Le terrorisme au Sahel : Une stratégie d’extermination silencieuse de la jeunesse africaine

Dans l’analyse géopolitique contemporaine, le terrorisme qui ravage le Sahel ne peut être vu uniquement comme une dynamique de déstabilisation ou de lutte idéologique.

26 Juin 2025 - 02:07
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Le terrorisme au Sahel :  Une stratégie d’extermination silencieuse de la jeunesse africaine
Rokiatou Diakité Rose Coach et Conseillère conjugale

Il s'agit d’un instrument de guerre indirecte visant un objectif plus sournois : affaiblir l’Afrique à la racine en éliminant massivement sa jeunesse. Et cela d’autant plus que l’on dit, «là où il n’y a plus d’héritiers, il n’y a plus de peuple» !

La prolongation de cette guerre asymétrique et insidieuse est en réalité une stratégie d’extermination lente des forces vives du continent. L’Afrique est le continent le plus jeune du monde ! En effet, plus de 60 % de sa population continentale a moins de 25 ans. Dans une logique de souveraineté, de développement durable et de transformation sociale, cette jeunesse représente une richesse stratégique, à la fois en termes de démographie, de main-d’œuvre, d’innovation et surtout de potentiel politique et économique. Mais, elle est aussi perçue comme une menace par les puissances extérieures qui redoutent l’émergence d’une Afrique indépendante, forte et unifiée.

Les conflits au Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger, Nigeria, Tchad et aujourd’hui le Bénin et le Togo) ont fait des dizaines de milliers de morts, avec une immense majorité constituée de jeunes hommes en âge de travailler, de défendre, de construire pour s’épanouir et bâtir leur pays. Que ce soit dans les rangs des Forces armées nationales (FAMa et autres) ou chez les groupes armés, les morts se comptent chaque jour par dizaines, voire par centaines, laissant derrière eux des communautés brisées, des économies rurales asphyxiées et des nations privées de leur avenir. Aujourd’hui, le Sahara et la Méditerranée ne sont plus les seuls cimetières de nos bras valides. Le Sahel, ces dernières années, a été transformé en cimetière des jeunes Africains par des obscurantistes, des mercenaires habillés en djihadistes.  Mais, nous savons tous que cette guerre n’est pas d’essence religieuse, sinon combien de régions dans le monde sont plus «islamisées» que le Sahel, voire la bande sahélo-saharienne ?

 Une guerre d’expropriation néocolonialiste par élimination

Derrière les apparences religieuses ou tribales, se cache en réalité une logique impérialiste crue : «Si tu veux hériter de ce qui ne t’appartient pas, il te faut éliminer les héritiers légitimes» ! Cette formule résume l’enjeu du terrorisme au Sahel. Pour les prédateurs économiques et géopolitiques, affaiblir l’Afrique passe par la suppression de ses héritiers naturels : sa jeunesse, sa force, sa relève ! Ainsi, les attaques contre les écoles, les enrôlements forcés d’enfants soldats, les déplacements massifs de population, le ciblage des leaders communautaires et des jeunes engagés... visent indiscutablement à décapiter l’avenir de l’Afrique, en brisant les relais de continuité générationnelle.

Le contrôle des ressources (or, uranium, pétrole, terres rares, etc.), des corridors stratégiques et des zones d’influence est au cœur du jeu. Mais, plus encore, c’est la souveraineté de l’Afrique qui dérange. En entretenant constamment des foyers de tension, les impérialistes empêchent les États sahéliens d’investir dans l’éducation, la santé, l’économie et forcent les gouvernements à consacrer la majorité de leurs maigres budgets à la sécurité, à la stabilité. C’est un piège de guerre perpétuelle, un cercle vicieux soigneusement entretenu.

Face à cette stratégie d’effacement, la jeunesse africaine doit prendre conscience de sa propre centralité et de sa valeur stratégique. Il ne suffit plus de subir, mais de prendre conscience pour s’organiser, se défendre, prendre son destin en main. La résistance ne doit pas être seulement militaire. Elle doit être aussi politique, idéologique et culturelle. En effet, ce n’est pas uniquement la sécurité qui est en jeu, mais aussi et surtout la survie de l’Afrique comme héritière de son propre destin.

Au finish, nous devons tous prendre conscience que nos pays ne livrent pas une guerre contre le terrorisme seulement. Nous nous battons plutôt contre un plan impérialiste, néocolonialiste, machiavélique visant à affaiblir davantage nos États en compromettant son avenir par l’anéantissement de la jeunesse. Le Sahel est le front de cette guerre moderne ; une région où le silence des puissances et les complicités géostratégiques permettent le massacre quotidien de notre jeunesse. L’heure est donc à la vigilance, à l’éveil des consciences et à l’union de tous les peuples africains autour de leur jeunesse… Ayons toujours à l’esprit que là où il n’y a plus d’héritiers, il n’y a plus de peuple !

Rokiatou Diakité Rose

Coach et  Conseillère conjugale

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