Pouvoir de transition et élections : Comment relever le défi de l’inclusivité et de la participation?

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La refondation doit faire en sorte que les prochains dirigeants du Mali soient bien élus et représentent effectivement le choix de la majorité du peuple. Ce défi sera-t-il relevé ?

L’un des reproches faits à la démocratie malienne c’est la faible légitimité des élus du fait de la faible proportion d’électeurs ayant exprimé leurs suffrages favorables. Ce qui fait que des présidents de la  République ont été élus et portés au pouvoir par seulement un million sur 15 millions de Maliens. Ce qui montre que la minorité a choisi le dirigeant pour la majorité des Maliens.

C’est pourquoi l’un des axes majeurs du Malikura doit être de très bonnes élections. Et, particulièrement, la présidentielle qui vient, doit être un modèle. Elle doit être l’expression effective du suffrage des Maliens concernant les dirigeants auxquels ils ont confiance.

Cela passera par l’organisation de l’élection présidentielle dans un contexte sociopolitique et sécuritaire apaisé et consensuel. Ce qui ne semble pas être le cas pour le moment. Car, avec les récents événements sur le terrain de la crise sécuritaire, l’on se perd en conjectures.

En effet, avec la récente attaque de Sévaré l’on peut s’interroger davantage sur les capacités sournoises de nuisance des forces du mal, qui bénéficient du reste de complicités aussi bien internes qu’externes. Car, doit-on ignorer que le bilan officiel de 10 morts (civils) et de la soixantaine de blessés trouble les consciences et affectent le moral des populations. Si d’aventure, ces « attentats de désespoir » se multipliaient dans le pays, il n’est pas évident que l’Etat puisse maintenir la cadence des réformes amorcées ou en chantier. Comment l’Etat peut-il, par exemple, maintenir le cap du référendum constitutionnel, si le vaste territoire malien venait à enregistrer ces actes odieux de débandade des terroristes, surtout que ceux-ci semblent bénéficier d’appuis multiformes. Quid de l’attaque de la zone de Nara dans laquelle le directeur de Cabinet du président de la Transition a trouvé la mort ? Comment des élections pourraient se tenir sereinement dans ces conditions, quand on sait que les populations sont troublées par la peur dans certaines parties du territoire ?

Tous ces actes macabres  des groupes armés terroristes semblent finalement viser à mettre la pression sur les dirigeants afin de tenter de les empêcher d’atteindre les objectifs assignés. Car, un Etat confronté au péril terroriste, aux difficultés de trésorerie, qui doit faire face à des charges supplémentaires de réfections de matériels et équipements endommagés lors de ces attaques s’imposera des défis supplémentaires. Sans compter que ce même Etat doit se saigner pour financer les réformes et les élections qui doivent couronner cette Transition.

En outre, comment dans ces conditions, les nouvelles cartes biométriques sécurisées pourront être confectionnées en nombre suffisant pour tenir des élections avec une participation optimale ? Comment remédier aux habituelles contestations des résultats électoraux, quand certains acteurs politiques non négligeables sont exclus du jeu électoral.

S’y ajoute qu’on se demande comment l’Etat peut tenir de bonnes élections quand l’administration n’est toujours pas présente dans certaines zones du pays. Ce sont là des préoccupations qui taraudent les esprits et invitent le gouvernement à faire des efforts supplémentaires.

C’est pourquoi, il sied de trouver des voies et moyens susceptibles de rassembler toute la nation au chevet du pouvoir pour pacifier le pays. Car, il n’est pas exclu que les acteurs sociopolitiques qui se sentent exclus ou marginalisés puissent tirer des ficelles de déflagrations au plan sécuritaire. Ces acteurs ne se priveront point de peaux de banane à glisser sur les roues de la Transition, il n’y a qu’un petit pas vite franchi. C’est donc au chef de la Transition, le Colonel Assimi Goïta de mesurer à quel point le pays est sur une pente glissante et se surpasser pour des concessions nécessaires. Car, comme on le dit souvent, pour la préservation du Mali et pour sa stabilité, aucun sacrifice n’est de trop.

Boubou SIDIBE/maliweb.net

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