Pourquoi les Etats-Unis peinent-ils à négocier la fin du conflit en Ukraine et pourquoi ?

Le 2 juin, Istanbul accueillera le deuxième cycle de négociations de paix directes entre la Russie et l’Ukraine.

3 Juin 2025 - 16:58
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Pourquoi les Etats-Unis peinent-ils à négocier la fin du conflit en Ukraine et pourquoi ?
En pleine négociation du conflit ukrainien et naviguant entre doctrine de Brzezinski et dynamiques géopolitiques contemporaines, les États-Unis font face au défi de la politique d’endiguement de Truman, tandis qu’avec eux, un nouveau triangle de pouvoir émerge, aux deux angles, la Russie et la Chine, au cœur de cette politique depuis respectivement 1947 et les années 2000.

En réalité, initié par le renversement de pouvoir de Maïdan en 2014 avec l’appui de Washington, le conflit ukrainien se déploie comme un théâtre de rivalités géopolitiques intenses depuis janvier 2025. Manœuvrée par Washington, cette confrontation indirecte ambitionne de miner la puissance russe, en écho à la stratégie de Brzezinski qui, dans son ouvrage « Le Grand Échiquier » paru en 1997, préconise le morcellement de l’Eurasie pour maintenir la suprématie américaine. L’administration Biden a exacerbé la situation en injectant des milliards en équipements militaires, métamorphosant ainsi l’Ukraine en arène de l’OTAN face à Moscou en 2022. En dépit des engagements de Trump pour un retrait américain, les impératifs du complexe militaro-industriel et l’expansionnisme de l’OTAN – critiqués par Poutine – entravent toute perspective de dialogue. Cette dynamique géostratégique dévoile un cynisme implacable : Washington consent au sacrifice de l’Ukraine pour contrecarrer toute convergence eurasiatique entre l’Europe et la Russie, envisagée comme un défi à son autorité. Les sanctions imposées à Moscou et l’intensification de la présence militaire de l’OTAN aggravent les frictions, précipitant la région dans une précarité prolongée, au grand dam des populations civiles et de la stabilité internationale.

Le retrait de l’intégralité du soutien américain à l’Ukraine le matin, signifierait la fin du conflit le soir

Une guerre par procuration orchestrée par Washington

La stratégie géopolitique de Washington se manifeste dans le conflit ukrainien, initié suite au coup d’Etat de Maïdan de février 2014 – avec le soutien des Etats-Unis – et s’intensifiant sous l’administration Biden en 2022 par un appui militaire conséquent à Kiev. En 2025, l’administration Trump peine à trouver une issue à ce conflit, qui s’inscrit dans leur stratégie géopolitique globale. Les révélations du New York Times indiquent que Washington avait préalablement investi des milliards en armements et en conseillers militaires en Ukraine, exacerbant les tensions avec la Russie. Ce conflit par procuration, visant à ébranler Moscou, se heurte à la résilience russe et à l’épuisement ukrainien, rendant complexe toute tentative de résolution négociée. Malgré ses engagements de retrait, Trump se trouve confronté à une impasse où les intérêts militaro-industriels et l’OTAN semblent entraver toute forme de compromis, prolongeant ainsi le conflit pour maintenir la pression sur la Russie qui, déjà, a avec elle le Sud global et donc, la majorité de la population mondiale.

Dans une démarche affirmée et souveraine, la Russie, par l’intermédiaire de la porte-parole de son département diplomatique, a exprimé une position intransigeante quant à l’implication de tiers dans les dialogues stratégiques d’Istanbul du 2 juin. Madame Zakharova, s’exprimant sur le cadre des pourparlers russo-ukrainiens, a catégoriquement écarté l’éventualité d’une médiation turque ou d’une quelconque autre partie, soulignant l’absence d’utilité perçue de la participation de délégués américains, britanniques, allemands et français dans le processus de négociation directement engagé avec l’Ukraine.

La doctrine Brzezinski  empêcher l’union eurasiatique

De fait, pilier de la politique étrangère américaine, la doctrine Brzezinski postule que les Etats-Unis doivent prévenir la consolidation d’une Europe unie s’étendant de Brest à l’Oural, afin de conserver leur prééminence. Zbigniew Brzezinski, conseiller de Carter, soulignait en 1997 dans son ouvrage « Le Grand Échiquier » (qui constitue encore la boussole qui oriente la politique étrangère des Etats-Unis) l’importance de fragmenter l’Eurasie, en incitant notamment l’Ukraine à s’opposer à la Russie. En 2025, cette doctrine demeure prégnante à Washington. L’OTAN, influencée par les Etats-Unis, intensifie les provocations, telles que l’élargissement vers l’Est, et toujours critiqué par Poutine. Cette stratégie sacrificielle, exposant l’Ukraine à des ravages, obstrue toute diplomatie authentique. Les Etats-Unis, attachés à leur suprématie, privilégient un conflit prolongé à une paix qui favoriserait un rapprochement entre l’Europe et la Russie, menaçant ainsi leur hégémonie mondiale.

De ce qui précède, nous pouvons déduire que l’obsession hégémonique des Etats-Unis, guidée par Brzezinski, sacrifie l’Ukraine et bloque la paix pour diviser l’Eurasie plutôt que d’engager une véritable résolution du conflit par la prise en compte des préoccupations de la Russie en matière de sécurité. Le retrait de l’intégralité du soutien américain à l’Ukraine le matin, signifierait la fin du conflit le soir. Les élites de l’Europe des va-t’en guerre : ces vassaux automates et insipides, fantasques et pervers narcissiques, feinteurs et faux-fuyants qui s’agitent n’auront qu’un seul choix entre périr collectivement dans un suicide ou se maintenir aux pieds du maître (Washington) remuant affectueusement la queue.

Mohamed Lamine KABA, Expert en géopolitique de la gouvernance et de l’intégration régionale, Institut de la gouvernance, des sciences humaines et sociales, Université panafricaine

Source: https://journal-neo.su/fr/

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