Abattoir frigorifique de Sabalibougou-Kourani : Bisbilles entre le directeur et un vétérinaire
Dans une dénonciation faite à notre rédaction, un vétérinaire met en cause « des pratiques peu amènes » au sein de l’Abattoir frigorifique de Sabalibougou-Kourani (AFS) et accuse l’administration qui se défend.

L’Abattoir frigorifique de Sabalibougou-Kourani (AFS), situé derrière Missabougou, est le seul aujourd’hui de Bamako placé sous la gestion directe de l’Etat. Après sa construction sur financement de la Banque africaine de développement (Bad), en 1988, il est d’abord passé entre les mains d’un privé malien avant sa reprise par l’Etat suite à l’échec de cette privatisation depuis plus d’une quinzaine d’années.
Quant à son aîné l’Abattoirs frigorifique de Bamako (AFB), situé au quartier Sans-Fil, en Commune II, il est le tout le premier abattoir moderne du Mali. Il a vu le jour en 1965 avant d’être lui aussi privatisé depuis 2002. Il est depuis lors géré par un opérateur économique malien.
L’ASF comme tous les autres abattoirs de Bamako et de l’intérieur du pays sont placés sous l’administration de la Direction nationale de la production et des industries animales (DNAPIA). L’inspection sanitaire des viandes est placée sous le contrôle de la Direction régionale des services vétérinaires du district de Bamako (DRSV-DB).
L’inspection sanitaire des viandes sur laquelle la dénonciation principale est faite demeure la pierre angulaire et le principe fondateur de tout abattoir. Il va sans dire que tout aliment surtout la viande ne vaut que par sa qualité du point de vue sanitaire, hygiénique et autres.
La dénonciation est ainsi libellée : « […] cependant, alors qu’elle se livre consciencieusement à cette noble mission, dans la nuit du 17 mars 2025, elle fut désagréablement surprise de constater avec beaucoup d’amertume que le directeur de l’abattoir en personne, d’une manière unilatérale et incompréhensible s’est permise de restituer aux bouchers, toutes les viandes saisies, reconnues impropres à la consommation pour divers motifs (tuberculose, parasitoses etc.) Quel scandale !
Ceci constitue un acte inadmissible d’une gravité sans limite qui mérite d’être dénoncé avec la dernière rigueur. Il viole de manière flagrante les dispositions de la loi n° 028 du 14 juin 2011 instituant le contrôle sanitaire des produits et denrées alimentaires d’origine animale, la loi n° 2015-036 du 16 juillet 2015 portant protection du consommateur, la loi n° 2024-027 du 13 décembre 2024 portant code pénal malien, en son article 242-40 relatif à l’opposition à l’autorité légitime ».
Harouna Sangaré est l’administrateur provisoire de l’AFS. Précédemment directeur régional de l’Abattoir frigorifique de Sikasso, il a pris fonction en septembre 2024. Selon lui, il a été nommé à la place d’un collègue qui a payé les frais des pratiques malsaines de l’inspecteur vétérinaire en chef. Son prédécesseur alors jugé laxiste a été limogé.
De quoi s’agit-alors ? M. Sangaré pointe du doigt l’inspecteur vétérinaire en chef, Belco Guindo à la tête de 12 agents vétérinaires d’être au centre de toutes les malversations. A l’entendre, Belco Guindo relève de la DRSV-DB et lui de la DNAPIA, il est totalement autonome et indépendant de lui. Mais en tant qu’administrateur provisoire, il n’est saisi qu’en cas de différends avec les bouchers ou partenaires.
« Je suis arrivé ici en septembre 2024. J’ai trouvé qu’il y avait une incompréhension terrible entre Belco et les bouchers aussi bien que les divers partenaires. Chaque fois qu’il saisissait une viande cachexitique (maigre), il la restituait contre une somme de 25 000 F CFA ». Selon l’administrateur provisoire, le vétérinaire concerné a poussé un peu plus loin le bouchon le mois de mars 2025 en saisissant 47 foies de bœuf aux bouchers. « Ce jour-là, j’ai été appelé nuitamment pour m’en informer. Le lendemain, arrivé au service, j’ai procédé personnellement à l’inspection. Sur les 47 foies saisis, seuls 3 étaient impropres à la consommation que j’ai restitués à leurs propriétaires », affirme-t-il.
Aux dires de M. Sangaré, à cause de toutes ces pratiques du vétérinaire, les syndicats de bouchers se sont fait entendre à la DRSV-DB et à la DNAPIA avant d’être reçus en audience par le ministre de l’Elevage et de la Pêche. C’est suite à tout cela et à la décision prise par lui-même selon laquelle il ne peut plus travailler avec le vétérinaire Guindo, que ce dernier a été démis de ses fonctions de l’AFS.
« Depuis que je suis là, je n’ai jamais restitué de viande à part les 3 foies sur les 47 indûment saisis par Belco Guindo », plaide M. Sangaré. Celui-ci dit avoir installé un climat d’entente au sein du service après lui avoir fait remonter sur la pente.
L’ASF d’après son administrateur, trainait plusieurs mois d’arriérés de salaires et d’impayés de factures EDM. En plus, grâce à l’arrivée de nouveaux partenaires, le niveau d’abattage de bovins et de caprins a été considérablement rehaussé atteignant un taux de 200 %.
Abdrahamane Dicko
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