Débat autour du FRANC CFA : Polémique entre ses partisans et ses adversaires

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Le franc CFA a été créé en 1945 et concerne quinze pays africains.
Le franc CFA a été créé en 1945 et concerne quinze pays africains. © Getty Images/Bloomberg / Contributeur

Le débat sur notre monnaie commune n’est pas nouveau. Les échanges qui sont en cours, constituent un épisode d’une polémique entre ses partisans et ses adversaires

Le FCFA et les mécanismes de fonctionnement de la zone franc sont parmi les principaux instruments par lesquels la France continue d’exercer sa tutelle sur les politiques économiques de certains pays en Afrique de l’Ouest et du Centre. Sans la rupture avec cette tutelle, les pays africains continueront d’hypothéquer toute possibilité de développement et de progrès social. Autrement dit, la souveraineté monétaire est une nécessité pour parachever leur indépendance politique et renforcer les bases d’une transformation structurelle de leur économie.
En effet, nulle part on n’a vu un pays se développer avec une monnaie contrôlée par un autre pays, comme c’est le cas du franc CFA. Dans les crises économiques et financières que traverse le monde, on voit toute la différence entre les pays qui sont sous tutelle, comme les pays africains de la zone franc, qui ont les mains liées, et ceux qui exercent la pleine souveraineté sur leurs monnaies et disposent ainsi d’instruments leur permettant de recourir à des ajustements dans leurs politiques monétaires (taux de change, taux d’intérêt, octroi de liquidités au système bancaire) pour mieux faire face à la crise.

Pourtant, les Constitutions africaines proclament que l’émission de monnaie relève de la « souveraineté » des pays africains. Encore faudrait-il que ce soit une monnaie qui leur appartienne et sur laquelle ils puissent décider en toute indépendance. Ce n’est pas le cas du franc CFA. La dévaluation de 1994, décidée par la France, et le statut des Banques centrales africaines confortent amplement ce point de vue.
Lors de la réunion destinée à informer les dirigeants africains de cette dévaluation, feu le président Bongo du Gabon et d’autres participants ont dit que les émissaires français n’avaient pas demandé leur avis aux chefs d’Etat réunis à Dakar et que tout ce qu’ils avaient à faire était de signer ce qui avait été décidé par Paris avec le soutien du Fonds monétaire international.
Les mécanismes de fonctionnement de la zone franc illustrent parfaitement la confiscation de souveraineté monétaire des pays africains. Depuis la dévaluation de 1994, les francs CFA des zones UEMOA (Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest) et CEMAC (Communauté économique et monétaire des Etats de l’Afrique centrale) ne sont plus convertibles entre eux par un taux de change fixe et les flux de capitaux entre les deux zones sont soumis à des restrictions, bien que théoriquement appartenant à la même zone monétaire !
Par contre, entre la France et les pays africains, il y a liberté totale des mouvements de capitaux. En outre, la « garantie » de convertibilité du franc CFA oblige la BCEAO (Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest) et la BEAC (Banque des Etats d’Afrique centrale) à suivre des politiques monétaires conformes à celles de la Banque centrale européenne (BCE), en donnant la priorité à la lutte contre l’inflation. Une telle politique est inappropriée et même absurde pour des économies en construction qui ont des besoins importants de financement pour développer leurs capacités de production.

Les « atouts » qu’était censée apporter cette monnaie unique comprenaient, entre autres, la « stabilité », illustrée par de faibles taux d’inflation et l’arrimage du franc CFA à une « monnaie forte » ; l’absence de risque de change entre les pays africains et la France et la « garantie » de convertibilité du franc CFA, promise par les autorités françaises. Ces « atouts » devaient permettre aux pays africains de connaître de forts taux de croissance économique, d’attirer des investissements privés et de faire des progrès significatifs dans le processus d’intégration économique sous-régionale.

     Mamadou DOLO

                                                                                                                        [email protected]

 

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7 COMMENTAIRES

  1. Un pays en developpement qui ne beneficie pas d’un montant eleve d’investissements ne peut pas croitre.Il reste dans la stagnation.Pire,
    il n’a aucune capacite de mettre en valeur ses ressources naturelles.
    Aujourd’hui ,la realite est que nos ressources naturelles,au lieu d’etre valorisees et d’ameliorer le niveau de vie des populations francophones
    sont utilisees pour enrichir d’autres pays.Ceux qui defendent la zone franc n’ont aucun argument economique de nature a soutenir leur these.Ces gens font partie des reseaux francais composes de nos concitoyens qui recoivent des faveurs de la France et qui sont prets a tout moment a proteger les interets de leur maitre nourricier.L’Union Africaine devrait s’en meler et venir au secours des pays Francophones car,en fait,le Franc CFA dans le processus d’integration de l’Afrique appauvrit l’Afrique.La Banque Centrale Francaise(?) ou Europeenne met la main basse sur les reserves monetaires des pays francophones et bloque le processus d’integration regionale entre la CEDEAO et la CEEAC.Nos Leaders sont-ils des visionnaires ou des aveugles politiques?Sont-ils dans ces reseaux qui tournent le dos aux interets superieurs de l’Afrique et de leur pays dont ils ont la charge devant le Justifier Supreme ?

  2. Si la France lache du lest,le FCFA sera une monnaie credible.Mais en l’utilisant comme instrument de controle et d’alienation,cela ne saurait etre marche.

  3. Nous devrons nous en debarrasser parcequ’il ne garantie pas le developpement economique de l’Afrique.

  4. NOS ELITES SONT FORMATES POUR ACCEPTER DE PARAIL MONNAIE .
    LA MONNAIE EST UN ELEMENT DE SOUVERAINETE .S’IL EST VRAIE QUE NOUS SOMMES INDEPENDANT ALORS APRES 77 ANS IL FAUT REVOIR LE POIDS DE LA MONNAIE SUR NOS ECONOMIES.

  5. Bonjour à tous
    De grâce ne nous laissons pas tomber dans le piège des spéculateurs monétaires. Je pense depuis le CFA fonctionne bien . Plus de 60pourcent de la population UMOEA est analphabète comment peut-elle gerer le cours d’une monnaie en plus des problèmes existant deja. A+

    • Réponse à Ladjo: continueront nous à vivre comment un enfant non sevré à sa maman? Non nous devrons prendre en main notre propre destin en main, comme l’a fait le Ghana, y a t-il pas d’intellectuels économiste dans la zone UEMOA qui peuvent nous servir ?

    • Imbecile, depuis quand un peuple gère le cour de la sa monnaie?
      ——————————————————> JAMAIS

      C’est toujours l’élit, soucieuse du bien-être et de la souveraineté de son peuple, qui gère la monnaie!!!

      Et puis d’ailleurs, pratiquement dans tous les pays du monde, au moment de la création des monnaies (usa, allemagne, japon, angola, russie, chine, ghana…) les peupes étaient tous majoritairement analphabètes…
      C’est le fait de de maîtriser sa monnaie qui garantie en partie sa souveraineté et accompagne l’éducation du peuple…

      Il n’y a que des nègres kufindens et des esclaves de maison 2.0 (nfp, coco la blankouille…) qui trouvent des excuses à la soumission!

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