Le Mali a-t-il encore des raisons de renouveler le mandat de cette Minusma ?

Le 29 juin 2022, le Mali, bon gré mal gré, a pris acte du renouvellement du mandat de la Minusma pour un an supplémentaire. La fameuse mission a accepté certes, à l’occasion, certaines conditions du Mali, mais la vigilance accrue sur le respect de la parole donnée demeure, en témoigne la réaction polie mais vive du ministre Diop. Il faut avoir l’œil ouvert sur l’immixtion de la France, d’une manière très subtile, pour  briser l’élan du Mali chaque fois qu’elle en a l’occasion. Une chose est sûre : cet ex-colon ne cessera pas, eh oui jamais, de tenter le diable pour punir le Mali, au vrai sens du terme. Alors, la Minusma restera toujours une possible porte d’entrée pour espérer atteindre ce sombre objectif. A défaut de passer directement par un appui aux forces ennemies sur le terrain, via les ravitaillements de toutes sortes, elle peut toujours, ne serait-ce que par le truchement des actions à caractère prétendument humanitaire ou social, par l’intermédiaire d’acteurs avides de gains faciles, porter des graves contre le Mali. On l’a vu au moins par Sadya Touré et Amina Dicko. Une autre certitude : la raison d’être même de cette mission, c’est l’instabilité du Mali. Et, comme toute mission de ce genre, elle est synonyme de colossaux business de tous ordres. Sa fin ne saurait être un souhait pour elle-même, des fonctionnaires véreux grassement rémunérés, ennemis du Mali et de l’Afrique, s’échineront toujours à lui donner une raison de se voir maintenir. Nul n’a envie de se faire hara-kiri, c’est dire que tant qu’il y aura une raison quelconque, si minime soit-t-elle, pour s’incruster au Mali, on tentera de l’exploiter, pourvu que ça dure. Comme disent les Anglais “The show must go on”. Il faut ne jamais perdre de vue qu’il n’existe pas une mission de ce genre, quelque part dans le monde, qui ait pris fin de façon “pacifique” et “volontaire” Pour que la Minusma daigne quitter le Mali, il n’y a que deux  alternatives : soit qu’il se crée, chez les voisins immédiats du Mali, un trouble un peu similaire à celui queconnaît notre pays, ce qui facilitera un “déménagement” au plan à la fois logistique et celui des affaires ; soit que le peuple et les dirigeants du Mali expriment leur ras-le-bol et exigent son départ sans délai. Les deux scénarios semblent tous lugubres car porteurs de probables violences. Le dernier pourrait être, par exemple, la résultante justement de la violation du serment par rapport justement aux conditions ayant présidé au renouvellement du mandat. C’est ce qui se passe actuellement au Burkina Faso et au Niger, à des degrés différents.

Dr. Choguel Kokalla Maïga a une analyse pertinente parce que nourrie par la connaissance des faits et les enseignements de l’histoire : « La CEDEAO parle de force d’attente pour nous intimider. En 2012, il y a eu le sommet de la CEDEAO à Dakar. Comme par hasard, surgit le ministre des Affaires étrangères de la France, Alain Juppé. Quand la CEDEAO décide de mobiliser une force d’attente de 3000 hommes pour libérer le Mali, M. Juppé répond que ce nombre (3000 hommes) est trop élevé par rapport à 500 combattants irrédentistes. Le Mali et la CEDEAO, à travers l’Union Africaine, demandent alors la création par l’ONU d’une force internationale appelée MISMA. Ceux qui ont commencé à dénigrer cette MISMA, ce sont des diplomates français… On a fait traîner les choses de manière à créer la MINUSMA. À la création de la MINUSMA, il a été dit qu’elle aiderait le Mali à lutter contre le terrorisme. Plus tard, on est venu nous raconter qu’elle devait plutôt servir au maintien de la paix et non faire la guerre. Quant à l’opération française Serval, elle avait officiellement trois objectifs : éradiquer le terrorisme, aider à restaurer l’intégrité du territoire malien et appliquer les résolutions des Nations Unies. Huit ans après sa création, le terrorisme, au lieu d’être éradiqué, a quitté l’extrême nord du Mali pour se répandre dans 80% du pays ; l’intégrité du territoire n’a pas été restaurée ; les résolutions des Nations-Unies, elles, changent chaque année… Tirez vous-même la leçon !

La décision du Président Assimi Goïta

En 2014, lorsque l’armée malienne a décidé de recouvrer l’intégrité du territoire national, il y a eu des affrontements dans l’extrême nord ; des soldats se sont réfugiés dans le camp de la MINUSMA. Ces soldats ont été désarmés et leurs armes confisquées. Quand on a réclamé ces armes, le commandant de la Minusma, le général français Hervé Gomard, a répondu que c’était un butin de guerre qui appartenait désormais à la MINUSMA ! En 2016, lorsque l’opération Barkhane a été installée, son commandant a fait le tour de ses forces dans les pays concernés. Il est allé au Tchad où il a fait la revue des troupes. Savez-vous ce qu’il a dit ? Comme le rapporte un journaliste français, le commandant de Barkhane a dit à ses troupes : « Nous sommes venus ici il y a 100 ans, nous sommes partis il y a 60 ans (au moment des indépendances), nous sommes revenus pour 100 ans !». Les Africains comprendront maintenant pourquoi au Mali nous avons toutes ces forces internationales alors que la situation sécuritaire ne fait qu’empirer. La lettre que le Président malien Dioncounda Traoré a écrite à l’Etat français pour demander son intervention en janvier 2013, aucune copie n’en existe ni à la présidence, ni au ministère des Affaires étrangères du Mali. L’original de cette lettre se trouve en France et c’est sur le site du Sénat français que nous l’avons retrouvée lorsque nous en avons eu besoin récemment pour demander la relecture des accords militaires déséquilibrés qui font que notre armée ne peut même pas survoler son territoire sans l’autorisation de la France. Ces accords militaires, nous voulons les relire et cela fait partie des raisons pour lesquelles la France dresse le monde entier contre nous. Le 17 novembre 2015, le commandant de Barkhane a animé une conférence de presse où il a affirmé que certains groupes armés avaient un pied chez les mouvements terroristes et un pied dans l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Il n’était pas prévu de militaires français sur notre sol en 2013. Les Français ont respecté cet accord à Konna, à Gao… mais arrivés à l’extrême nord du pays, ils ont bloqué l’avancée de l’armée malienne et fait venir sur le territoire malien 4000 militaires français, avec un budget d’un milliard de FCFA par jour. Ils ont ensuite fait venir d’autres Africains, puis la MINUSMA, tout en interdisant à l’armée malienne d’accéder à une partie de son territoire, alors qu’ils clamaient que leur intervention avait pour but de recouvrer l’intégrité territoire malien ! L’actuel Exécutif de Transition, avec à sa tête le colonel Assimi Goïta, a décidé que nous n’allions plus demander d’autorisation à qui que ce soit pour survoler notre territoire. »

La suite dans le Prochain

SY Eric

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