Le Premier ministre Cheick Modibo Diarra était à Paris, le week-end dernier, pour rencontrer le Président de la République, Pr Dioncounda Traoré. Selon un communiqué du Gouvernement, il y est allé pour lui annoncer «sa décision de proposer une large ouverture à toutes les forces vives du pays unies de cœur et d’esprit pour la reconquête du Nord du Mali.» Aussi, devrait-il s’accorder avec le Président Traoré sur une architecture gouvernementale appropriée. Le chef du gouvernement a proposé un «canevas pour obtenir l’assistance de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en vue du renforcement des capacités des forces de défense et de sécurité du Mali dans l’accomplissement de leurs tâches régaliennes.»
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Cheick M Diarra, Premier ministre de la Transition[/caption]
On pouvait faire l’économie de toutes ces agitations actuellement autour de la formation d’un gouvernement d’union nationale si le Premier ministre désigné par les «mutins putschistes de Kati» et le médiateur de la Cedeao avaient procédé à une large concertation en étroite collaboration avec le président de la République, Pr Dioncounda Traoré au moment de mettre son équipe en place. S’y ajoute que dans le contexte actuel et eu égard aux multiples et urgents défis, le chef de la Primature n’a pu convaincre à ce jour qu’il est l’homme de la situation. N’ayant aucune expérience dans la gestion administrative, Cheick Modibo Diarra souffre de surcroit de sa méconnaissance des réalités de son pays, le Mali.
L’un des faux pas de l’ancien navigateur interplanétaire aura été la violation de l’Accord-cadre signé le 6 avril entre le Cnrdre et la Cedeao. En lieu et place d’un gouvernement d’union nationale, il a préféré une équipe dont de nombreux cadres, certes des technocrates, sont liés à lui par amitié, parenté, mariage, relation d’affaires. Dans un pays comme le Mali où le social pèse très lourd, ce détail est important car Cheick Modibo Diarra peut difficilement tenir un langage de vérité vis-à-vis de certains d’entre eux.
La volonté restauratrice de la vieille garde de l’Union démocratique du peuple malien (Udpm) de son beau -père, Moussa Traoré, détectée par « les patriotes sincères et les démocrates convaincus » reste l’une des grandes bévues de l’homme qui a ‘’séjourné à la planète Mars’’. Si c’était le peuple qui avait accordé sa confiance à Cheick Modibo Diarra, personne n’allait crier au scandale mais la vengeance n’a pas sa place dans la gouvernance actuelle du Mali. Dans la gestion de l’affrontement fratricide qui a opposé les frères d’armes (bérets rouges contre bérets verts), le Premier ministre n’a pas su prendre des actes concrets allant dans le sens de l’apaisement. Les femmes des bérets rouges qui sont très remontées contre le Premier ministre pour avoir traité leurs maris d’ennemis du Mali prennent la rue en désespoir de cause. C’était un mauvais signe pour le gouvernement mais aussi pour les putschistes de Kati dont les actes ont contribué à discréditer, voire paralyser l’activité gouvernementale. Des contre-ordres sont donnés pour appeler les agents à désobéir à leur chef de département. Des gens sont arrêtés par des « hommes armés » sans informer le ministre de la Justice, Garde des sceaux.
Cheick Modibo Diarra doit-il rester ? Faut-il un nouveau gouvernement ? Voilà, deux questions qui vont déchirer nos compatriotes au cours des discussions que le Premier ministre compte entamer dès son retour de Paris avec l’accord du Président Dioncounda Traoré. Qu’ils soient de la classe politique, de la société civile, de la confession religieuse, des forces armées et de sécurité, chacun doit garder à l’esprit l’intérêt supérieur du peuple dont il est important d’abréger la souffrance.
Faisons donc très attention. En aucun cas, les ambitions personnelles et égoïstes ne doivent pas condamner tout un peuple à la régression.
Par Chiaka Doumbia