Focus : Stabilité sociale !

Au moment où le gouvernement engage une politique salariale ambitieuse dans le cadre du Pacte de Stabilité sociale et de Croissance, l’annonce d’une grève de 144 heures par le CEN-SNESUP, du 7 au 12 juillet 2025, soulève autant de questions que d’inquiétudes.

14 Juillet 2025 - 01:29
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Focus : Stabilité sociale !

Ce mouvement, bien qu'adossé à des revendications considérées légitimes, intervient paradoxalement dans un contexte de revalorisation générale des salaires publics. Cette démarche, décidée par les autorités de la Transition, visait précisément à apaiser les tensions et à répondre aux attentes des travailleurs.

Le timing de cette grève interpelle. Tandis que le gouvernement fait preuve d'une volonté politique manifeste en honorant ses engagements financiers – plus de 103 milliards FCFA mobilisés pour la hausse du point d’indice d’ici 2030 – certains syndicats jugent les efforts insuffisants. Ils dénoncent une surdité institutionnelle, illustrant un décalage préoccupant entre les actions concrètes de l’exécutif et la perception des acteurs syndicaux. Faut-il y voir une crise de confiance, ou une tentative de récupération d’un mécontentement latent par des courants politiques en quête d’influence ? Le climat social se tend, et les étudiants deviennent les premières victimes collatérales d’un bras de fer dont l’issue reste incertaine.

Le Pacte de Stabilité sociale et de Croissance, signé le 25 août 2023, incarne pourtant une volonté assumée de rénover le dialogue social, de réduire les inégalités et de soutenir la transformation économique du Mali. Composé de 125 activités programmées, il repose sur une logique tripartite, associant gouvernement, syndicats et patronat dans une vision commune de justice sociale. C’est un cadre ambitieux, conçu pour garantir l'équité et le progrès.

Cependant, la pleine efficacité de ce Pacte est mise à l'épreuve par des entraves. L'absence d'élections professionnelles dans plusieurs secteurs et le flou autour de certains mécanismes d’évaluation continuent d'entretenir le doute sur les intentions des syndicats vis à vis de la Transition. Les majorations salariales, bien qu’importantes et symboliquement fortes, ne sauraient résoudre à elles seules l'intégralité des frustrations accumulées trop longtemps. Les revendications dépassent souvent la simple rémunération pour toucher de manière opportuniste aux conditions de travail, à la reconnaissance professionnelle ou à la liberté syndicale, des aspects fondamentaux pour un dialogue social serein et constructif.

À l’heure où le Mali est confronté à des crises sécuritaires persistantes, maintenir la paix sociale n'est pas seulement un objectif louable, mais un impératif national. La Transition mise sur le Pacte de Stabilité comme un outil structurant pour asseoir sa légitimité et assurer la stabilité d’un pays en crise. Elle doit néanmoins composer avec une exigence citoyenne croissante et la présence d'acteurs politiques opportunistes présents dans le milieu syndical, et souvent enclins à transformer les revendications sociales légitimes en un procès politique contre le pouvoir.

Si le dialogue franc et la transparence ne prévalent pas, le Pacte de Stabilité risque de devenir un document d’intentions sans portée transformative réelle. Or, la stabilité sociale ne se décrète pas ; elle se construit avec constance, un dialogue continu, une transparence accrue et, surtout, un courage politique inébranlable des deux côtés.

Le Mali est à la croisée des chemins. L’État doit continuer à traduire les engagements en actes, à écouter attentivement les voix divergentes, tout en ayant la fermeté nécessaire pour réaffirmer la centralité de l’intérêt général. La paix sociale est à ce prix, et elle est non négociable pour l'avenir de la nation.

Aujourd’hui, plus que jamais, nous voulons la paix pour nos épouses, familles, enseignants, étudiants, et pour toute une nation qui a assez souffert et qui aspire maintenant à reconstruire sa souveraineté dans le développement durable de ses ressources avec dignité et sérénité. Rien de plus !

La Rédaction

 

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