L’enfant maudit qui bat sa mère

13 Mai 2013 - 08:46
13 Mai 2013 - 08:46
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Il était 18 heures, vendredi dernier, dans ce quartier situé  en commune I du District de Bamako. Devant sa pièce unique dans une cour commune, la vieille Bassira se tordait encore de douleurs et pleurait. Son fils aîné, Marley, venait de lui administrer une paire de gifles avant de la terrasser devant une foule de curieux. Pourquoi enfanter ? Voici la triste et  douloureuse équation que tente de résoudre la vieille Bassira. Sans peut-être la moindre chance d’y parvenir.      Des injures d’une grossièreté inqualifiable fusaient dans  la cour des Bassira, une vieille ménagère de Sébénicoro. Dans la société malienne, il suffit d’un rien pour que les curieux pointent le nez de tous les côtés. Et au pas de course. Parce que le Malien veut toujours regarder ce qui ne le regarde pas. Histoire de mieux observer pour mieux raconter.     Que s’est-il  passait-il ? En effet, nul n’ignorait que la vieille Sira avait régulièrement des prises de bec avec son enfant chéri, choyé et dorloté dont les frasques étaient connues de tout le quartier. Tout le monde détestait Marley. Seuls ses parents l’admirent et le plus souvent le déifient.     Buveur et drogueur impénitent et invétéré, le jeune Marley est un personnage tristement célèbre. Ici et ailleurs. Marley qui prend le prénom de l’icône du reggaeman  jamaïcain est le seul individu qui, dans ce coin de Bamako, insulte à haute et intelligible voix sa propre mère et lui administre, très souvent,  des coups de bâton. Marley n’a qu’une vie : celle de l’alcool et ses dérivés. Bassira, à dire vrai, est une vieille mère bien malheureuse.     Du haut de ses soixante ans, elle continue de faire face aux multiples occupations domestiques alors que ses amies et autres camarades d’enfance abandonnent tout à leurs belles filles et, par la même occasion profitent des douceurs  de la vie. Bassira, elle, chaque jour que Dieu fait, bat le pavé pour rejoindre le marché. Elle a  eu 4 enfants dont 3 ont déserté la famille pour cause de pauvreté. Seul Marley était resté avec ses parents, partageant avec eux l’unique pièce. Bamadou, son père qui est  au crépuscule de sa vie, avait perdu toute son autorité. Pour ne pas qu’il n’a jamais  été   un homme qui ait incarné la moindre autorité.     Ce jour-là, Bassira était loin d’être tendre avec son rejeton. Elle lui faisait des reproches. Insupportable pour une mère de voir son rejeton de plus de 30 ans cloué au lit du matin au soir. Dormir à poings fermés pendant que ses camarades d’âge  vont   à la recherche de leur pitence.     Effet de jalousie, certes, d’une mère particulièrement sensible, mais aussi soucieuse quant à l’avenir de ses enfants. Non content de la réaction de sa mère Bassira, le jeune homme s’est décidé à lui régler les comptes. Le passage à tabac fut prompt. De la réponse du berger à la bergère, Marley a giflé sa génitrice devant Dieu et les hommes.     Les jeunes du quartier, furieux devant cette attitude digne des péchés capitaux, ont ligoté le jeune homme maudit avant de  lui administrer la meilleure correction qui soit. Coup de théâtre, Bassira s’est  catégoriquement opposée. Pourtant, elle ne fermera pas l’œil de la nuit, tenaillée qu’elle était entre les larmes que fait couler un fils et le regret de l’enfantement. Une équation difficile à résoudre pour la pauvre.    

Moussa Wélé Diallo

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