Les virus de la division, de la manipulation et de l’instrumentalisation sont dans l’ADN de l’impérialisme colonial et néocolonial français, ennemi éternel de la construction d’un Mali indépendant et de son fondement : l’unité africaine

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De l’époque de la nuit noire coloniale à nos jours, les stratégies et les pratiques de l’impérialisme français à l’encontre de la marche de notre Peuple et de notre pays vers la liberté totale, la souveraineté et le développement inclusif, durable et aux fruits équitablement partagés, ont revêtu de multiples visages mais leurs objectifs sont en fait identiques et elles traduisent une volonté constante de domination et de vassalisation. Une brève rétrospective permet de mettre en évidence cette vérité, une meilleure prise de conscience des enjeux actuels et une compréhension profonde de la nature et des intentions réelles de cet ennemi éternel du Mali et de l’Afrique

 

Manœuvres machiavéliques d’hier pour tenter de sauver son empire colonial d’un effondrement inéluctable.

                                                      

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), l’Etat impérialiste français fut immédiatement et dramatiquement confrontée à l’effritement de son empire colonial.

En effet, la montée fulgurante des luttes syndicales et des mouvements d’émancipation politique dans ses Etats coloniaux et sous mandat d’Afrique à partir de 1946, l’acquisition par le Vietnam de son indépendance au moyen de la lutte armée en 1954 et le déclenchement la même année de la lutte armée de libération nationale en Algérie contraignirent la classe politique dirigeante française, sidérée, mais refusant de renoncer à la domination de la métropole sur ses « possessions » territoriales encore sous son contrôle, à repenser la façon de les gérer.

Elle conçut et mit en place alors la Constitution de la IVe République (1946-1958) pour les intégrer à  « L’Union Française ». Mais celle-ci fut incapable de faire cesser l’instabilité gouvernementale qui caractérisait la vie politique française après la libération du pays du fascisme allemand, de mettre fin à la guerre d’indépendance de l’Algérie et de mettre un coup d’arrêt à la dynamique des mouvements sociopolitiques vers l’indépendance en Afrique Noire.

La Constitution de la Ve République fut donc élaborée et soumise à référendum le 28 septembre 1958 afin de consacrer le retour du général Charles de Gaulle à la tête de l’État ( qu’il avait quittée en 1946), de stabiliser les institutions, d’arrêter la guerre d’indépendance algérienne et de maintenir les populations de son vaste domaine colonial dans une nouvelle forme d’assujettissement, d’asservissement et d’exploitation : la « Communauté Française » .

Suite à une campagne forcenée, menée à coup de manœuvres de division, de chantage et de menaces, tous les territoires d’outre-mer votèrent oui à l’adhésion à la « Communauté », excepté la Guinée dirigée par le PDG de Sékou Touré qui opta pour l’indépendance et une coopération entre Etats égaux et réciproquement avantageuse.

Deux décennies durant, la France impérialiste tenta vainement de la punir pour son audace et de tuer dans l’œuf son expérience par le torpillage de son économie, la déstabilisation permanente du régime et le renversement du pouvoir en usant des complots intérieurs (rébellion, coups d’Etat avortés) et d’agressions provenant de l’extérieur (appuis à opérations de mercenaires étrangers et d’opposants guinéens exilés, notamment une invasion en novembre 1970, en alliance avec le Portugal  colonialiste, mû par sa volonté de liquider le Parti Africain pour l’Indépendance de la Guinée Bissau et des iles du Cap Vert (PAIGC) d’Amilcar Cabral, mouvement armé de libération de la Guinée Bissau et du Cap vert, soutenu et hébergé par le Gouvernement de Sékou Touré)

Le 21 octobre 1946, soit douze ans avant le référendum du 28 septembre 1958, comme suite logique et premier point culminant des luttes pour briser le joug colonial français en Afrique Noire, fut fondé à Bamako (Mali), sur la base de l’anticolonialisme, le Rassemblement Démocratique Africain (RDA), une grande fédération de partis politiques africains qui décidèrent d’unir leurs forces pour mener une action unitaire qui transcende leurs différences, divergences ou clivages idéologiques et tendances politiques (réformistes socialistes ou radicaux du système colonial, indépendantistes nationalistes ou marxistes-léninistes). Il était dirigé par des leaders politiques et responsables syndicaux : Félix Houphouët Boigny (chef du syndicat des planteurs africain de Côte d’Ivoire), les Soudanais Modibo Keita et Mamadou Konaté (fondateurs du syndicat des instituteurs d’AOF en 1937,  de l’union CGT Soudan et du parti Bloc Soudanais en 1945), Gabriel d’Arbousier (Sénégal), Hamani Diori (Niger), Sékou Touré (Guinée), Gabriel Dadié (co-fondateur du syndicat agricole africains en Côte d’Ivoire en 1944), etc. Astucieusement « conseillés » par leurs parrains socialistes français, en particulier le Ministre de la France d’Outre-mer, Marius Motet, les leaders politiques sénégalais Léopold Sédar Senghor, Lamine Gueye et Mamadou Dia boycottèrent son congrès constitutif. Seuls l’UDS (Union Démocratique Sénégalaise), parti local d’obédience communiste, l’Union Soudanaise de Mamadou Konaté et Modibo Keïta, l’Alliance pour la Démocratie et la Fédération de Haute Volta y participèrent en tant que formations politiques.

Face à la volonté de la France d’assimiler plus fortement encore les élites de ses colonies dans le contexte de l’après-guerre, le RDA visait au départ l’organisation d’une lutte politique indépendante des partis et courants politiques de la métropole coloniale. Cependant, pour des « raisons d’efficacité et tactiques », il dut s’affilier au groupe parlementaire du Parti Communiste Français, formation politique anticolonialiste déclarée à l’Assemblée Nationale Française en 1947 dans le but d’avoir un poids important dans la politique française et peser sur l’avenir de l’Union Française.

Dans cette orientation initiale, ce mouvement prit en charge les questions de développement économique des colonies, y compris les problèmes des ouvriers et des paysans, et afficha sa solidarité avec les peuples en lutte pour leur liberté et l’indépendance (guerre d’Indochine, insurrection de Madagascar en 1947 réprimée dans le sang) lors de son deuxième congrès, interdit par l’Administration coloniale à Bobo-Dioulasso ( Haute Volta) mais finalement tenu à Abidjan en janvier 1949.

Malheureusement, en juillet 1950, sous la pression du Président français Vincent AuriolFélix Houphouët Boigny qui fut choisi et mis à la tête de l’organisation pour sa capacité à trouver des compromis entre les différentes tendances, s’engagea à la séparer des communistes passés à l’opposition depuis 1947 (suite au vote au parlement sur les crédits de guerre contre le Vietnam) et de marginaliser en son sein les éléments les plus farouchement anticolonialistes. En échange de la réduction par l’Etat français de la puissance du gros commerce des colons français pour favoriser ses propres intérêts économiques de richissime planteur africain, il remit à François Mitterrand, alors Ministre de la France d’Outre-mer, la promesse écrite que le RDA respectera le cadre de « l’Union Française » et, par conséquent, renoncera à revendiquer l’indépendance. C’est ainsi que dès octobre 1950, les parlementaires du RDA quittèrent le groupe communiste et rejoignirent de 1951 à 1958 celui de l’UDSR, parti centriste auquel étaient affiliés François Mitterrand et René Pleven, le Chef du Gouvernement, autrement dit, la majorité présidentielle.

Fort logiquement, après cette désaffiliation indigne et honteuse, commanditée par ses maîtres français et justement qualifiée de « trahison » par Gabriel d’Arbousier, Félix Houphouët Boigny, qui en assura l’exécution, entra dans le cabinet du socialiste Guy Mollet comme ministre délégué auprès du ministre de la France d’outre-mer en février 1956 et participa à tous les gouvernements français formés de cette date jusqu’à juillet 1959.

A noter également qu’après l’accession des autres colonies françaises d’Afrique à l’indépendance à partir de 1960, dans le sillage de la Guinée, mais dont la plupart furent octroyées sous condition de rester dans le giron de la France, Félix Houphouët Boigny devint le principal pilier du système « Françafrique » jusqu’à son décès en 1993. Il fut constamment appuyé dans ce rôle par des compères comme Léopold Sédar Senghor, Maurice Yaméogo, Hamani Diori et Bernard devenu plus tard Oumar Bongo, etc. tous fossoyeurs des luttes pour la souveraineté et l’unité de l’Afrique.

Auparavant, dans le cadre de la mission qui lui était assignée par la France coloniale, il travailla activement à la neutralisation politique puis à l’exclusion des dirigeants les plus nationalistes, indépendantistes ou révolutionnaires du RDA et à leur remplacement par d’autres engagés dans la défense des intérêts du Gouvernement français. Ainsi, par un putsch interne qu’il effectua de main de maître, les principaux opposants à la nouvelle ligne de renoncement et de dérive vers le « fantochisme » (personnalités et partis affiliés) en furent exclus en 1955 : Gabriel d’Arbousier, Djibo Bakary, l’UPC du Cameroun de Ruben Um Nyobè , l’UDS du Sénégal, etc.

Fort heureusement, l’Union Générale des Travailleurs d’Afrique Noire (UGTAN), créée en 1957 et dirigée par Sékou Touré, prit les relais de la lutte anticolonialiste. Regroupant environ 90% des syndicats de l’Afrique Occidentale française, elle permit au RDA de remporter de nombreuses victoires électorales avant les indépendances, notamment entre 1956 et 1957.

Par ailleurs, parallèlement au RDA dirigé par Félix Houphouët Boigny, le Parti du regroupement africain (PRA), fusion d’une dizaine de partis africains fut créé en 1958 lors de son congrès constitutif à Cotonou du 25 au 27 juillet 1958.

Contre l’avis de Sékou Touré qui avait signé au nom du RDA l’appel à sa formation, Houphouët, par crainte d’une orientation résolument indépendantiste, intervint pour bloquer son adhésion.

Pour une raison opposée, le Parti Africain de l’Indépendance (PAI), qui milita pour une indépendance totale des Etats Africains, refusa d’y adhérer parce que le PRA ne s’était pas décidé à porter cette revendication à ce moment-là.

Le PAI fut un parti politique sénégalais et soudanais, socialiste et marxiste-léniniste,  « pan-négriste et panafricaniste » créé en septembre 1957 à Thiès ( Sénégal), cité du rail, haut lieu des grandes grèves des cheminots ( 1938 et 1947) sous le leadership de Majhemout Diop. Sa section soudanaise dirigée par Amadou Seydou Traoré dit Amadou Djikoroni rallia plus tard ( en mars 1959) l’US-RDA de Modibo Keita

Finalement, lors du référendum du 28 septembre 1958, le PRA plaida pour une indépendance totale.

Cela provoqua une scission au sein de la section du Sénégal (l’Union progressiste sénégalaise – UPS) et la création du PRA-Sénégal). En Côte d’Ivoire , le PRA entra en conflit avec le PDCI, section locale du RDA et sa direction fut contrainte par Houphouët Boigny du PRA à l’exil en Guinée Conakry.

Quant au PAI, nonobstant la défection de la section locale soudanaise qui a affaibli ses rangs, ses militants sénégalais tentèrent une insurrection en 1959 pour obtenir l’indépendance du Sénégal. Son leader Majhemout Diop et plusieurs autres dirigeants se réfugièrent après au Mali durant plusieurs années pour échapper à la répression du pouvoir sénégalais dirigé par Léopold Sédar Senghor.

Ensuite, le P.F.A. (Parti de la Fédération Africaine), regroupement de partis ouest-africains, tint son congrès constitutif le 1er juillet 1959 dans la capitale du Soudan actuel Mali. Ses principaux dirigeants étaient : Léopold Sédar Senghor (son président) et Lamine Gueye du Sénégal, Modibo Keïta du Soudan, Djibo Bakary du Niger, Nazi Boni de Haute Volta. Sourou-Migan Apithy du Dahomey, etc.

L’objectif affiché consistait à créer une « nation noire africaine librement associée à la France ».

Donc, en réalité, la vision dominante au sein du PFA était un futur arrimage/assujettissement néocolonial à la France et, dans son orientation fondamentale, il devait se servir de la Fédération du Mali comme premier pas dans cette direction. Car, au fond, il n’y avait qu’une simple différence d’approche quant à l’adhésion à la Communauté française (par le référendum du 28 septembre 1958) : rattachement vertical et sans échelon intermédiaire de chaque Etat africain prônée par Houphouët Boigny, président du RDA, contre une adhésion collective des Etats africains regroupés dans une fédération politique primaire, option soutenue par Senghor, chef du PFA.

La suite de l’histoire est bien connue. Lors du référendum du 28 septembre 1958, à l’instar du PDG de Sékou Touré en rupture avec la position du RDA, la section PFA du Niger conduite par Djibo Bakary, opta également pour le “Non” à la Communauté française et choisit l’indépendance. Ce leader et ses compagnons prirent eux aussi le chemin de l’exil vers la Mali.

Dans ces conditions, la farouche détermination de l’US-RDA à briser le joug colonial pour faire accéder notre pays à l’indépendance totale, cause fondamentale de la rupture entre le Soudan et le Sénégal initialement unis dans un Etat fédéral mais dont le second était décidé à demeurer dans le giron de l’ex-métropole (la France), l’amena naturellement à sortir du PFA.

C’est ainsi qu’après l’éclatement fatal, pour ainsi dire inéluctable, de la Fédération du Mali, le 20 août 1960, lors de son Congrès extraordinaire du 22 Septembre 1960 tenu à Bamako pour proclamer l’indépendance du Mali, l’US-RDA déclara publiquement sa sortie de ce regroupement de partis politiques devenu inadéquat par rapport à son orientation, son ambition et aux aspirations profondes de notre Peuple.

Cette même instance définit également la politique extérieure du nouvel Etat et assigna au parti de l’indépendance nationale la tâche de la promouvoir.

Sa pierre angulaire : œuvrer avant tout et constamment à la réalisation de l’unité africaine

L’orientation en a été indiquée comme suit : « le Congrès maintient son option fondamentale de l’Unité Africaine. Considérant que le Parti de la Fédération Africaine, support politique de la Fédération du Mali ne saurait subsister à la rupture consacrée entre le Soudan et le Sénégal, le Congrès affirme que l’US.R.D.A est libre de toute attache avec cette formation politique, déclare ne participer à aucune construction politique dans l’équivoque et exige désormais clarté dans les positions de ses partenaires éventuels. Le Congrès opte pour la coexistence pacifique et dans ce sens, donne mandat au Parti et au Gouvernement pour établir des relations avec tous les pays du monde sans exclusive et en particulier avec les Etats Africains afin de promouvoir, en République du Mali, une ère de bonheur, de prospérité et de paix ». Le même jour, l‘Assemblée Nationale, en adoptait la Constitution, loi fondamentale du régime nouveau, indiquait au Titre X : « La République du Mali peut conclure, avec tout Etat Africain, des accords d’association ou de communauté comprenant l’abandon partiel ou total de souveraineté en vue de réaliser l’Unité Africaine. » Le Parti et le Gouvernement se sont immédiatement mis à l’œuvre et, très rapidement, était conclue en décembre1960 entre la Guinée, le Ghana et notre pays, l’Union des Etats Africains (U.E.A.), déjà démarrée par les deux premiers Etats en novembre 1958 et dont les buts et objectifs sont :

« – renforcer et développer les liens d’amitié et de coopération entre Etats membres dans le domaine politique, diplomatique, économique et culturel ;

« – mettre en commun les moyens dont ils disposent en vue de la consolidation de leur indépendance et la sauvegarde de leur intégrité territoriale ;

« – œuvrer conjointement pour la liquidation complète de l’impérialisme et du néo colonialisme en Afrique et pour l’édification de l’Unité Africaine ;

« – harmoniser la politique nationale et internationale de ses membres pour une grande efficacité de leur action et une meilleure contribution à la sauvegarde de la Paix mondiale. »

L’Union des Etats Africains (U.E.A) a servi de puissant aiguillon vers l’Organisation de l’Unité Africaine (O.U.A.).

Le Gouvernement du Mali a été également l’un des promoteurs de la rencontre d’où devait sortir la Charte de Casablanca « pour contribution positive à la construction de la véritable unité africaine » adoptée le 4 janvier 1961.

C’est ce qui explique que Bamako ait été choisi comme siège du Secrétariat de la Charte de Casablanca. Parlant en 1962 de la Conférence de Casablanca qui a groupé en Janvier 1961, en plus des Etats membres de l’U.E.A, le Maroc, la République Arabe Unie (R.A.U), le représentant du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (G.RP.R.A.), le ministre des Affaires Etrangères de Libye et un délégué de Ceylan (observateur) , le rapport du deuxième séminaire de l’US.R.D.A a indiqué que c’est là le « premier fait dominant de notre politique africaine ». En effet la déclaration finale adoptée à l’unanimité souligne : « Les Chefs d’Etats participants proclament leur détermination de faire triompher la liberté dans toute l’Afrique et de réaliser son Unité ; affirment leur volonté de consolider une unité d’action dans les affaires internationales et d’intensifier leurs efforts en vue de créer une coopération effective entre Etats Africains dans les domaines économiques, social et culturel ». Et le rapport de poursuivre : « le second fait dominant de notre politique africaine est la création de l’Union des Etats Africains (U.E.A) constituée par les République du Ghana, de Guinée et du Mali. Cette Union qui se considère comme un embryon des Etats-Unis d’Afrique marque une étape importante dans la voie de l’unification de nos Etats. En effet, l’Union des Etats Africains (U.E.A.) répond à l’attente des masses africaines et prépare l’avenir politique et économique de l’Afrique par l’action dynamique de ses leaders qui œuvrent conjointement pour la liquidation complète de l’impérialisme et du néo colonialisme. C’est l’occasion aussi, continue le rapport, de dire que l’attitude de l’US.R.D.A a été déterminante dans la constitution du Mouvement Panafricain de la Jeunesse qui vit le jour à Conakry au mois d’Avril 1962 avec la participation effective de la Jeunesse de l’USR.D.A aux assises de ce grand mouvement juvénile africain. De la Charte de Casablanca à l’ U.E.A et au Mouvement Panafricain de la Jeunesse, voilà les étapes décisives vers l’Unité Africaine, cette unité qui reste la pierre angulaire de la politique africaine de l’U S.R.D.A. », conclut le rapport du deuxième séminaire.

Il sied également, pour bien camper la politique africaine de l’US.R.D.A., de se reporter au discours que le Président Modibo Keita a prononcé au stade Mamadou Konaté devant le Président Houphouët Boigny et la délégation Ivoirienne alors en visite officielle d’Etat dans notre pays :

« Monsieur le Président, j’ai déjà affirmé que le Mali n’entend pas s’isoler car ce serait alors oublier que c’est à Bamako que, pour la première fois, les responsables africains s’étaient rassemblés pour créer le Rassemblement Démocratique Africain (R.D.A), que depuis cette date notre pays a abrité plusieurs rassemblements des circonstances où la compréhension ne prenait pas tous ses droits : Festival de la Jeunesse d’Afrique, premier Congrès des Femmes de l’Ouest Africain, Conseil Fédéral de l’U.G.T.A.N. et j’en passe.

Ce serait surtout oublier que nous avons été les premiers à exprimer, au lendemain du 13 Mai 1958, nos craintes de voir l’Afrique divisée. Les perspectives d’unification de nos Etats ont été l’une des causes qui ont déterminé l’US.R.D.A. à répondre « Oui » au référendum. C’est au nom de l’Union de l’Afrique que nous avons décidé de former, avec d’autres Etats, la Fédération du Mali. Notre union avec le Ghana et la Guinée, notre participation active à la Charte de Casablanca n’ont pas d’autres significations et se caractérisent, essentiellement, par l’existence d’organismes de coopération et de coordination. Nous demeurons fermement attachés à l’Unité Africaine, nous sommes esclaves de notre volonté d’œuvre à la réalisation de cette unité avec des objectifs clairement définis, ne prêtant pas à la moindre équivoque. Le Mali est prêt à dépasser le niveau de la coopération, à participer pleinement à la construction de grands ensembles africains sur le plan politique et économique, et même à renoncer à une partie de sa souveraineté à la condition expresse que soit confirmée dans les idéaux,  dans les méthodes, dans les faits, une parfaite identité de vues avec nos partenaires sur tous les problèmes intéressant la politique intérieure et extérieure de ces Etats » a conclu le Président Modibo Keita.

Et comme l’a si bien dit Maria Hansen, député à l’Assemblée Européenne, « C’est au cours des années soixante qu’on a assisté à l’extension des idéologies du développement et du non-développement. Il fallait créer des instruments d’intégration politique et économique, afin de contenir les aspirations de libération des Etats qui accédaient à l’indépendance.

     Le gouvernement français mettait en œuvre ses politiques de coopération, la CEE déployait un effort collectif de mainmise sur les Etats indépendants, les Etats -Unis tentaient de renouveler les formes de leur entreprise. L’ensemble de ces actions qui caractérisent les néocolonialismes visaient l’aménagement de la tutelle politique et ouvraient la voie au maintien et à l’extension des rapports de domination économique des anciennes colonies ».

     Invention de la « françafrique », arme du néocolonialisme français pour perpétuer la « Communauté française » et compromettre toutes les tentatives de construction, d’intégration et d’unification des Etats africains indépendants.

     Face à la volonté inébranlable et à la marche irréversible des Etats progressistes à régime anti-impérialiste pour consolider leur indépendance et réaliser l’unité du continent africain, le néocolonialisme français procéda à la mise en place et à la promotion progressive de cette fabrique de dirigeants africains fantoches présentée sous les oripeaux d’une fausse « coopération » mais consistant en pratique à les maintenir par divers moyens (économiques, financiers, politiques, diplomatiques, militaires, culturels, linguistiques, médiatiques, communicationnels) sous sa tutelle et sa domination.

     Depuis lors jusqu’à aujourd’hui la marche vers l’indépendance totale de nos pays et l’unité de l’Afrique est synonyme de parcours de combattant, un véritable chemin de croix.

Ainsi, que de difficultés il n’a fallu surmonter pour aboutir à la naissance le 25 Mai 1963, de l’organisation de l’Unité Africaine (O.U.A) !

En effet les colonialistes impénitents, les néo colonialistes tripoteurs, les laquais de l’impérialisme et leurs alliés locaux, toute cette faune s’est démenée tant qu’elle a pu pour barrer la route à la vague montante des peuples africains qui, déjà avait sonné l’alarme et déclenché l’offensive contre l’esclavage colonial et le sous-développement qui en est le produit.

  • Dès que nos peuples ont bâti la Fédération du Mali, l’on mit en place le Conseil de l’Entente le 29 Mai 1959 à Abidjan. Par cette contre-mesure, l’on créait un mouvement centrifuge destiné à freiner la marche des peuples africains vers leur unité.
  • Dès qu’on a bâti l’U.E.A., l’on s’est mis à tisser l’Union Africaine et Malgache (U.A.M) en septembre 1961 à Brazzavilledevenue ensuite l’Union Africaine et Malgache de Coopération Economique (UAMCE), puis l’Organisation Commune Africaine et Malgache (O.C.A.M.) en février 1965 à Nouakchott, après l’Organisation commune africaine, malgache et mauricienne (OCAMM) avant de redevenir OCAM en 1973 suite au retrait de Madagascar.

Soit dit en passant, l’U.A.M. et l’O.C.A.M. devaient être constituées de la volonté du Gouvernement français, la réédition et la perpétuation néo colonialiste de la « Communauté Française » et servir ainsi de chalut pour pêcher le menu fretin d’Etats Africains « francophones » tenus en vivarium. Pour masquer cette réalité néo coloniale, on est allé jusqu’à revêtir l’O.C.A.M. de la qualité de groupe régional. « Qu’on nous dise a demandé le porte- parole de l’US.R.D.A, quelle est la région du Continent Africain où se trouvent ensemble le Sénégal et Madagascar ou encore le Niger et l’Ile Maurice  »

  • Dès que l’Afrique combattante a édifié la Charte Africaine de Casablanca en janvier 1961, l’on a tenté d’échafauder un « Groupe » dit de Monrovia en mai1961.
  • Quand le sous-groupe de l’Organisation des Etats Riverains du Sénégal a été construit en février 1970 à Conakry et après que l’Ouest Africain a terminé à Monrovia depuis 1968 la première phase d’édification d’un groupement régional comprenant aussi bien les Etats « francophones » que les Etats « anglophones » ou autres, on y a substitué la convention tripartite Mali-Sénégal-Mauritanie de mars 1972 créant l’Organisation de Mise en Valeur du Fleuve Sénégal (OMVS), consécutivement au retrait de la Guinée dû à un désaccord politique, et l’on a sorti des poussières, l’Union Douanière des Etats de l’Afrique de l’Ouest (U.D.E.A.O.), mise en place en juin 1959 qui avait fait faillite, malgré une réforme en juin 1966, et pour cause, et l’on a tenté de le rependre à neuf et de l’affubler d’une pancarte nouvelle :
  • la Communauté Economique de l’Afrique de l’Ouest (C.E.A.O.) constituée à Abidjan en avril 1973 avec siège à Ouagadougou ; mais la peinture, outre qu’elle est pâle et fortement écaillée, dégage un fort relent de bête impérialiste. En effet n’est-il pas patent, clair surtout depuis que le Président Senghor, grand idéologue et propagandiste de l’Eurafrique ne cesse de multiplier déclarations et conférences, que ladite Communauté Economique de l’Ouest Africain (CEAO) est purement et simplement un chaînon de la fameuse Eurafrique qui veut entreprendre de river les jeunes Etats l’Ouest-Africains, à défaut de l’ensemble des Etats Africains au néo colonialisme collectif de l’impérialisme occidental ? Et ce n’est donc pas sans raison que l’accouchement de ladite communauté connaît d’énormes difficultés. Il n’est pas inutile de lui assigner le sort qu’a connu le ‘’Groupe’’ dit de Monrovia puis de Lagos, groupe de diversion qui n’a pas vécu au-delà de ces deux rencontres constitutives. Comme l’O.U.A est née malgré toutes les manœuvres et l’O.C.A.M. s’étant avérée inopérante pour réaliser pleinement les visées néo colonialistes du gouvernement gaulliste de France, l’on entreprend la confection de la francophonie, forme à peine déguisée de néo colonisation à l’échelle de l’ancien Empire colonial français.

Quand, par la force des choses, la conférence au sommet d’Addis-Abeba a pu être convoquée, combien sont-elles les délégations des pays membres des regroupements néo coloniaux qui n’ont pas transitées par Paris pour prendre des ordres ?

Malgré tout, à Addis-Abeba c’est l’Afrique qui l’a emporté; c’est l’Unité Africaine qui a triomphé ; c’est l’anticolonialisme et la volonté de vivre libre et dans la paix, c’est la solidarité et la fraternité africaines qui ont annihilé les entreprises néo colonialistes de division et de haine. Chacun sait de quel apport a été le groupe de Casablanca dans cette victoire et le monde progressiste tout entier a salué la contribution de notre Président, Modibo Keita.

L’US.R.D.A est fière d’avoir été parmi le détachement de tête qui a réussi à démanteler toutes les entraves pour ouvrir la voie à l’organisation de l’Unité Africaine (O.U.A). C’est donc à juste raison que nous considérons l’O.U.A comme notre œuvre et celle de tous les peuples africains et que nous veillons sur l’O.U.A. comme la matérialisation concrète à l’échelle du Continent d’une politique d’union et d’unité, d’indépendance et de souveraineté. Nous laissons à d’autres le soin de témoigner de notre apport aux activités de l’O.U.A nous nous bornerons simplement à rappeler combien notre Pays a contribué au succès du sommet d’Alger de septembre 1968 où le problème du « Biafra » figurait parmi les questions angoissantes. C’est en effet  le Président Modibo Keita qui a, dans une intervention restée mémorable dans le style simple et limpide qui est le sien, avec le courage et la franchise qui le caractérisent, dénoncé les manœuvres du gouvernement gaulliste de France dans la province orientale du Nigeria en étalant les preuves matérielles, c’est lui qui a campé la collusion entre les Etats de l’O.T.A.N pour soutenir le Portugal fasciste et les régimes minoritaires et racistes de l’Afrique du Sud ; c’est lui qui a magistralement esquissé une politique juste et efficace de solidarité de l’Afrique libérée avec les peuples frères menant encore la lutte armée pour leur libération nationale.

Alors nous étions en Septembre 1968. A cette date, les relations entre le Mali et la France étaient en mauvaise passe pour les deux raisons suivantes notamment :

  • D’un côté Bamako avait notifié à Paris qu’il n’acceptait pas, qu’il rejetait les accords monétaires franco-maliens de trahison nationale signés par l’équipe Jean Marie Louis Nègre, donc lesdits accords se trouvaient mis en cause par la partie malienne.
  • De l’autre côté, Bamako et Paris étaient depuis un certain temps déjà en négociations infructueuses pour un échange de visite présidentielle, chacun estimant qu’il revenait à l’autre partenaire de faire le voyage le premier. La tenue du Sommet d’Alger avait été saisie par le gouvernement français pour inviter le Président Modibo Keita officiellement à cette occasion, ou à défaut le prier d’en saisir l’opportunité pour faire un séjour privé dans le midi de la France de façon à permettre au général de Gaulle de le rencontrer et de s’entretenir avec lui. Le Président Modibo Keita n’avait pas agréé la proposition française. La conférence de l’O.U.A avait eu lieu dans ce contexte avec l’intervention du Chef d’Etat malien déjà mentionnée plus haut. Immédiatement après un voyage de Mr Foccart, conseiller spécial et homme de l’ombre du général De Gaulle pour les affaires africaines ( chef d’orchestre des opérations de déstabilisation, de renversement des pouvoirs hostiles aux intérêts de la France néocoloniale, de liquidation physique sans état d’âme de ses leaders) puis d’un autre du ministre de la coopération Yvon Bourges à Bamako n’étaient pas parvenus à arranger la situation. La goutte d’eau venait de tomber, le vase débordait. L’Impérialisme mondial en général, l’impérialisme français en particulier n’en pouvait plus. Ils rageaient de colère, écumaient de fureur. Ils étaient à bout de souffle en raison de la position constante de l’USRDA, position que le premier n’a cessé d’appeler anti-occidentale et le second anti-française.

Depuis que nos dirigeants indépendantistes et anti-impérialistes furent en prise avec le colonialisme et le néocolonialisme français, ils ont posé dans de nombreuses situations des actes clairs et conséquents qui ont noirci les relations entre la France et notre pays.

 

  1. L’Option du Mali, dès son accession à la souveraineté nationale de faire résolument front à l’impérialisme, défendant ses droits politiques et économiques.
  2. Les changements progressistes particulièrement importants produits dans l’économie et la vie politique du Mali qui a opté pour la voie d’un développement socialiste.
  3. Notre politique de lutte multiforme et effective contre le colonialisme ancien et nouveau, d’aide concrète aux mouvements de libération nationales ;
  4. La politique africaine d’indépendance et de souveraineté des peuples de la Fédération du Mali qui contrecarrait efficacement les activités du néocolonialisme français et qui amena le gouvernement gaulliste de France à faire éclater ladite Fédération ;
  5. La mise en échec par notre refus catégorique d’y souscrire, de l’organisation Commune des Régions Sahariennes (O.C.R.S.) , instituée de 1957 à1963,et dont Félix Houphouët Boigny Ministre délégué auprès de la France d’Outre-mer, était le maitre d’œuvre ;
  6. Notre contribution à l’abandon, par le gouvernement gaulliste de France, des polygones d’essai nucléaire de Reggan et de Hammaguir en Algérie,
  7. Notre soutien inconditionnel et indéfectible à l’Algérie combattante soutien concrétisé, entre autres, par le grand acte politique que constitua la visite d’Etat combien pathétique et émouvante du premier Chef d’Etat africain faite en juin 1961 par le Président Modibo Kéita au gouvernement provisoire de la République Algérienne (GPRA) à son siège à Tunis ;
  8. Notre exigence du retrait total et immédiat des nationaux maliens des corps expéditionnaires de reconquête coloniale en Algérie et de répression coloniale au Cameroun ;
  9. Notre dénonciation de la communauté franco-africaine du Général De Gaulle ;
  10. Notre refus de signer des « accords de défense » avec le gouvernement français ;
  11. Notre exigence de l’évacuation des troupes et des bases militaires françaises du territoire national du Mali le 20 janvier 1961;
  12. Notre refus de garder des conseillers militaires français ;
  13. Notre refus d’accorder le privilège diplomatique spécial faisant de l’ambassadeur de France le doyen inamovible, perpétuel du corps diplomatique au Mali ;
  14. Notre option ferme pour la voie du développement démocratique populaire et socialiste, option proclamée et théoriquement définie avec clarté et pratiquement appliquée sans aucune compromission avec le capitalisme et le néocolonialisme ;
  15. Notre refus de nous embarquer dans le cheval de Troie de la francophonie, ce moyen de diversion, de noyautage, de dépersonnalisation de nos jeunes nations, destiné à porter atteinte à l’unité, à l’indépendance et la souveraineté africaines ; etc…

 

Ce faisceau de faits entre autres a fini de convaincre définitivement les gouvernants gaullistes de France de l’impossibilité d’entrainer dans leur construction néocolonialistes les équipes des présidents Ahmed Sékou Touré en Guinée et Modibo Kéita au Mali, et de porter à leur comble le désespoir et l’irritation des tenants de l’impérialisme international et de l’impérialisme français. Mettre les bouchés doubles pour en finir, dans les mois à venir, avec cet état de choses, est plus que jamais un impératif vital. Les patins de Bamako et de Conakry en reçoivent la sommation ; ils sont actionnés.

L’organisation de l’Unité Africaine, dès sa naissance, a demandé la création de groupements d’États sur les plans de la région et de la sous – région, ainsi que la dissolution des groupements existants qui ne sont pas de cette nature. Seuls les pays de la Charte de Casablanca, dont le nôtre, se sont exécutés en dissolvant leur organisation. Les adversaires camouflés d’une véritable unité africaine indépendante de toute subordination à l’impérialisme, ont non seulement maintenu leurs groupuscules de néo colonisation, mais continué d’œuvrer pour créer d’autres forces centrifuges sous les dénominations les plus frauduleuses : francophonie, communauté économique de la viande, O.C.A.M, C.E.D.A.O. etc. ; et chaque jour, ils en créent de nouveau.

L’US.R.D.A et son gouvernement se félicitent également d’avoir, avec la collaboration de nos voisins du Sénégal, de la Mauritanie et de la Guinée, fondé l’Organisation des États Riverains du fleuve Sénégal (O.E.R.S.). C’est une organisation sous – régionale authentique. C’est une organisation fondée par les peuples et non un quelconque syndicat de chefs d’États. Les maillons de l’O.E.R.S., c’est la collaboration économique sous – régionale, c’est la collaboration politique au niveau de l’harmonisation des activités gouvernements et parlementaires, c’est la collaboration entre les partis politiques nationaux, entre le Parti Démocratique de Guinée, l’Union Progressiste Sénégalaise, le Parti du Peuple Mauritanien et l’Union Soudanaise R.D.A., c’est la collaboration entre les centrales syndicales nationales, entre l’union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), la confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG), l’union nationale des travailleurs de Mauritanie (UTM) ; c’est la collaboration entre les organisations nationales des Jeunes et des Femmes dans nos quatre pays ainsi que la collaboration culturelle et diplomatique des quatre États. Que de chemin parcouru en toute indépendance et dans l’enthousiasme général à tous les niveaux par l’O.E.R.S. était une organisation librement et souverainement  fondée par des nations dans l’intérêt de leur émancipation et de la libération de leurs peuples laborieux respectifs, la conscience de ces derniers édifiée selon la vérité de l’histoire de la société et épanouie dans toute sa plénitude, devant être la charpente inébranlable qui soutienne la construction commune ; parce que l’O.E.R.S., où siègeraient le Mali de l’US – RDA avec le Président Modibo KEÏTA à sa tête et la Guinée du PDG avec le Président Ahmed Sékou TOURE à sa tête, échappait à l’impérialisme et à la néo colonisation, formait, éduquait et rendait adultes, souveraines et responsables les masses populaires, mobilisait leur physique et leur conscience, réalisait concrètement la  coopération, l’entraide, la solidarité fraternelles et généreuses des peuples et non celles odieuses du cheval et du cavalier qui trouvent, mystifient ; parce que l’O.E.R.S. était un bastion anti – colonisation, anti – néo colonialiste ; parce que l’O.E.R.S. était un véritable exemple, de lutte efficace contre l’impérialisme et le sous – développement qui en est le produit ; par ce que l’O.E.R.S. avait stimulé de façon heureuse et déterminante l’entreprise de création du groupement régional des États de l’Afrique de l’Ouest (GRAO), le seul groupement valable en la matière parce que comprenant toutes les nations  de la région Ouest – Africaine ; parce que convaincue que l’indépendance, l’unité et la dépersonnalisation de l’Afrique à tous les  échelons passent nécessairement par la décolonisation totale, complète,  intégrale et définitive, le GRAO ne fait qu’obéir à cette nécessité en engageant l’action de destruction de la superstition, du mythe divisionniste « des obstacles infranchissables » que sont notamment les différences des langues étrangères et importées  monnaies dont certaines étrangères et imposées que nous utilisons, tous obstacles créés par la colonisation pour les besoins de sa cause anti – africaine,  d’oppression et d’exploitation de nos pays des peuples ; (d’ailleurs la leçon ne vient – elle pas des nations colonialistes dont nous employons langues et monnaies, en train de se grouper bien que possédant sur le plan national leur langue et leurs monnaies respectives ?) ; parce l’O.E.R.S. pour tout dire, était exclusivement notre chose, la chose de nos peuples, elle constituait le cauchemar de l’impérialisme, et plus particulièrement la hantise de néo colonisation française. Ainsi, tout était – il mit en œuvre pour provoquer, semer la division en son sein et pour la submerger par un moyen ou un autre. Les tireurs de ficelle et leurs Judas avaient l’expérience des scissions, des éclatements, leur double arme étant parjure – trahison d’un côté, division – opposition de l’autre.

Le coup d’Etat du comité militaire le 19 novembre 1968 ayant renversé l’US – RDA avec le Président Modibo KEÏTA à sa tête au Mali celui manqué, début 1969, du colonel Kaman Diaby contre PDG  avec le Président Ahmed Sékou Touré à sa tête en Guinée, tous les évènements et les multiples révélations qui ont suivi, ainsi que le grave différend consécutif entre les Républicains de Guinée et du Sénégal ; la nouvelle situation ainsi créée a affaibli progressivement l’O.E.R.S. et permis finalement sa destruction de la manière que l’on sait, en même temps que son remplacement par l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS). Cette dernière  est présentée comme une organisation améliorée, absolument ‘’apolitique ( ?) », uniquement ( ?) économique une sorte d’O.E.R.S. « purifiée, expurgée » de  ses pêchés mortels, pêchés qui ne sont autre chose que ce qui faisait de l’O.E.R.S. la propriété, l’arme acérée de lutte des masses populaires, cet instrument efficace de décolonisation, d’affranchissement, de repersonnalisation, de libération de nos nations et de nos peuples, mais aussi la bête noire, la cible désignée du colonialisme en premier lieu français et de ses agents anciens et nouveaux.

Les nouvelles transformations ne peuvent parvenir à travestir la vérité, à inverser la réalité de la politique instaurée. Ainsi est – il pour le moins curieux de constater, que l’OMVS, malgré son prétendu apolitisme rigoureux, s’est occupé très tôt de mettre en place un comité de coordination des centrales syndicales nationales en attendant d’en faire autant pour les jeunes et les femmes.

Ce n’est donc pas une certaine politique, la politique de souveraineté et des responsabilités du peuple, la politique menée par le peuple, pour le peuple, contre le néo – colonialisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations.

Mais le peuple ne peut périr, il est éternel, sa cause se règle en définitive et de toute nécessité par la délivrance, par-dessus le passage éphémère des hommes. Il ne peut être partiellement tenu en laisse, sous tutelle, dans l’inconscience et l’irresponsabilité, expulsé de la politique, de l’histoire. Car comme l’a si bien dit un Grand penseur « lutte, échec, nouvelle lutte, nouvel échec, nouvelle lutte encore et cela jusqu’à la victoire – telle est la logique du peuple et jamais il n’ira contre cette logique. C’est … une loi… ».

…et d’aujourd’hui : à travers la CEDEAO, l’UEMOA, l’OHADA, etc.

Cheick Mouyedine Pléah

 (A suivre)

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3 COMMENTAIRES

  1. LE GÉNOCIDE SUIT TOUJOURS LE CULTUROCIDE, POUR REMPLACER LES PEUPLES PAR DES IMPOSTEURS ET LEURS MÉTISSÉS!.

    CHEICK MOUYEDINE! QUEL NOM D ARABE! ÊTES-VOUS ARABE!?
    IMAGINEZ UN PEU UNE PARTIE DE VOTRE FAMILLE ISLAMISÉE L AUTRE PAS!
    QUELLE SACRÉE UNION AURREZ VOUS DANS CETTE MERDE DE FAMILLE DIVISÉE?

    😎VOUS PARLEZ DU “DIVISER POUR REIGNER” APPLIQUÉ PAR TOUS LES NAA MAA DENW?! MAIS C EST QUAND NOUS SOMMES FRAGMENTÉS QUE NOUS AVONS DE L ESPACE ENTRE NOUS PERMETTANT AUX INTRUS DE CIRCULER LIBREMENT!
    QUELLE DIFFERENCE ENTRE LE JUDEOEUROPÉEN FRANÇAIS ET LE JUDÉOARABE SAOUDIEN ET LEUR BUT ET LA METHODE QU ILS UTILISENT POUR Y ARRIVER?!😎

    👤👥UN CULTUROCIDE EST TOUJOURS SUIVI PAR UN GÉNOCIDE! LES RELIGIONS DES ABRAHAMIQUES C EST DU CULTUROCIDE ET DU GÉNOCIDE EN GESTATION!👥👤

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