AES – CEDEAO : Fin du délai, l’AES poursuit son cap souverain
Le 29 juillet 2025 a marqué un tournant crucial dans l'histoire politique de l'Afrique de l'Ouest : la fin de la période de six mois accordée par la CEDEAO aux pays de l'Alliance des États du Sahel (AES) pour revoir leur décision de retrait. Une date limite qui marque de manière définitive la séparation entre les deux groupes, officialisant un divorce voulu et validé par le Burkina Faso, le Mali et le Niger.

L'institution régionale, qui n'a jamais paru aussi fragile et dont l'avenir semble incertain, a toutefois décidé de "maintenir les portes de la CEDEAO ouvertes au dialogue" pour les trois pays de l'Alliance des États du Sahel (AES). Cependant, ils ont de nouveau réaffirmé leur départ « définitive, irréversible » et « avec effet immédiat » de l'organisation.
Il convient de mentionner que, selon le Burkina Faso, le Mali et le Niger, la rupture a été attribuée à la CEDEAO pour avoir imposé des sanctions jugées « inhumaines, illégales et illégitimes ». Ils soutiennent aussi que l'entité ouest-africaine n'a pas suffisamment participé à leur lutte contre les violences djihadistes et qu'elle est sous l'influence de la France.
En outre, ces États du Sahel qui rappellent avoir été à l’origine de la fondation de l’organisation régionale, depuis 1975, par 15 États d’Afrique de l’Ouest, reprochent entre autres à la CEDEAO: l’éloignement des idéaux des pères fondateurs et du panafricanisme.
Néanmoins, le Sahel façonne de nouvelles alliances pour garantir un futur exempt d'influences étrangères, l’AES pourrait aller plus loin au-delà. Les trois pays envisagent de créer leur propre monnaie et d'abandonner le franc CFA.
Quant à la CEDEAO, elle persiste de maintenir une influence française par le biais de la préservation du FCFA. En dépit des nombreuses critiques concernant la prolifération de cette monnaie d'époque coloniale, l'institution n'a pas encore réussi à s'en défaire.
Plus loin, de nombreux spécialistes soutiennent que l'institution elle-même devrait être réformée et ajustée pour pouvoir répondre à ces crises. Une autre préoccupation majeure concerne l'incapacité de la CEDEAO à relever les défis de sécurité qui sévissent dans la région.
La création d'une « force antiterroriste régionale » a été évoquée par la CEDEAO depuis de nombreuses années, mais ces discussions n'ont jamais abouti. Cette force fantôme demeure un dossier archivé comme beaucoup d'autres depuis des années, sans aucune concrétisation.
En outre, l'appui promis par la CEDEAO aux pays affectés par le terrorisme n'a jamais produit de résultats tangibles. Bien au contraire, le bloc régional s'est révélé, à plusieurs reprises, un obstacle, voire une menace pour les dirigeants qui luttent pour la sauvegarde de leurs territoires et des intérêts de leurs peuples, pour les dirigeants qui ont décidé de prendre en main le destin de leur pays et de se libérer des influences étrangères.
Par contre, l’AES qui croît depuis sa fondation représente un bloc régional robuste. Devant l'incapacité de la CEDEAO à assurer la sécurité, en 2025, le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont décidé de créer une force armée conjointe pour combattre les groupes terroristes dans la région.
Les armées des trois pays ont enregistré des résultats tangibles sur le terrain : le Mali a récupéré le contrôle de Kidal, autrefois bastion du terrorisme dans le pays, et a également sécurisé la quasi-totalité de son territoire; le Burkina Faso contrôle désormais plus de 70 % de de son territoire, contre 30 % auparavant ; tandis que le Niger a renforcé son contrôle sur le territoire national.
Même si l’AES ne fait que commencer, l’alliance progresse rapidement et émerge comme un bloc fort qui pourrait devenir une nouvelle plateforme d'intégration régionale, car elle a déjà prouvé son potentiel à la fois dans la lutte contre le terrorisme, en représentant un bouclier pour contrer la menace djihadiste, ainsi que sur le plan économique, avec un projet ambitieux d'abandon de la monnaie coloniale.
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