L’A.E.S: autopsie d’une vraie révolution

La Confédération de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), fondée sur la Charte du Liptako-Gourma entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger, fait trembler les fondations du système néocolonial qui est en train de vaciller, au bord de la rupture totale.

12 Juin 2025 - 17:34
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L’A.E.S: autopsie d’une vraie révolution
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L’A.E.S: autopsie d’une vraie révolution

Et pendant que coincée dans les cordes, la France s’englue dans une stratégie de communication ubuesque pour la déstabiliser, elle développe sa philosophie de défense et de construction avec une sérénité qui n’a d’égale que la détermination de ses peuples à sortir du joug infernal. Qui l’eût cru ?

LA FRANCE PRISE DE COURT DANS LE SAHEL
Trois instruments majeurs ont été utilisés par la France pour s’imposer à ses anciennes colonies qui, même proclamées indépendantes, restent prises dans des liens quasi inextricables. Il s’agit de la langue française, du franc CFA et des bases militaires dans certaines régions stratégiques. Cela lui a permis de surveiller en protégeant ses alliés, mais surtout de déstabiliser ceux qui voulaient sortir des rangs. Plus de soixante ans durant, la France est restée maîtresse de ce jeu de massacre. La révolution en cours dans le Sahel, et qui l’a véritablement prise de court, est le résultat de plusieurs décennies d’injustices et de frustrations mal contenues. En effet, aucun projet structurant ou innovant ne pouvait être réalisé sans l’aval de l’Union Européenne, la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International (FMI) qui s’arrangeaient toujours via la France, pour créer les conditions de son échec, afin de pérenniser la dépendance à l’aide et à l’assistance extérieure. Les pays du sud, façon de désigner les damnés de la terre, devaient être cantonnés dans la simple production de matières premières, pour alimenter les usines du Nord et y créer de la richesse et de l’emploi. Dans le même temps, leur sous-sol était considéré comme la réserve en produits et minerais stratégiques. Tout le monde le savait et chacun devait s’y faire, au risque de subir des bombardements massifs à l’image de la Libye, avant d’être spoliés par les maîtres du moment. L’agression contre la Libye et l’assassinat de Kadhafi ont permis au reste du monde de comprendre la véritable nature des relations internationales conçues par l’Occident.

LE RAPPORT DE FORCE DANS LE MONDE A FINI PAR BASCULER
La guerre d’Ukraine a mis en lumière la situation réelle des rapports de force dans le monde. En effet, la Russie est incontestablement un géant militaire et la Chine un géant économique. La vérité et la sécurité se trouvent donc aujourd’hui du côté de leur alliance avec d’autres pays émergents au sein des BRICS. Les crises récurrentes dans le Sahel depuis plus de dix ans ne s’expliquent ni par des guerres tribales ou ethniques, ni par le djihad. Il s’agit tout simplement de mercenaires de tous bords recrutés, armés et soutenus par l’Occident pour maintenir les liens de dépendance et imposer sa vision du monde. C’est pourquoi, les principales victimes de la déstabilisation de la Libye, ont décidé de prendre leur destin en main. Après avoir identifié les causes de leur malheur, trois pays du Sahel ont noué des partenariats stratégiques pour y faire face. Les attaques en meute de l’Occident contre des pays faibles ne sont plus tolérées et lorsque ceux-ci se placent sous le parapluie militaire russe, personne n’a les moyens de les brimer, tant au sein de l’ONU que sur le théâtre des opérations militaires. Le Mali a commencé seul face à la CEDEAO et on ne lui donnait aucune chance. Il a été plus tard rejoint par le Burkina Faso et le Niger dans une alliance qui fait rêver le reste de l’Afrique. Le coq gaulois est désormais bien nu !

LES RESSOUCES LES PLUS IMPORTANTES SONT DANS LE CERVEAU
Les Etats de la Confédération ont créé un bouclier très solide contre leur éclatement, en adoptant la politique des trois « D » et, toutes les questions y afférant, à savoir la Diplomatie, la Défense et le Développement sont traités de façon conjointe. On ne négocie plus séparément, on ne décide plus isolément, on agit toujours ensemble, à l’abri de toute pression extérieure. Comme le levier principal utilisé pour assujettir les Etats est le Financement, l’AES a créé la Banque Confédérale pour l’Investissement et le Développement (BCID), dont le capital de 500 Milliards F CFA est entièrement détenu par les Etats membres. Cette création leur confère le pouvoir de décider, planifier, financer, et porte un coup fatal au système financier établi. C’est la justification de toutes les attaques actuelles dont les trois pays sont l’objet, avec la multiplication des tensions diplomatiques et des agressions armées, pour décourager d’autres pays qui seraient tentés par le projet. Mais la dynamique est bien lancée.

La force de l’AES réside dans sa capacité à avancer dans la tempête, sans faire de bruit, en brisant la logique des bailleurs de fonds internationaux. Avec son logo, son passeport, son drapeau, son hymne et sa Banque, elle a provoqué un séisme économique et géopolitique perçu comme un affront vis-à-vis du modèle imposé par l’Occident. En vérité, les ressources les plus importantes ne se trouvent pas dans le sous-sol mais dans les cerveaux. Les chefs d’Etat de l’AES n’en manquent pas.

Mahamadou Camara
Email : mahacam55mc@gmail.com

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