Les lampions viennent de s’éteindre sur la dernière élection présidentielle française. Et Nicolas Sarkozy l’a perdue sans véritable surprise. Le RDR (Rassemblement des républicains, parti d’ADO), qui lui avait apporté un soutien massif durant la campagne, a aujourd’hui la « gueule de bois ». Pour cacher sa honte, il s’acharne à vouloir démontrer que le FPI (Front populaire ivoirien, parti de Gbagbo) et les patriotes ivoiriens jubilent en vain car François Hollande ne fera pas libérer l’ex-Président Gbagbo. En effet, cet argument cache une profonde déception des dignitaires du régime ivoirien.
[caption id="attachment_61807" align="alignleft" width="245" caption="Le président ivoirien Alassane Ouattara, qui dirige actuellement la Cédéao, le 17 avril 2012 à Abidjan © AFP"]

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Les patriotes ivoiriens n’ont jamais dit qu’ils soutenaient aveuglement François Hollande. Ils étaient dans une logique de « tout sauf Sarkozy ». Quelle que soit donc la personnalité politique française qui se serait retrouvée face à Sarkozy au second tour, elle aurait bénéficié du soutien des Ivoiriens qui n’attendaient que de faire tomber le « tueur d’Africains » (Sarkozy). Cet objectif est atteint et la lutte continue pour le retour de la démocratie en Côte d’Ivoire. François Hollande ne bénéficiera d’aucun répit en ce qui concerne la crise ivoirienne : il le sait et les Ivoiriens le savent. Par contre, le RDR a clairement démontré qu’il tenait à une victoire de Sarkozy. Les officiels du régime se sont succédé en Hexagone pour battre campagne pour leur candidat. Karamoko Yayoro, député et président de la jeunesse du RDR, a d’ailleurs lié la survie de leur régime à une hypothétique victoire de Sarkozy. A défaut de la Côté d’Ivoire, la Première Dame ivoirienne, Mme Dominique Ouattara, n’a pas hésité à se rendre dans un bureau de vote au Boulevard « Victor Hugo », dans le 16è Arrondissement de Paris, pour accomplir son devoir de citoyenne française, cela, en violation flagrante de toute règle diplomatique et d’éthique politique et morale. Le couple Ouattara détient un appartement au 140 dudit Boulevard.
Sur ce point, le nom de la Côte d’Ivoire a une fois encore été engagé dans cette aventure ambiguë car s’il n’y a rien d’illégal dans le fait qu’une citoyenne française vote, on pense que la carrure que lui confère le statut de Première Dame devrait lui faire comprendre l’obligation de réserve nécessaire en pareille situation. Comment les Ivoiriens pourraient-ils alors se reconnaître dans leur Première Dame qui leur démontre clairement qu’elle est française, donc pas des leurs? Le comportement de Mme Dominique Ouattara est donc une bourde à la fois politique et diplomatique.
Comme aveuglé par la défaite de son mentor (Sarkozy), son époux n’a pas hésité lui aussi à lui rendre visite moins de 24 h après la proclamation des résultats des élections pour le consoler en foulant encore aux pieds toutes les règles de protocole et de bienséance politiques. Alors on ne réussira pas à convaincre que c’est une démarche privée car la Presse française, notamment la télévision et le Figaro, en ont déjà rendu compte. Que gagne la Côte d’Ivoire à être aux côtés d’un looser (Sarkozy) ? Si Ouattara s’était précipité pour rendre visite à François Hollande, on aurait compris qu’il tisse des relations pour l’avenir de la Côte d’Ivoire. Mais non, Dramane décide d’emmener la Côte d’Ivoire avec lui pour essuyer les larmes de son ami (Sarkozy) qui a été rejeté par le peuple français. Cet acte est bel et bien un acte de défiance à l’endroit de la nouvelle autorité française désormais incarnée par Hollande à qui il lui appartient donc d’en tirer les conclusions qui s’imposent. Heureusement que la digne Côte d’Ivoire a fait flotter le drapeau ivoirien à la Bastille. On a coutume de dire que les pays n’ont pas d’amis et qu’ils n’ont que des intérêts. Sarkozy et Ouattara ont fait mentir cette maxime en démontrant aisément que c’est bien leur amitié qui a dirigé les différentes décisions prises dans le cadre de la crise ivoirienne. Le bombardement de la Côte d’Ivoire avait juste pour but d’installer au pouvoir, non pas un vainqueur d’élection, mais un ami qui venait d’être battu à plate couture, malgré les bourrages d’urnes. C’est cela la vérité, et elle mérite d’être prise en compte par les nouveaux dirigeants français.
Jean Pierre James