Prof. Messaoud Ould Mohamed Lahbib, Ministre de l’Enseignement Supérieur : «Je rends grâce à Dieu et je suis reconnaissant au président de la République»

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Dans l’interview qui suit, le ministre de l’Enseignement Supérieur, professeur Messaoud Ould Mohamed Lahbib, nous parle de sa nomination et de ses ambitions futures pour son Département. Exclusivité.

Professeur Messaoud Ould Mohamed Lahbib

 Comment appréciez-vous votre nomination à la tête du Département de l’Enseignement Supérieur, dans un contexte marqué par la crise du nord, ainsi que les nombreuses perturbations et de grèves des enseignants ?

Je rends grâce à Dieu et je suis reconnaissant au président de la République et à au Premier Ministre pour m’avoir fait confiance pour diriger un Département aussi stratégique que l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique.

Je mesure à juste titre le challenge et les défis qui sont nombreux, mais exaltants quand on le fait pour son pays, surtout dans le contexte actuel. Un contexte qui  invite tous les Maliens à se ressourcer davantage dans l’esprit historique et conventionnel de la Nation et de ses valeurs, mais aussi pour ce qui concerne l’école à mieux former nos enfants dans la responsabilité pour un avenir plus radieux et plus tolérant.

En tant qu’ancien syndicaliste, je comprends aisément les mouvements des syndicats qui aspirent légitimaient à leurs mandants pour de meilleures conditions de travail. Pour ma part, je m’engage à y contribuer, tout en leur demandant de s’associer avec le Département et les autres acteurs pour sauver l’année universitaire, malgré les trois mois de grève déjà consommés. C’est un partenariat de responsabilité et de qualité que je voudrais partager avec eux pour l’intérêt supérieur du pays, parce qu’aucun pays au 21ème siècle ne doit reléguer l’enseignement et la recherche au second rôle. Il en va de l’avenir du pays et des générations futures.

Quels est votre vision ainsi que vos objectifs pour un enseignement supérieur de qualité au Mali ?

Ce Département est l’un des départements les plus anciens. Je rends hommage à tous mes prédécesseurs qui se sont succédés et qui ont joué pleinement leur partition. Comme vous le savez, j’appartiens à un gouvernement de transition dont le mandat est court et précis. Je tâcherai néanmoins de réduire les entorses à l’éthique et à la déontologie ; d’appuyer la recherche qui fait la spécificité de l’enseignement supérieur et réussir la transition du système LMD. Des études antérieures ayant déjà déblayé le terrain des problématiques, il est de bon droit que notre enseignement supérieur se donne les moyens d’un avenir de développement structurel planifié et de compétitivité, pas d’asphyxie du système par des déficits de capacité de gouvernance et d’anticipation. Avec plus de 100 000 étudiants, moins de 50 000 places disponibles et un ratio d’encadrement d’un enseignant pour 86 étudiants, il y a des défis urgents à relever. C’est là tout le rôle que peut jouer le partenariat avec les syndicats, les partenaires techniques et financiers, les administrations universitaires, les organes consultatifs, les parents et  les étudiants.

L’Unesco a organisé en décembre dernier à Bamako, un atelier sur la mise en place d’une Agence d’assurance qualité pour un enseignement de qualité. En quoi son rôle va-t-il consister ?

La gouvernance universitaire ne cherche qu’à atteindre un seul objectif : la qualité de nos produits.  Elle passe donc forcément par  l’autoévaluation, l’évaluation externe, l’assurance qualité, le leadership, l’éthique et la responsabilité sociétale, le rôle de l’équipe de direction et des instances, les relations entre les enseignants et les étudiants, entre l’université et le monde socio-économique, l’internationalisation de l’enseignement supérieur, la gestion du patrimoine, la gouvernance des services de scolarité, etc. Toutes ces valeurs doivent être partagées et comprises par les principaux responsables des établissements. A travers le concept de gouvernance se posent par ailleurs les questions liées à l’harmonisation du système d’enseignement supérieur (licence, master, doctorat), à l’évaluation, à l’accréditation, mais aussi les questions qui portent sur la gestion académique, la gestion stratégique, la gestion des biens et des services et l’assurance qualité du changement. Et c’est à la suite de ces actions que nous pourrons changer fondamentalement le visage de l’enseignement supérieur. Des projets comme le PADES  y travaillent déjà et le Bureau Multipays de l’UNESCO basé à Bamako est un grand partenaire pour nous dans ce domaine. Lorsque l’Agence d’accréditation et d’assurance qualité au niveau de l’enseignement supérieur  verra le jour, elle y travaillera de façon plus coordonnée. D’ores et déjà les formateurs qui désirent se renforcer bénéficieront du soutien du département. L’enseignement supérieur doit être attractif et valorisé pour ceux qui veulent y venir. Il n’y a pas d’autres alternatives.

 Quelle stratégie allez-vous mettre en place pour  trouver les maux qui minent notre école notamment la grève des enseignants ?

Je crois en la vertu du dialogue mais aussi de la responsabilité et du patriotisme. En ce moment précis pour le Mali, nous devons conjuguer nos efforts pour nous auto-évaluer et trouver des mesures correctives à tout ce dont notre pays a souffert du fait d’antécédents et d’héritage mal conçus et mal élaborés. Il faut avoir le courage de le faire. Il faut aller vers une refondation.

Que vous inspire l’instauration des filières professionnalisantes dans l’enseignement supérieur au  Mali ?

Ces filières sont les plus porteuses dans un pays agro-sylvo-pastoral qui développe parallèlement le secteur des services. L’avènement du système LMD ne les remet pas en cause. Dans la plupart des pays, on a beaucoup plus besoins de techniciens supérieurs titulaires du DUTS ou de la licence par exemple pour  faire face aux besoins de l’économie sans « importer » les ressources humaines. C’est pourquoi, je m’attacherai à promouvoir ces filières dans le triple objectif de désengorger les facultés, de réduire le chômage et  de fournir notre économie en ressources humaines qualifiées.

Votre mot de la fin ?

Je voudrais souhaiter une bonne et heureuse année à tous mes compatriotes et j’espère que notre grand pays sorte rapidement de cette crise qui fait souffrir tant de Maliens, d’abord au nord puis au sud.  J’engage tous les acteurs de l’école à se donner la main pour refonder notre système et exiger d’elle la qualité et le rendez-vous de la compétitivité internationale.

 Réalisée par Mamadou DIALLO «Mass» 

 

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6 COMMENTAIRES

  1. Quelle pays d’hypocrites et d’arrivistes en 7 mois j’ai jamais lu un seul ministre parler de Dioncounda en bien depuis que 2 semaines qu’il est entrain de prendre les choses en main grâce à l’arrivée de la France , ces pseudo-ministres et pseudo-responsables sont progressivement entrain d’oublier leur maître tout puissant Sanogo et son Gang dont j’entends plus parler en tout cas plus en bien depuis que les français sont là, Dioncounda l’ennemi public numéro 1 il y a juste 2 semaines est progressivement entrain de devenir l’homme providentiel de ce pays, qu’est ce que ne fera pas le malien pour ses intérêts ???, en tout cas ceux qui se réjouissent trop vite et pensent qu’on est sorti d’affaire j’espère juste qu’ils ont raison sinon moi je pense qu’un pays où personne n’a des convictions et les gens se regroupent toujours autour du faiseur de roi une grande désillusion comme tout ce qui s’est passé depuis 10 mois risque de nous attendre dès qu’on devra gérer nous même ce pays.

  2. ecoutez tranquilement et jugez
    http://www.youtube.com/watch?v=j4kRCyEYRj4
    ce monsieur etait un intellectuel amoureux de son peuple et respectieux des autres peuples et plein de dignite humaine,
    cet instituteur , cet artiste, ce sportif de son etat, qui s’ est vu recrute dans l’ armee par ce qu’ il n’y avait autre voie de martyr, pour son peuple pour tous les peuples d’ afrique…

  3. Le malien aime dire des choses vagues présentées souvent sous forme poétique. Mais ils sont rarement capables du concret. Comment peut-on obtenir de la qualité avec des infrastructures les plus mal en point, des enseignants les moins payés. Avec huit mines d’or, le Mali est un exemple d’égoïsme. Je suis capable d’envoyer mes enfants à l’extérieur donc je peux créer des problèmes là ou il n’en faut pas pour arrêter le système et soutenir mes actions par des mensonges.

  4. Merci professeur Messaoud pour ta clairvoyance. Que des hommes comme vous nous conduisent vers une école performante, où le respect pour l’autre même s’il est ton élève s’affiche dès le premier contact avec vous .Les choses sont tellement simples quand les volontés s’y mettent .Tous tes anciens élèves te souhaitent bonne chance, une sante vigoureuse. Que l’éternel t’assiste pendant cette période difficile pour notre peuple

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