Mendicité : Entre nécessité et profession

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Un mendiant vit d’aumône. Il peut s’agir d’une situation dictée par la nécessité qui peut devenir, si l’on n’y prend garde, un métier avec ses usages. Le mendiant est habituellement sans domicile fixe et se déplace dans la campagne ou dans une ville qui est devenue son territoire. 

Dans notre pays, la mendicité est un phénomène très ancien tirant ses sources, en partie, de l’islam. A Bamako, aujourd’hui, les mendiants envahissent en plus des lieux de culte, les centres commerciaux, les boulangeries, les stations, les gares routières, les marchés, les carrefours et autres places publiques. Ils ont aussi un lieu de rendez-vous hebdomadaire, les vendredis, devant la maison des hommes d’affaires ou de personnalités charitables. Selon des prêcheurs, « seul l’individu qui ne peut assurer son quotidien a des excuses pour mendier ». Pourtant dans la pratique, une nouvelle forme est apparue depuis presqu’une décennie : les mendiants professionnels.

Ces mendiants sont de tous les sexes et de tous les âges. Selon certaines sources proches des commerçants de la grande mosquée de Bamako, la plupart des mendiants ne sont pas des nécessiteux mais des handicapés fictifs, des parasites sociaux qui par paresse et fainéantise s’adonnent à la mendicité. A leurs yeux, la mendicité est le plus grand foyer de banditisme de la capitale car c’est par ce chemin que les jeunes talibés apprennent le vol, la consommation et la vente de stupéfiants. Car la mendicité leur permet de rentrer inaperçus dans plusieurs endroits de la ville et d’écouler, sans soupçon, leurs marchandises. Un tour à la brigade des mœurs confirme ces sources, car plus de 40% des affaires ont pour objet le banditisme de ces jeunes mendiants de Bamako, nous a révélé un policier. Aux dires de S.T. bijoutier à la maison des artisans, la mendicité est devenue une source d’enrichissement pour le Malien surtout pour des personnes âgées. Il dit avoir connu une vieille mendiante aux abords de l’Assemblée nationale résidant à Kalaban Coro se faisant passer pour une aveugle.

Elle se cachait de ses deux premiers fils qui travaillaient pour passer la journée à chercher l’aumône. Le pot aux roses fut découvert par l’un de ses fils et depuis ce jour on ne l’a plus revue. En plus du phénomène des handicapés fictifs, il y a aussi celui des faux jumeaux. M.D. est une ressortissante de la région de Sikasso. Venue à Bamako avec son mari, il y a de cela 3 ans, elle avait appris qu’une vieille de leur village avait pu se construire une maison grâce à la mendicité, en se faisant accompagner par de faux jumeaux.

Ainsi vu la ressemblance de ses filles, elle les amène tous les jours au rond point de l’hôpital Gabriel Touré, les faisant passer pour des jumelles. Elle pouvait ainsi gagner par jour au minimum 4000 Fcfa. Donc force est de reconnaître que la mendicité qui fut depuis la nuit des temps l’une des valeurs essentielles de notre culture devient une activité florissante dont vivent plusieurs familles. « En donnant l’aumône aux pauvres, on en donne à Dieu qui vous pardonnera tous vos péchés et vous paiera par conséquent, le jour du Jugement dernier », telle est une des idées populaires au Mali qui encourage la mendicité.

Adiaratou Sangaré

 

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