Sport malien : Mme Sangaré Aminata Keïta demande la révision de l’Arrêté interministériel fixant les primes des sportifs

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La présidente de la Fédération malienne d’athlétisme (FMA) Mme Sangaré Aminata Keïta, était la semaine dernière l’invitée du deuxième numéro de l’émission « 90 minutes pour convaincre » de l’Association des journalistes sportifs du Mali (AJSM). La présidente de la FMA en a profité pour révéler quelques insuffisances qui bloquent le développement de l’athlétisme au Mali. «Nous avons constaté que les remue-ménages au niveau de la fédération sont dus aux insuffisances dans les textes. Le bureau fédéral a fait le toilettage des textes qui n’ont pas pu être validés par l’assemblée générale pour cause de la Covid-19 », a-t-elle confié. « La deuxième cause de blocage, c’est l’Arrêté interministériel fixant les primes des sportifs. C’est un problème et nous avons toujours décrié ce texte. A défaut d’avoir l’égalité, nous demandons l’équité dans le traitement des sportifs. Les athlètes sont frustrés et ils attendent des années pour avoir leurs primes. Nous avons des primes en retard de de plusieurs années. C’est problématique. Il y a un seul drapeau malien et il n’y a que des Maliens qui font différents sports, mais il n’y a pas de sous Malien. Nous avons toujours demandé la révision de l’Arrêté, mais ils ne nous écoutent pas », a insisté la patronne de l’athlétisme malien. Elle est étonnée également que l’organisation des voyages pour les compétitions internationales par le département de la Jeunesse et des Sports posent toujours problèmes. « C’est toujours l’incertitude. Comment un athlète peut se préparer pour une compétition quand il est dans l’incertitude. Très souvent le voyage est annulé à la veille du départ. Il faut qu’on puisse gérer les voyages pour des compétitions internationales pour pouvoir réaliser des belles performances », a fustigé la présidente de la FMA. Pour elle, un autre facteur bloquant pour le développement de l’athlétisme malien est le problème d’infrastructures et d’équipements. « La piste du Stade Modibo Keïta, considérée comme la meilleure de la sous-région, est en dégradation avancée », déplore Mme Sangaré Ami Keïta.

Réélue à la tête de la FMA en 2017, elle a estimé que sa politique à la tête de l’instance dirigeante de l’athlétisme malien a porté ses fruits. « Mon programme s’articule autour de quatre axes : l’administration, les compétitions, les stages et l’équipement. On ne peut rien réussir sans une administration forte. Toutes les compétitions prévues ont été organisées. Nous avons créé des nouvelles compétitions et nous les avons catégorisées : cadet, junior et senior. Nous avons décentralisé les compétitions en créant des zones de développement de l’athlétisme à travers le pays. Les compétitions zonales, dans chaque catégorie, servent des éliminatoires pour les championnats nationaux. La décentralisation des compétitions a créé de l’engouement dans la pratique de l’athlétisme. Aujourd’hui, la Fédération malienne d’athlétisme compte 31 clubs affiliés et 1717 athlètes licenciés. On peut dire que l’athlétisme est en train d’être implanté et pratiqué part tout au Mali. Nous aujourd’hui 9 ligues, certaines sont en gestation dans les régions nouvellement créées, notamment Kita, San, Bougouni. Il y a de la matière, il faut travailler », a expliqué Mme Sangaré Aminata Keïta.

Autre politique portée par la vice-présidente de la Confédération africaine d’athlétisme (CAA) est la participation qualitative aux championnats d’Afrique dès son arrivée à la tête de la FMA. « Les athlètes ne peuvent plus participer aux compétitions internationales sans le minima. Quand nous avons pris cette décision, nous étions nous-mêmes sceptiques, mais les athlètes maliens ont travaillé et se sont surpassés pour participer en grand nombre aux championnats d’Afrique. Les athlètes maliens ont progressé, même s’il faut travailler davantage », a-t-elle révélé.

La présidente de la FMA a salué la médaille d’or de Djénébou Danté (400m), la médaille d’argent de Kénifing Traoré au javelot et la médaille de bronze de Mamadou Cherif Dia au triple saut. Des médailles remportées en 2017 lors des Jeux de la Francophonie à Abidjan. Mme Sangaré Ami Keïta a bon espoir pour l’athlétisme malien avec les boursiers olympiques, Djénébou Danté, Fodié Sissoko, les jeunes au centre de Lomé, notamment Issa Sangaré et sur le plan local que le Mali peut remporter bientôt une médaille africaine. « 2021 est une année des championnats d’Afrique et des Jeux olympiques. Nous avons des ambitions et nous avons bon espoir », a affirmé l’ancienne sprinter avant d’ajouter que le Mali ne peut pas organiser en ce moment des compétitions africaines par manque d’installations sportives malgré l’acquisition du chronomètre électronique par la fédération.

Mme Sangaré Ami Keïta est aujourd’hui avec la présidente de la Fédération malienne de golf, Mme Sanglier Niagalé Mariam Diané, les seules femmes présidentes d’une fédération sportive malienne. Et l’ancienne sprinter a estimé qu’être présidente d’une fédération est une chance et un défi. « Je suis en mission depuis le début de ma carrière d’athlète. C’est une mission exaltante que j’effectue avec beaucoup de bonheur. Je suis accompagné d’une équipe fédérale dynamique. Quand un homme brigue un poste, les gens trouvent cela normal, mais quand c’est une femme, les gens se posent des questions sur sa capacité. Je relève avec beaucoup de plaisir ce défi pour la jeune génération. Aujourd’hui, il y a beaucoup de femmes présentes sur l’échiquier et qui ont la capacité de relever le défi », a indiqué la présidente de la FMA. Et d’ajouter : « Etre épouse, mère de famille, assumer ses fonctions administratives, c’est très compliqué. J’ai eu la chance d’être accompagnée par ma famille dès le début de ma carrière sportive et administrative. Mon meilleur soutien, c’est ma famille qui a compris que j’avais comme passion l’athlétisme. Je loue mon époux qui a une grande compréhension et qui a su qu’il fallait m’accompagner. Mais j’avoue, c’est très difficile. Il faut discuter pour que les gens puissent comprendre. Ce n’est pas la peine de faire un bras de fer avec la famille, il faut expliquer », a confié Mme Sangaré Ami Keïta.

Ousmane CAMARA

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